Arrêtons-nous un instant sur ce mot insolite « Femme » avec lequel Jésus répond à sa
mère, même si ce mot sur les lèvres de Jésus n’implique aucune nuance d’irrespect.
Par cette parole « Femme, que me veux-tu (qu’y a-t-il entre toi et moi) ?», l’intention de
Jésus n’est certainement pas d’éconduire sa mère. La preuve en est que loin d’interpréter cette
parole comme un refus Marie l’entend comme un assentiment, voilé d’un grand enseignement
pour tous les disciples. D’où la parole empressée de Marie aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il
vous dira ! »
Le sens de cette appellation « Femme » a beaucoup intrigué les exégètes. Dans la ligne
irénéenne de Marie comme Nouvelle Eve, on peut entendre sous ce vocable « Femme » appliqué
à Marie par son Fils le sens de « en puissance de maternité ». Comme si Jésus laissait sousentendre
que Marie allait le concevoir une nouvelle fois. Marie qui a donné au monde le Verbe
de Dieu dans la chair, donne Jésus au monde, pour le monde, comme Messie, comme
évangélisateur. Une troisième sublime maternité mystique aura lieu lors de l’enfantement à la
Croix, et fera de Jésus, le Rédempteur du monde. Là aussi Marie sera appelée par son fils en
croix « Femme » pour la donner aussi comme « mère » au disciple qu’il aimait et à travers lui à
tous les croyants.
Comme Marie fut unie à Jésus dans la chair, unie à lui dans la douleur à la croix, Jésus
avec sa chair, Marie avec son esprit, Marie est unie à Jésus à Cana dans la Puissance qui se
manifeste au monde.
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