LA FAMILLE ROYALE DE L’ISLAM

Forum Chrétien / Musulman / Judaisme (charte du forum religion)
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Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
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caius

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Ecrit le 27 nov.07, 02:22

Message par caius »

LES DEUX ABU : LE FEU COUVE

Tournons maintenant notre attention vers la réaction d’Abu Sufyan quand il apprend la nomination d’Abu Bakr.

Tabari, Livre des prophètes et des rois
Abu Sufyan a dit à Ali : “Comment se fait-il que le plus insignifiant des Quraych et le plus bas d'entre eux détienne l'autorité ? Par Allâh si tu voulais, je submergerais Abû Bakr de chevaux et d'hommes.” Ali a répondu : “O Abu Sufyan, pendant longtemps tu as fait la guerre à l'Islam et aux musulmans mais tu n’as pas été capable de faire du mal. Nous trouvons Abu Bakr digne de son autorité.” (page 198).


Tandis les gens s’étaient sont rassemblés pour faire le serment d’allégence à Abu Bakr, Abu Sufyan est venu en même temps, disant : “Par Dieu, Je vois un nuage de fumée (poussière) que rien excepté du sang ne nettoiera. O famille de Abd Manaf, où est Abu Bakr pour qu’il soit le maître de vos affaires ! Où sont Ali et al-Abbas, les deux faibles et humbles ? ” Il a [alors] dit à Ali, “O Abu Hasan, étend ta main que je puisse te faire le serment d’allégeance” mais Ali a refusé, aussi il a commencé à citer très à propos les vers proverbiaux d’al-Mutalammis :

“un âne domestiqué connaît le déshonneur,
mais un homme libre et un chameau bien-bâti, aux articulations douces, le détestent.
Personne ne supporte un sort injuste qui lui est fait,
excepté deux choses méprisables : un âne domestiqué et un piquet de bois (d’une tente).
Le premier est maintenu dans son état d’ignominie par un bout de corde usé,
tandis que l’on tape sur la tête de l’autre
Et personne ne pleure (sur leur sort) .”


Ali l’a repoussé, disant : “Par Dieu, tu ne veux rien d’autre que [provoquer] la dissension. Pendant longtemps tu n’as voulu que du mal pour l’Islam. Nous n’avons pas besoin de tes conseils.” (Page 199).



Abu Safyan ne se gêne donc pas pour proclamer haut et fort tout le mal qu’il pense de la nomination d’Abu Bakr. Son attitude va pourtant changer :

Lorsque Abu Bakr fut informé du propos d'Abu Sofyân et de son refus de prêter serment, il fit immédiatement appeler le fils aîné d'Abu Sofyân, Yezîd, et lui conféra le gouvernement de la Syrie et des contrées voisines qui étaient sous la loi de l'islam. Apprenant cette nomination de son fils, d'Abu Sofyân vint le soir même et prêta serment.

Quand Abu Bakr a succédé [au Prophète], Abu Sufyan a dit, “Qu’est-ce qu’Abu Fasil a à voir avec nous ? En vérité l’autorité appartient aux Banu Abd Manaf.” [Quand son fils Yazid est devenu gouverneur] on lui a dit : “Ton fils a éte investi de l’autorité” et il a répondu “Il (Abu Bakr) a resserré son lien de parenté en se comportant avec bonté.” (1) (page 199)


(1) : Abu Sufyan aurait fait la même remarque quand, quelques années plus tard, à la mort de Yazid,Omar nomma son frère Muawiyah gouverneur de la Syrie.



EN RÉSUMÉ

Mahomet vient juste de mourir sans avoir pu formellement désigner un successeur. Alors que l’on prépare son corps en vue des obsèques, Omar et Abu Bakr apprennent qu’une partie des Ansars (musulmans de Médine) se réunit en vue de désigner un chef et ils se précipitent à la réunion. Il y a un profond désaccord quant à celui qui deviendra le nouveau chef. Les Muhajirs (émigrés) considèrent que le successeur ne peut être désigné que parmi eux en raison de leur antériorité dans l'Islam, de leur parenté avec le Prophète et de leur émigration à ses côtés. Les Ansars font valoir qu'ils ont autant de droit qu’eux vu qu'ils ont accueilli Mahomet lorsqu'il a fui La Mecque, qu'en fin de compte c’est grace à leur aide qu’il a finalement pu triompher et qu’ils craignent des représailles de la part des Mecquois dont ils ont tué les parents si ce n’est pas un Ansar qui devient calife. Omar les convainc que le successeur doit être désigné parmis les émigrés. Plusieurs noms sont avancés dont celui d’Ali. La discussion s’envenime et menace de dégénérer en bataille rangée quand Omar joue d’audace et fait publiquement allégeance à Abu bakr. Pari gagné ! Interloqués, les autres musulmans présents suivent le mouvement.Omar à-t-il voulu délibérément évincer Ali ? On peut le penser. Quoi qu’il en soit, Ali est ensuite mis devant le fait accompli et sommé de prêter allégeance à son tour. Une torche à la main, Omar menace même les récalcitrants, lesquels commençaient à se regrouper chez d’Ali et de Fatima, de brûler la maison avec ses habitants si ces derniers refusent de sortir pour faire acte d’allégeance à Abou Bakr. L’effusion de sang est évitée in extremis alorsque Zubayr a déjà sorti son épée de son fourreau (pour s’en servir contre Omar ?).

Quant à Abu Sufyan, profondément indigné qu'un homme issu d'un clan si modeste ait maintenant le pas sur lui et ceux de son clan, il propose à Ali de recourir à la force pour obliger Abu Bakr à renoncer au califat. Ali désire profondément le Califat mais il n’a aucune confiance en Abu Safyan et prèfère avaler la couleuvre.

Sufyan prédit que ces outrages seront un jour lavés dans un bain de sang.

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 02:25

Message par caius »

DISCUSSION

Rappelons-nous encore la sourate 8:63. Le moins que l’on puisse dire est que les cœurs ne sont pas vraiment unis ! Mais peut-être ce verset était-il limité dans le temps ou peut-être même a-t-il été abrogé ? En tout cas une chose est certaine : à la mort de Mahomet, la communauté musulmane n’était pas du tout unie, au contraire ils étaient déjà prêts à se sauter à la gorge !


Examinons certaines des émotions à l’œuvre :

1) ORGUEIL ET ARROGANCE

Dans le fond de son cœur, Sufyan est ulcéré que le Calife soit issu d’un clan moins prestigieux que le sien. Sufyan n’a que mépris pour Abu Bakr : ce n’est qu’un parvenu et pourtant, lui, Sufyan va être obligé d’accepter les ordres de ce moins que rien.

Sufyan a très bien compris que le putsch d’Omar et d’Abu Bakr finira un jour par causer un bain de sang. Sa religion est maintenant faite sur Ali. Contrairement à ce dernier, Sufyan est un politicien habile. Il saura renforcer la position de sa famille et ouvrira à ses fils la voie du pouvoir.


2) REBELLION

Omar doit menacer Ali de mort pour qu’il fasse allégeance à Abu Bakr. Dans le fond de son cœur, Ali hait Abu Bakr – le meilleur ami de Mahomet, et considère que le califat lui revient de droit, mais pour l’instant il est obligé de s’accommoder de la situation.

De plus, aussitôt que Mahomet a passé l’arme à gauche, la communauté des musulmans se déchire. Sans la rapidité d’action d’Abu Babr et Omar la guerre civile aurait éclaté parmi les musulmans (ceux qu’Allah a unis). Quelqu'un peut-il recommander une bonne marque de colle à Allah ?

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 02:28

Message par caius »

COMMENTAIRES ET QUESTIONS

Nous assistons au prologue d’une tragédie digne de Shakespeare. Haine, jalousie, rancune, soupçon, méfiance, ambition et amertume sont profondément enracinées chez les chefs musulmans et certains prédisent déjà la guerre civile. La soif de richesses et de pouvoir allait effectivement avoir des conséquences tragiques pour la communauté islamique.

Ces évènements plus l’affaire de l’héritage… Faut-il s’étonner que Fatima n’ait survécu que six mois à son père ? Il semble bien, d’après les récits que firent Ali et ses fils qu’elle sombra dans la dépression nerveuse et ne s’en remit pas.

Ces meilleurs des musulmans n’auraient-ils pas dû être pleins d‘amour fraternel ? Pourquoi Abu Bakr et Omar n'ont-t-ils pas conseillé de différer l'élection ou la désignation du calife jusqu’à l'enterrement de Mahomet ? Pourquoi Abu Bakr, s’il ne voulait que protéger l’intérêt général, s'est-il satisfait d’une désignation obtenue dans des conditions pour le moins malhonnêtes puisque c'est en catimini, et en dehors de la présence des principaux muhajirs et surtout d’Ali qu'il a été "élu?” S’il n’avait vraiment voulu qu’éviter la discorde, Abu Bakr n’aurait-il pas pu abdiquer une fois les esprits calmés ? Pourquoi Zubayr menaça-t-il de tuer tout musulman qui ne reconnaîtrait pas Ali Calife ? Pourquoi Ali a-t-il attendu six mois pour se soumettre à un homme qui était soi-disant si apprécié par Mahomet ? Omar n’aurait-il pas pu se conduire plus respectueusement envers la famille du prophète ? Dans le monde entier, des groupes d’humains très divers sont capables de choisir leurs dirigeants dans la sérénité. Comment se fait-il que des systèmes laïques ou non islamiques s’en soient bien mieux tirés que les meilleurs musulmans de tous les temps ? Pourquoi le mode islamique de désignation du dirigeant fait-il si piètre figure en comparaison des démocraties laïques alors que les musulmans affirment qu’il n’y a pas de meilleur système de gouvernement au monde et prônent le retour à l’imitation des pieux ancêtres (al-salaf al-salih) pour résoudre tous leurs problèmes ! Au vu du comportement desdits pieux ancêtres, ils se préparent des lendemains qui déchantent…

Abdel_du_Un

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Ecrit le 27 nov.07, 03:39

Message par Abdel_du_Un »

caius a écrit :COMMENTAIRES ET QUESTIONS

Nous assistons au prologue d’une tragédie digne de Shakespeare. Haine, jalousie, rancune, soupçon, méfiance, ambition et amertume sont profondément enracinées chez les chefs musulmans et certains prédisent déjà la guerre civile. La soif de richesses et de pouvoir allait effectivement avoir des conséquences tragiques pour la communauté islamique.

Ces évènements plus l’affaire de l’héritage… Faut-il s’étonner que Fatima n’ait survécu que six mois à son père ? Il semble bien, d’après les récits que firent Ali et ses fils qu’elle sombra dans la dépression nerveuse et ne s’en remit pas.

Ces meilleurs des musulmans n’auraient-ils pas dû être pleins d‘amour fraternel ?



encore une fois ils ne s'agit pas des meilleurs des musulmans, mais seulement des plus dignes de mérites du vivant du prophète Sept jours avant de mourir, le Prophète (saws) alla visiter les Chahids de la bataille de Ohod. En revenant, il eut les larmes aux yeux. Ses compagnons lui demandèrent : « Qu'est-ce qui te fait pleurer Ô Messager d'Allah ? » alors il répondit : « Mes frères me manquent… ». Etonnés, les compagnons lui demandèrent : « Ne sommes-nous pas tes frères, Ô Messager d'Allah ? » Alors il dit : « Non, vous, vous êtes mes compagnons. Quant à mes frères, ce sont les peuples qui viendront après moi et qui croiront en moi. »


Pourquoi Abu Bakr et Omar n'ont-t-ils pas conseillé de différer l'élection ou la désignation du calife jusqu’à l'enterrement de Mahomet ?


rien ne vous permet de dire qu'il n'ont pas donné ce genre de conseil

à supposer que ce que vous dites est vrai (car il s'agit d'une pure hypothèse, n'est-ce pas?)
vous pouvez trouver la réponse vous-même:

comme vous l'avez bien décrit, les ansars avaient déjà commencer à chercher un successeur au Prophète dans leur propre clan:
Pouvez-t-ils les arrêter?
en effet il n'est pas licite de rester pour des musulmans sans chef (même" trois personnes isolé dans le désert de ne pas désigner l'un d'eux comme chef")
je dirais que les ansars aurait dû patienter et demander l'avis d'Aboubaker:
Ce faisant le dénouement aurait été évident: Abou baker aurait finalement été désigné comme chef par l'ensemble des chefs de clans (puisque le prophète insista , la vieille de sa mort pour que ce dernier préside la prière: à l'évidence c'était une désignation implicite:refusé par les Ansars de Facto)



Pourquoi Abu Bakr, s’il ne voulait que protéger l’intérêt général, s'est-il satisfait d’une désignation obtenue dans des conditions pour le moins malhonnêtes puisque c'est en catimini, et en dehors de la présence des principaux muhajirs et surtout d’Ali qu'il a été "élu?”

à cause du principe qu'il n'a pas demandé ce pouvoir mais qu'on le lui servi:

"celui qui est établit chef est saigné sans couteau"
"si tu obtiens le pouvoir alors que tu le demande, tu en dépendra tandis que si on te le donne sans que tu l'es demandé Dieu te soutiendra"
ou comme a dit le prophète*



S’il n’avait vraiment voulu qu’éviter la discorde, Abu Bakr n’aurait-il pas pu abdiquer une fois les esprits calmés ?

Non, de même qu'il présida la prière sans qu'il l'est voulu mais par amour du prophète!


Pourquoi Zubayr menaça-t-il de tuer tout musulman qui ne reconnaîtrait pas Ali Calife ?

il croyait faire ce qui était bien : honorer en particulier le prophète, par sa famille

Pourquoi Ali a-t-il attendu six mois pour se soumettre à un homme qui était soi-disant si apprécié par Mahomet ?

car il ne lui pas expliqué de quel droit on n'hériote pas du prophète, il voulait une explication (celle que je vous ai donné par exemple)

Omar n’aurait-il pas pu se conduire plus respectueusement envers la famille du prophète ?

Pas selon sa pensée: car précisément au nom du respect, et de proche en proche il craignait qu'Ali obtienne ce qu'il croyait devoir lui appartenir de droit

Dans le monde entier, des groupes d’humains très divers sont capables de choisir leurs dirigeants dans la sérénité. Comment se fait-il que des systèmes laïques ou non islamiques s’en soient bien mieux tirés que les meilleurs musulmans de tous les temps ?

pour cette expression: voir les explications données rester sans réponse

les systèmes laïques profitent de leur avance technologiques qu'ils doivent aux musulmans d'ailleurs, de plus ce sont ces même systèmes qui manipulent les pays musulmans et maintiennent à leur tête des valets attachés à leur botte, pour les corrompre , les tromper, les voler

Pourquoi le mode islamique de désignation du dirigeant fait-il si piètre figure en comparaison des démocraties laïques alors que les musulmans affirment qu’il n’y a pas de meilleur système de gouvernement au monde et prônent le retour à l’imitation des pieux ancêtres (al-salaf al-salih) pour résoudre tous leurs problèmes ! Au vu du comportement desdits pieux ancêtres, ils se préparent des lendemains qui déchantent…
le meilleur système est démocratique, mais à l'époque des pieux prédécesseur il n'y avait pas les urnes, ni les moyens de se déplacer:
Par ailleurs dans les sovciétés laïques le problème s'est simplement déplacé:ce que les hommes de pouvoirs n'obtiennnent pas par la force ils l'obtiennent par laes manipulations de masse

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 04:41

Message par caius »

Abdel_du_Un a écrit : le meilleur système est démocratique, mais à l'époque des pieux prédécesseur il n'y avait pas les urnes, ni les moyens de se déplacer:
Par ailleurs dans les sovciétés laïques le problème s'est simplement déplacé:ce que les hommes de pouvoirs n'obtiennnent pas par la force ils l'obtiennent par laes manipulations de masse
Nous allons voir que la manipulation n'était pas étrangère aux compagnons.

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 04:50

Message par caius »

TROISIEME PARTIE — DU SANG SUR LE CORAN !
OTHMAN ET LA FAMILLE ROYALE



Sahih Bukhari 5.47
Rapporté par Ibn 'Umar:
Du vivant du Prophète, nous considérions Abu Bakr sans pareil puis ensuite Omar et ensuite Othman (le suivaient) et ensuite nous ne faisions pas de différence entre les compagnons du Prophète.


Sahih Bukhari 5.50
Rapporté par 'Amr bin Maimun:
... J’ai vu 'Umar bin Al-Khattab quelques jours avant qu’il ne soit tué à Médine. ... A peine quatre jours s’étaient écoulés quand il fut frappé (à mort). Le jour où il fut frappé, j’étais debout et il n’y avait personne entre lui (Omar) et moi excepté Abdullah bin 'Abbas.

... Le peuple a dit (à Omar), "O commandeur des croyants ! Désigne un successeur." Omar a dit : "Je ne vois personne qui en soit plus digne que ce groupe dont l’Apôtre d’Allah était satisfait avant de mourir." Alors 'Omar a cité Ali, Othman, Az Zubair, Talha, Sad et 'Abdur-Rahman (bin Auf) et il a dit : "Abdullah bin 'Umar sera votre arbitre mais il ne participera pas au vote.

... Quand il fut mis en terre, le groupe (recommandé par Omar) s’est réuni. Abdur-Rahman a alors dit : " Réduisez le nombre de candidats au pouvoir à trois d’entre vous." Az-Zubair a dit : "je renonce à mon droit en faveur d’Ali." Talha a dit : " je renonce à mon droit en faveur d’Othman," Sad a dit : "je renonce à mon droit en faveur d’Abdur-Rahman bin 'Auf." 'Abdur-Rahman a alors dit (à Othman et Ali), "Et maintenant lequel d’entre vous renonce à son droit à la candidature et choisit le meilleur des deux (qui restent) sachant qu’Allah et l’Islam seront ses témoins." Les deux scheiks (Othman et Ali) restèrent silencieux. 'Abdur-Rahman a dit : "Confiez-moi cette affaire et je prends Allah pour témoin que je ne choisirai que le meilleur !" Ils ont dit "Oui."



Omar avait donc désigné un collège de six illustres compagnons qui devraient choisir entre eux son successeur.Comme quoi tous les musulmans étaient égaux mais certains plus que d’autres…
Ce collège se réunit : trois des membres se désistent immédiatement : restent donc en lice Abdur-Rahman Ibn Awf, Othmân et Ali. Habilement 'Abdul Rahmân Ibn 'Awf annonce immédiatement qu’il n’est pas candidat et que, puisque Ali et Othman ne peuvent se mettre d’accord, il se propose comme arbitre « neutre » qui tranchera entre-eux.

Sahih Bukhari n°7207
…Il se mit à consulter pendant trois jours les compagnons présents à Médine. La troisième nuit, il réveille al-Miswar ibn Makhrama, l'envoie appeler az-Zubayr et Sa'd, avec qui il s'entretient. Puis il envoie al-Miswar quérir 'Alî, avec qui il s'entretient longuement, puis 'Othmân avec qui il s'entretient longuement aussi.

Sahih Bukhari n°3700
…Il dit notamment à chacun de ces deux personnages : "Fais serment par Allâh que si tu es nommé dirigeant, tu seras juste et que si l'autre est nommé, tu obéiras".


Voici comment les choses se passèrent ensuite :

Les chefs de toutes les tribus, où la nouvelle de la mort d’Omar était parvenue, étaient arrivés à Médine pour voir qui serait nommé calife. Abd-er-Ra’hmân alla les trouver, chacun en particulier, et leur dit : « les débats s’étant prolongés, j’ai retiré ma candidature et j’ai amené Sa’d et Zobaïr à faire de même. La question est maintenant entre Ali et Othmân. Lequel des deux voulez-vous ? »

La plupart se déclarèrent pour Othmân. Abd-er-Ra’hmân lui-même penchait pour ce dernier. Parmi les chefs qu’Abd-er-Ra’hman avait interrogés étaient Abou-Sofyân et Amrou, fils d’Al-‘Aç. Pendant la nuit, Abou-Sofyân se rendit auprès d’Amrou et lui dit : « Abd-er-Ra’hmân est venu me trouver et m’a demandé qui je voulais pour calife. J’ai répondu que je voulais Othmân ». Amrou dit : « Il est venu aussi chez moi, et moi aussi je me suis prononcé pour Othmân ».. Abou-Sofyân reprit : « que faire alors ? Othmân est un homme doux, et je crains qu’il ne perde l’affaire, et qu’Ali ne l’emporte sur lui par sa détermination ». Amrou répliqua : « Ne t’inquiète pas de cela ; je verrai, cette nuit, l’un et l’autre, et je ferai en sorte qu’Othmân soit nommé. »

Il se rendit donc auprès d’Ali et lui parla ainsi : « Tu connais mon ancienne amitié et mon affection pour toi. Toi et Othmân, vous êtes maintenant seuls en présence. Les chefs qu’Abd-er-Ra’hmân a vus cette nuit se sont déclarés soit pour toi, soit pour Othmân. Maintenant, si tu veux suivre le conseil que je vais te donner, tu l’emporteras ».
Ali dit : « Je ferai ce que tu me conseilleras ». Amrou reprit : « Abd-er-Ra’hmân est un homme d’une parfaite probité. Demain, il t’appellera et te demandera si tu acceptes le pouvoir en promettant de suivre la loi de Dieu et de son Prophète et la voie des deux califes antérieurs. Si tu réponds affirmativement et qu’il te voie avide de saisir le pouvoir, il ne voudra pas de toi. Ne fais pas une réponse catégorique. Dis que tu feras tous tes efforts pour les exécuter ». – « Que Dieu te récompense ! s’écria ‘Ali. C’est ainsi que je dirai ! » Amrou se rendit ensuite chez Othmân et lui dit : « si tu veux suivre mon conseil, tu seras nommé demain ; sinon, Ali triomphera de toi ». – « Je suivrai ton conseil, répondit ‘Othmân, parle ». Amrou dit : « Abd-er-Ra’hmân est un homme droit et sans dissimulation. Lorsque, demain, il t’exposera [les devoirs du souverain], n’hésite pas à accepter les conditions qu’il te posera ».

Le lendemain, Abd-er-Ra’hmân fit appeler Zobaïr et Sa’d et leur dit : « Cette affaire traîne en longueur. Ali et ‘Othmân restent en présence. Il faut que vous renonciez en faveur d’une seule personne. Zobaïr dit : « Je renonce en faveur d’Ali ». Sa’d, à son tour, dit : « Moi aussi, je renonce en faveur d’Alî, et je renonce seulement à la condition que tu nommeras Ali, et non Othmân ». – « C’est bien », répliqua ‘Abd-er-Ra’hmân. Il se rendit ensuite dans la mosquée, et l’on commença la prière. Tous les Mohâdjir et Ançar et le peuple étaient présents. Alors ‘Abd-er-Ra’hmân monta en chaire, et après avoir payé un tribut de louanges à Dieu et de souvenirs au Prophète, il parla de la vie d’Abou-Bekr. Puis, parlant d’Omar, il dit : « Omar n’a pas voulu prendre sur lui de se nommer un successeur. Il a abandonné ce soin à un conseil de cinq hommes qui devaient choisir l’un d’entre eux. Or le choix est maintenant réduit à deux ; lequel des deux voulez-vous :‘Ali ou Othmân ? » Ammar, fils de Yâsir, prit la parole et dit : « Si tu veux qu’il n’y ait pas de discorde, proclame Ali ». Miqâd dit : « Ammar a raison. Si tu proclames Ali, il n’y aura pas de discorde ». Abdallah, fils de Sa’d, fils d'Abou-Sar’h, qui était le frère de lait de Othmân, et qui avait été autrefois secrétaire du Prophète, qui ensuite avait apostasié, et que le Prophète, le jour de la prise de la Mecque, avait voulu faire mettre à mort, mais qu’il avait gracié sur la demande d’Othmân, ce même Abdallah, qui avait de nouveau embrassé l’islamisme, se leva au milieu du peuple et dit à Abd-er-Ra’hmân : « Si tu veux qu’il n’y ait point de discorde, proclame Othmân ». Ammâr l’apostropha sévèrement en ces termes : « Toi, apostat, de quel droit parles-tu ici ? Comment oses-tu te mêler des affaires des musulmans ? » Un homme des Benî-Makhzoum injuria à son tour Ammâr. Alors tous les Beni-Hâschim présents dans l’assemblée insultèrent cet homme de la tribu des Makhzoum et tous les Benî-Makhzoum. Il s’ensuivit un grand tumulte. Sa’d, fils d’Abou-Waqqâç, se leva et dit à Abd-er-Ra’hmân : « Termine l’affaire, avant qu’il s’élève une lutte ! » Abd-er-Ra’hmân lui dit : « Musulmans, faites silence, afin que je fasse connaître la décision que j’ai cru devoir prendre ».
Le silence s’étant rétabli. Abd-er-Ra’hmân invita Ali à s’approcher. Ali se leva et vint auprès d’Abd-er-Ra’hmân. Celui-ci prit la main droite d’Alî dans sa main gauche, et tint sa main droite levée de façon à la placer dans la main droite d’Alî dans sa main gauche, et tint sa main droite levée de façon à la placer dans la main droite d’Alî, pour lui prêter serment ; et dans cette attitude, il lui dit : « Prends-tu l’engagement, en face de Dieu, de diriger l’Etat musulman d’après le livre de Dieu, la tradition du Prophète et l’exemple des deux califes antérieurs ? »
Ali, se souvenant du conseil qui lui avait été donné la vieille par Amrou, fils d’Al-Âç, répondit : « Ce sera difficile, car qui connaît tout ce que prescrit le livre de Dieu et toute la tradition du Prophète ? Cependant, je ferais tous mes efforts, dans la mesure de mon savoir, pour les suivre, et je demanderai l’aide de Dieu ». Abd-er-Ra’hmân lâcha la main d’Alî et dit : « Je ne veux pas de cette hésitation ». Puis, il appela Othmân. Othmân s’approcha rapidement. Abd-er-Ra’hmân, tenant sa main droite levée comme auparavant, lui proposa le même engagement qu’à Ali. Othmân dit aussitôt : « Je l’accepte ». Abd-er-Ra’hmân mit sa main droite dans la main droite d’Othmân, et lui dit : « Que Dieu te bénisse, lui qui t’a fait accepter ! »

Le peuple vint ensuite lui prêter le serment. Ali s’écria : « Vous m’avez trompé et bien trompé ! » Puis il s’éloigna. Abd-er-Ra’hmân lui dit : « Où vas-tu, ô Ali ? Ne prêteras-tu pas le serment ? N’est-il pas dit dans le Coran : « Celui qui se révolte se révolte contre lui-même ? » (Sourate XLVIII, 10). N’as-tu pas pris l’engagement de te soumettre à ma décision ? Et Omar n’a-t-il pas dit : Tuez celui qui ne se soumettra pas à la décision d’ Abd-er-Ra’hmân ? » En entendant ces paroles, Ali revint, mis sa main dans celle d’Othmân et lui prêta serment. Puis il rentra chez lui. Ensuite tout le peuple prêta serment à Othmân.

[Extrait de « Les chroniques de Tabari -Tome 3» (Abou Djafar Mo’hammed ben Djarir ben Yezid, Editions d’Art les heures claires) ; Quatrième Partie ; Chapitre LXXVIII

Eh oui ! Une fois de plus le califat échappe à ce pauvre étourneau d’Ali qui s’est fait rouler dans la farine par un « compagnon » en qui il croyait pouvoir faire confiance.

Abdel_du_Un

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Ecrit le 27 nov.07, 05:19

Message par Abdel_du_Un »

caius a écrit :TROISIEME PARTIE — DU SANG SUR LE CORAN !
OTHMAN ET LA FAMILLE ROYALE



Sahih Bukhari 5.47
Rapporté par Ibn 'Umar:
Du vivant du Prophète, nous considérions Abu Bakr sans pareil puis ensuite Omar et ensuite Othman (le suivaient) et ensuite nous ne faisions pas de différence entre les compagnons du Prophète.


Sahih Bukhari 5.50
Rapporté par 'Amr bin Maimun:
... J’ai vu 'Umar bin Al-Khattab quelques jours avant qu’il ne soit tué à Médine. ... A peine quatre jours s’étaient écoulés quand il fut frappé (à mort). Le jour où il fut frappé, j’étais debout et il n’y avait personne entre lui (Omar) et moi excepté Abdullah bin 'Abbas.

... Le peuple a dit (à Omar), "O commandeur des croyants ! Désigne un successeur." Omar a dit : "Je ne vois personne qui en soit plus digne que ce groupe dont l’Apôtre d’Allah était satisfait avant de mourir." Alors 'Omar a cité Ali, Othman, Az Zubair, Talha, Sad et 'Abdur-Rahman (bin Auf) et il a dit : "Abdullah bin 'Umar sera votre arbitre mais il ne participera pas au vote.

... Quand il fut mis en terre, le groupe (recommandé par Omar) s’est réuni. Abdur-Rahman a alors dit : " Réduisez le nombre de candidats au pouvoir à trois d’entre vous." Az-Zubair a dit : "je renonce à mon droit en faveur d’Ali." Talha a dit : " je renonce à mon droit en faveur d’Othman," Sad a dit : "je renonce à mon droit en faveur d’Abdur-Rahman bin 'Auf." 'Abdur-Rahman a alors dit (à Othman et Ali), "Et maintenant lequel d’entre vous renonce à son droit à la candidature et choisit le meilleur des deux (qui restent) sachant qu’Allah et l’Islam seront ses témoins." Les deux scheiks (Othman et Ali) restèrent silencieux. 'Abdur-Rahman a dit : "Confiez-moi cette affaire et je prends Allah pour témoin que je ne choisirai que le meilleur !" Ils ont dit "Oui."



Omar avait donc désigné un collège de six illustres compagnons qui devraient choisir entre eux son successeur.

c'est moins bien que sont prédécesseur mais cela reste encore acceptable dans la mesure où il ne le désigne pas directement (Je ne vois personne qui en soit plus digne que(...)) montre bien qu'il suggère, le fait qu'il fait remonter la préférence jusqu'au prophète est tout à son honneur



Comme quoi tous les musulmans étaient égaux mais certains plus que d’autres…

où voyez-vous que tous les musulmans sont déclarés égaux selon le droits musulman: il y a simplement des opportunités:

regardez le système législatif français: il faut la signature de 500 élus
pour prétendre aux élections, sans parler des frais de campagne dont le règlement de la charge écarte tout un pan de citoyens vraiment d'une législation qui se déclare là vraiment égalitaire (liberté,égalité, fraternité)



Ce collège se réunit : trois des membres se désistent immédiatement : restent donc en lice Abdur-Rahman Ibn Awf, Othmân et Ali. Habilement 'Abdul Rahmân Ibn 'Awf annonce immédiatement qu’il n’est pas candidat et que, puisque Ali et Othman ne peuvent se mettre d’accord, il se propose comme arbitre « neutre » qui tranchera entre-eux.

Sahih Bukhari n°7207
…Il se mit à consulter pendant trois jours les compagnons présents à Médine. La troisième nuit, il réveille al-Miswar ibn Makhrama, l'envoie appeler az-Zubayr et Sa'd, avec qui il s'entretient. Puis il envoie al-Miswar quérir 'Alî, avec qui il s'entretient longuement, puis 'Othmân avec qui il s'entretient longuement aussi.

Sahih Bukhari n°3700
…Il dit notamment à chacun de ces deux personnages : "Fais serment par Allâh que si tu es nommé dirigeant, tu seras juste et que si l'autre est nommé, tu obéiras".


Voici comment les choses se passèrent ensuite :

Les chefs de toutes les tribus, où la nouvelle de la mort d’Omar était parvenue, étaient arrivés à Médine pour voir qui serait nommé calife. Abd-er-Ra’hmân alla les trouver, chacun en particulier, et leur dit : « les débats s’étant prolongés, j’ai retiré ma candidature et j’ai amené Sa’d et Zobaïr à faire de même. La question est maintenant entre Ali et Othmân. Lequel des deux voulez-vous ? »

La plupart se déclarèrent pour Othmân. Abd-er-Ra’hmân lui-même penchait pour ce dernier. Parmi les chefs qu’Abd-er-Ra’hman avait interrogés étaient Abou-Sofyân et Amrou, fils d’Al-‘Aç. Pendant la nuit, Abou-Sofyân se rendit auprès d’Amrou et lui dit : « Abd-er-Ra’hmân est venu me trouver et m’a demandé qui je voulais pour calife. J’ai répondu que je voulais Othmân ». Amrou dit : « Il est venu aussi chez moi, et moi aussi je me suis prononcé pour Othmân ».. Abou-Sofyân reprit : « que faire alors ? Othmân est un homme doux, et je crains qu’il ne perde l’affaire, et qu’Ali ne l’emporte sur lui par sa détermination ». Amrou répliqua : « Ne t’inquiète pas de cela ; je verrai, cette nuit, l’un et l’autre, et je ferai en sorte qu’Othmân soit nommé. »

Il se rendit donc auprès d’Ali et lui parla ainsi : « Tu connais mon ancienne amitié et mon affection pour toi. Toi et Othmân, vous êtes maintenant seuls en présence. Les chefs qu’Abd-er-Ra’hmân a vus cette nuit se sont déclarés soit pour toi, soit pour Othmân. Maintenant, si tu veux suivre le conseil que je vais te donner, tu l’emporteras ».
Ali dit : « Je ferai ce que tu me conseilleras ». Amrou reprit : « Abd-er-Ra’hmân est un homme d’une parfaite probité. Demain, il t’appellera et te demandera si tu acceptes le pouvoir en promettant de suivre la loi de Dieu et de son Prophète et la voie des deux califes antérieurs. Si tu réponds affirmativement et qu’il te voie avide de saisir le pouvoir, il ne voudra pas de toi. Ne fais pas une réponse catégorique. Dis que tu feras tous tes efforts pour les exécuter ». – « Que Dieu te récompense ! s’écria ‘Ali. C’est ainsi que je dirai ! » Amrou se rendit ensuite chez Othmân et lui dit : « si tu veux suivre mon conseil, tu seras nommé demain ; sinon, Ali triomphera de toi ». – « Je suivrai ton conseil, répondit ‘Othmân, parle ». Amrou dit : « Abd-er-Ra’hmân est un homme droit et sans dissimulation. Lorsque, demain, il t’exposera [les devoirs du souverain], n’hésite pas à accepter les conditions qu’il te posera ».

Le lendemain, Abd-er-Ra’hmân fit appeler Zobaïr et Sa’d et leur dit : « Cette affaire traîne en longueur. Ali et ‘Othmân restent en présence. Il faut que vous renonciez en faveur d’une seule personne. Zobaïr dit : « Je renonce en faveur d’Ali ». Sa’d, à son tour, dit : « Moi aussi, je renonce en faveur d’Alî, et je renonce seulement à la condition que tu nommeras Ali, et non Othmân ». – « C’est bien », répliqua ‘Abd-er-Ra’hmân. Il se rendit ensuite dans la mosquée, et l’on commença la prière. Tous les Mohâdjir et Ançar et le peuple étaient présents. Alors ‘Abd-er-Ra’hmân monta en chaire, et après avoir payé un tribut de louanges à Dieu et de souvenirs au Prophète, il parla de la vie d’Abou-Bekr. Puis, parlant d’Omar, il dit : « Omar n’a pas voulu prendre sur lui de se nommer un successeur. Il a abandonné ce soin à un conseil de cinq hommes qui devaient choisir l’un d’entre eux. Or le choix est maintenant réduit à deux ; lequel des deux voulez-vous :‘Ali ou Othmân ? » Ammar, fils de Yâsir, prit la parole et dit : « Si tu veux qu’il n’y ait pas de discorde, proclame Ali ». Miqâd dit : « Ammar a raison. Si tu proclames Ali, il n’y aura pas de discorde ». Abdallah, fils de Sa’d, fils d'Abou-Sar’h, qui était le frère de lait de Othmân, et qui avait été autrefois secrétaire du Prophète, qui ensuite avait apostasié, et que le Prophète, le jour de la prise de la Mecque, avait voulu faire mettre à mort, mais qu’il avait gracié sur la demande d’Othmân, ce même Abdallah, qui avait de nouveau embrassé l’islamisme, se leva au milieu du peuple et dit à Abd-er-Ra’hmân : « Si tu veux qu’il n’y ait point de discorde, proclame Othmân ». Ammâr l’apostropha sévèrement en ces termes : « Toi, apostat, de quel droit parles-tu ici ? Comment oses-tu te mêler des affaires des musulmans ? » Un homme des Benî-Makhzoum injuria à son tour Ammâr. Alors tous les Beni-Hâschim présents dans l’assemblée insultèrent cet homme de la tribu des Makhzoum et tous les Benî-Makhzoum. Il s’ensuivit un grand tumulte. Sa’d, fils d’Abou-Waqqâç, se leva et dit à Abd-er-Ra’hmân : « Termine l’affaire, avant qu’il s’élève une lutte ! » Abd-er-Ra’hmân lui dit : « Musulmans, faites silence, afin que je fasse connaître la décision que j’ai cru devoir prendre ».
Le silence s’étant rétabli. Abd-er-Ra’hmân invita Ali à s’approcher. Ali se leva et vint auprès d’Abd-er-Ra’hmân. Celui-ci prit la main droite d’Alî dans sa main gauche, et tint sa main droite levée de façon à la placer dans la main droite d’Alî dans sa main gauche, et tint sa main droite levée de façon à la placer dans la main droite d’Alî, pour lui prêter serment ; et dans cette attitude, il lui dit : « Prends-tu l’engagement, en face de Dieu, de diriger l’Etat musulman d’après le livre de Dieu, la tradition du Prophète et l’exemple des deux califes antérieurs ? »
Ali, se souvenant du conseil qui lui avait été donné la vieille par Amrou, fils d’Al-Âç, répondit : « Ce sera difficile, car qui connaît tout ce que prescrit le livre de Dieu et toute la tradition du Prophète ? Cependant, je ferais tous mes efforts, dans la mesure de mon savoir, pour les suivre, et je demanderai l’aide de Dieu ». Abd-er-Ra’hmân lâcha la main d’Alî et dit : « Je ne veux pas de cette hésitation ». Puis, il appela Othmân. Othmân s’approcha rapidement. Abd-er-Ra’hmân, tenant sa main droite levée comme auparavant, lui proposa le même engagement qu’à Ali. Othmân dit aussitôt : « Je l’accepte ». Abd-er-Ra’hmân mit sa main droite dans la main droite d’Othmân, et lui dit : « Que Dieu te bénisse, lui qui t’a fait accepter ! »

Le peuple vint ensuite lui prêter le serment. Ali s’écria : « Vous m’avez trompé et bien trompé ! » Puis il s’éloigna. Abd-er-Ra’hmân lui dit : « Où vas-tu, ô Ali ? Ne prêteras-tu pas le serment ? N’est-il pas dit dans le Coran : « Celui qui se révolte se révolte contre lui-même ? » (Sourate XLVIII, 10). N’as-tu pas pris l’engagement de te soumettre à ma décision ? Et Omar n’a-t-il pas dit : Tuez celui qui ne se soumettra pas à la décision d’ Abd-er-Ra’hmân ? » En entendant ces paroles, Ali revint, mis sa main dans celle d’Othmân et lui prêta serment. Puis il rentra chez lui. Ensuite tout le peuple prêta serment à Othmân.

[Extrait de « Les chroniques de Tabari -Tome 3» (Abou Djafar Mo’hammed ben Djarir ben Yezid, Editions d’Art les heures claires) ; Quatrième Partie ; Chapitre LXXVIII

Eh oui ! Une fois de plus le califat échappe à ce pauvre étourneau d’Ali qui s’est fait rouler dans la farine par un « compagnon » en qui il croyait pouvoir faire confiance.

pour que le califat échappe à Ali, une nouvelle fois, il aurait fallu qu'il lui revienne de droit en lieu et place d'aboubaker et Omar, et nous avons montré déjà que pour aboubaker c'était exclut, quant à omar et othmann:
voici comment l'opinion publique les jugeait d'après votre propre citation:

Du vivant du Prophète, nous considérions Abu Bakr sans pareil puis ensuite Omar et ensuite Othman (le suivaient) et ensuite nous ne faisions pas de différence entre les compagnons du Prophète.



Pere Castor

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Ecrit le 27 nov.07, 07:15

Message par Pere Castor »

Caius ton probleme tu n'es pas la différence entre le livre ,son contenu et les personnages qui gravitent autour ,moi en tant que musulman tout ces histoires sur la famille du prophete n'ont que peu d'interet et je ne pense pas que beaucoup de musulmans connaissent toutes ces fables. Cette histoire me fait penser à la mort d'Alexandre ,vivant celui-ci controlait l'attitude ses troupes ,à sa mort le chaos . L'islam est composé à 90 % de sunnites donc tes explications sur la famille royale n'a pas de réalité .
Au final tes props repose sur Tabari ,qui est-ce ,est-il musulman ,de quand date ces écrits ? plein de questions qui à la fin font que ton discours est inaudible .

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 20:07

Message par caius »

Pere Castor a écrit :Caius ton probleme tu n'es pas la différence entre le livre ,son contenu et les personnages qui gravitent autour ,moi en tant que musulman tout ces histoires sur la famille du prophete n'ont que peu d'interet et je ne pense pas que beaucoup de musulmans connaissent toutes ces fables. Cette histoire me fait penser à la mort d'Alexandre ,vivant celui-ci controlait l'attitude ses troupes ,à sa mort le chaos . L'islam est composé à 90 % de sunnites donc tes explications sur la famille royale n'a pas de réalité .
Au final tes props repose sur Tabari ,qui est-ce ,est-il musulman ,de quand date ces écrits ? plein de questions qui à la fin font que ton discours est inaudible .
Tabarî ou Muhammad ben Jarîr ben Yazîd al-Imâm abû Ja`far at-Tabarî (arabe : محمد بن جرير بن يزيد الإمام أبو جعفر الطبري) est né en 839 au Tabaristan en Perse ce qui lui vaut son surnom de at-Tabarî. Il est un des premiers et des plus célèbres historiens et exégète du Coran. Il était dans la tradition sunnite, et a passé l'essentiel de sa vie à Bagdad, écrivant tous ses ouvrages en arabe.

Dès sept ans, il avait appris par cœur le Coran, au cours des deux années qui suivirent il avait fini l'étude des recueils classiques de hadiths. Il quitta le domicile familial à 12 ans pour aller étudier. Avant l'âge de 17 ans il partit pour Bagdad. Il espérait pouvoir y rencontrer Ahmed ben Hanbal mais celui-ci mourut peu de temps avant son arrivée. Après une année à Baghdad, il semble avoir voyagé dans le sud de l’Iraq (856-857) afin d’y étudier avec les savants réputés de Wasit, Bassorah et Koufa, savants qu’il dût ensuite citer dans ses oeuvres, à savoir par exemple Mohammed b. ‘Abd A’la es-San’ani (m. 869), et Mohammed ibn Bashshar, surnommé Bundar (m. 866) à Bassorah et Abou Kureyb Mohammed ibn el-‘Ala’ (m. 861 ou 862) à Koufa.

Il revint ensuite à Bagdad pour y rester huit ans dont une période durant laquelle il fut le tuteur de l’un des fils du vizir du calife el-Mutawakkil,
‘Ubeyd Allah ibn Yahya ibn Khakan [voir IBN KHAKAN. II].

Il partit de nouveau en voyage, mais cette fois pour découvrir la Syrie, la Palestine et l'Égypte. Vers 870 Tabarî revient à Bagdad pour y passer les cinquante trois ans qui suivent, jusqu'à sa mort en 923. Ce dernier séjour à Bagdad a été entrecoupé de quelques aller-retours vers le Tabaristan et par un pèlerinage à La Mecque.

L’Imam Ibn Khouzeyma dit de lui : « Je n’ai jamais connu un homme plus savant que Ibn Jarir »

Ibn Kathir dit : « Il est parmi les Imams qui appliquent avec la plus grande rigueur le Coran et la Sunna du Prophète (ppsl) ».

Ibn Hajar dit qu’ « Il était un des grands Imams de la religion desquels on peut prendre un enseignement authentique ».

El Khatib el Baghdadi dit : « Il est l’un des Savants qui ont un avis qu’on peut suivre sans hésitation, une parole qu’on peut croire aveuglément, et une connaissance qui n’a pas d’égale chez n’importe qui de ses contemporains ».

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 20:10

Message par caius »

PROTAGONISTES

OTHMAN
— Othman fut le quatrième converti à l’Islam. Proche de Mahomet, il était membre du très puissant clan des Omeyyades. Il fut le premier notable mecquois (et pendant longtemps le seul) à se convertir. Gendre de Mahomet puisqu'il épousa deux de ses filles, Ruqayya et Umm Kulthum. Il fut le troisième Calife “bien guidé”.

ALI — voir ci-avant.

ZUBAYR — voir ci-avant.

TALHA — Talha ben Ubayd Allah, proche parent d’Abu Bakr, fut l'un des premiers convertis à l’islam. Au début de la prédication de Mahomet, Talha était l'un des rares musulmans sachant lire et écrire. Au cours de la bataille de Uhud, il servit littéralement de bouclier humain à Mahomet : ce qui lui valu de Mahomet en personne le surnom de « martyr vivant ». Lui aussi fait partie des dix compagnons a1-`Ashara a1-Mubashshara auxquels Mahomet aurait garanti le Paradis de leur vivant.

MU'AWIYAH — Fils de Abu Sufyan, (qui dans le passé avait été le principal adversaire de Mahomet), à l’époque où ces évènements eurent lieu, il était le gouverneur de la Syrie.

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 20:15

Message par caius »

LE CONTEXTE


Nous avons vu par quelles louches manœuvres Othman devint Calife. Cela commençait décidément sous de bons augures et la suite n’allait pas décevoir : le califat d’Othman ne serait qu’une longue crise.

En quelques années il réussit à se faire détester de la majorité des musulmans qui lui reprochaient pêle-mêle de favoriser outrageusement son clan pour l’octroi des postes importants, de détourner le butin au profit de ses parents et notamment ses gendres à qui il fit cadeau de sommes faramineuses, d’appliquer la charia avec indulgence pour les riches et dureté pour les pauvres et enfin d’avoir imposé sa propre recension du Coran et ordonné la destruction des autres versions en circulation.

«'Abdul-Rahmân B. 'Awf, qui n'avait pas oublié sa part de responsabilité dans l'élection de 'Othmân, était lui-même mécontent des agissements de ce dernier, et on lui attribue la première dénonciation de l'irrespect de la Loi affiché par le Calife. Un beau chameau faisant partie de la Zakât d'une tribu bédouine fut offert comme une rareté par le Calife à l'un de ses proches parents. 'Abdul-Rahmân, scandalisé par le détournement des biens religieux destinés aux pauvres, mit la main sur l'animal, l'égorgea et en distribua la viande entre les gens. La révérence personnelle attachée jadis au successeur du Prophète de Dieu laissa la place désormais au manque d'égards et à l'irrespect».

"Annals of the Early Caliphate" de W. Muir

On commença à entendre partout dans les provinces que l'épée serait bientôt plus nécessaire à l'intérieur des frontières de l’islam que dans les territoires étrangers. La facination de l’islam pour la force et de la violence n’allait pas tarder à se retourner contre son propre calife...


Extrait de l’ “Histoire” de Al-Tabari volume 15...

En cette année (654), ceux qui étaient mécontents d’Othman b. Affan s’écrivirent l’un à l’autre, convenant de se rassembler et de le confronter sur les points qui les mettaient en colère. (page 131).

Un groupe de musulmans se réunit pour passer en revue les paroles et les actes d’Othman. Ils décidèrent de lui envoyer un délégué pour lui parler et lui ouvrir les yeux sur ses blâmables innovations. (pages 135, 136).


De son côté, mû par les plaintes qui lui parvenaient de partout, Ali se rendit chez 'Othmân et dit :

Ali a dit : “Je te rappelle que celui qui était nommé par Omar était étroitement surveillé par lui. Qu’Omar entende un seul mot (de plainte) à son sujet et il le faisait fouetter et punir avec la plus grande sévérité ! Mais tu ne le fais pas. Tu as été faible et accommodant avec tes parents.” “Ce sont aussi tes parents” a répondu Othman. Ali a dit : “Par ma vie, ils me sont en effet étroitement apparentés mais le mérite se trouve chez d’autres personnes.” Othman a dit : “Tu sais qu’Omar a laissé Muawiyah en charge durant l’entièreté de son califat et que j’ai simplement fait de même,” Ali a répondu : “Je t’adjure par Dieu, sais-tu que Muawiyah avait encore plus peur d’Omar que Yarfa (l’esclave personnel de Omar) ? ” “Oui” a dit Othman. Ali a continué : “Muawiyah prend des decisions sur toutes sortes de sujets sans te consulter et tu le sais. Ensuite il dit : ‘C’est l’ordre d’Othman.’ Tu connais ces faits mais tu ne le sanctionne pas.” (pages 142, 143).

Selon les termes de Sir W. Muir:
«Etant donné que le message qu'avait apporté 'Alî provenait du peuple, 'Othmân se dirigea immédiatement vers la chaire où il appela la foule rassemblée là, à la prière à la mosquée. S'adressant aux gens, il leur reprocha de donner libre cours à leurs langues et de suivre des dirigeants méchants dont l'objectif était de noircir sa réputation, d'exagérer ses fautes et de taire ses vertus: "Vous me blâmez, s'écria-t-il, pour des choses que vous supportiez gentiment de 'Omar. Il vous piétinait, il vous battait avec son fouet et il abusait de vous. Et malgré cela vous acceptiez tout de lui avec patience : aussi bien ce que vous aimiez que ce que vous détestiez. J'ai été gentil avec vous, je vous ai tourné le dos, j'ai retenu ma langue de vous injurier et ma main de vous frapper. Et vous voilà qui vous soulevez contre moi". Puis après s'être appesanti sur la prospérité intérieure et extérieure de son règne, il conclut ainsi : "Abstenez-vous donc, je vous adjure, d'abuser de moi et de mes gouverneurs pour éviter d'allumer les flammes de la sédition et de la révolte à travers l'empire". Cet appel, dit-on, fut gâché par son cousin Marwân qui s'écria alors: "Si vous vous opposez au Calife, nous ferons appel à l'épée". "Silence!", cria 'Othmân à son visage. Marwân se tut et 'Othmân descendit de la chaire. La harangue n'eut pas un long effet. Le mécontentement s'étendit et les rassemblements contre le Calife se multiplièrent». ("Annals of the Early Caliphate" de W. Muir)

Les mécontents envoyèrent donc à Othman des représentants pour le mettre en garde et lui faire entendre raison.

Les délégations arrivèrent à Médine au mois de Rabî' I, 35 H. et présentèrent une longue liste de griefs, demandant la réparation des préjudices subis et, à défaut, l'abdication du Calife. Ils furent toutefois calmés par l'intercession d’Ali et des promesses de réparations et de dons généreux.

Pourtant dès le lendemain de leur départ, Othman prononça un sermon furieux du haut de la chaire, rejetant les revendications des délégations et dès leur retour les délégués égyptiens furent arrêtés par les gouverneurs qui tuèrent les dirigeants et emprisonnèrent les autres. Les opposants étaient enragés par cette perfidie : désormais ils allaient eux aussi employer la force. Sous prétexte du Pèlerinage à la Mecque, des troupes partirent d’Egypte, de Basra et de Koufa deux mois avant le Pèlerinage annuel et campèrent comme une armée dans des camps séparés, à une lieue de Médine.

Quant aux Egyptiens, ils voulaient Ali pour Calife alors que ceux de Basra voulaient Talhah et ceux de Koufa : Al-Zubayr. Ils agirent tous en même temps. Ces gens avaient des buts distincts et chaque parti était convaincu qu’il obtiendrait complète satisfaction au détriment des deux autres. (Tabari page 160)

Quand les dissidents atteingnirent leurs bivouacs, ils changèrent de direction pour attaquer les Médinois. Ils prirent par surprise ceux de Médine et tout d’un coup le cri “Dieu est le plus grand !” retentit dans toute la ville. Les dissidents occupèrent les sites des campements qu’Ali, Talhah et al-Zubayr avaient installés et encerclèrent Othman. Ils annoncèrent que “Quiconque retient ses mains et ne nous résiste pas sera en sécurité.” (Tabari page 162).


Epouvanté Othman supplia Ali d'aller calmer les rebelles. Ali consentit, à condition que Othman fasse l'aveu de ses erreurs et implore le pardon de Dieu du haut de la chaire. Pour pacifier les émeutiers, Othman dut également révoquer le gouverneur de l’Egypte et le remplacer par Mohammad B. Abî Bakr, le fils d’Abu Bakr, qui était l’un des meneurs. Un document fut rédigé, signé et scellé par le Calife, attesté par Alî, Talhah, Zubayr et 'Abdullâh Ibn 'Omar, puis remis aux mains des Egyptiens.

La délégation égyptienne rentrait satisfaite mais alors qu’ils étaient sur la route du retour vers l’Egypte, ils remarquèrent tout à coup un cavalier venir à leur hauteur puis les dépasser. Puis il revenait vers eux pour de nouveau les distancer, les observant attentivement. Ils lui dirent : “Qu’est-ce que tu fais ? Tu manigances certainement quelque chose”... Ils le fouillèrent et ont trouvé une lettre d’Othman, marquée de son sceau, adressée au gouverneur de l’Egypte. Elle disait qu’il devait les crucifier ou les exécuter ou leur faire couper alternativent les mains et les pieds. Les égyptiens firent demi-tour et retournèrent à Médine. (Tabari page 168, 169).

Il n’est pas difficile d'imaginer la fureur que devaient ressentir Mohammad B. Abî Bakr et ses compagnons quand ils eurent lu cette lettre. Il était clair qu’ils venaient d’échapper à la mort et ils étaient bien décidés à faire payer très cher à Othman sa fourberie. Ils firent ainsi demi-tour vers Médine et dépêchèrent des messagers rapides aux délégations de Basrah et de Koufa qui étaient, elles aussi, sur le chemin du retour, afin de les informer de la trahison du Calife et de leur demander de leur prêter main forte.

Les Egyptiens retournèrent auprès d’Othman après l’avoir quitté parce qu’un de ses esclaves, montant un de ses chameaux, avait été intercepté par eux, porteur d’une lettre au gouverneur de l’Egypte qui ordonnait de tuer certains d’entre eux et de crucifier les autres. Quand ils sont revenus auprès d’Othman, ils ont dit : “C’est ton esclave.” Il a dit : “Mon esclave est parti à mon insu.” Ils ont dit : “C’est un de tes chameaux.” Il a répondu : “Il l’a pris sans mon ordre.” Ils ont dit : “C’est ton sceau.” “C’est un faux” a-t-il dit. (Tabari page 185).

Le palais d’Othman était encerclé par les insurgés, mais pendant plusieurs semaines le Calife put sortir pour conduire les prières habituelles dans la Mosquée. Les insurgés eux aussi assistaient aux prières, la tension était à son comble. Ainsi, Othman ayant un jour dit du haut de sa chaire à leur adresse : «Le Prophète a maudit les gens qui se rebellent contre le Calife (le Successeur) et le lieutenant du Prophète…».

Les dissidents se ruèrent tous ensembles et jetèrent des pierres sur les gens jusqu’à ce qu’ils les aient chassés de la mosquée. Ils lancérent des pierres à Othman jusqu’à ce qu’il tombe évanoui de la chaire. Il fut emporté et ramené chez lui. (Tabari pages 165, 166).

Othman finit donc par s'enfermer dans son palais, et un blocus s'ensuivit.

Quand Othman a vu ce qui lui arrivait et que ceux qui se dressaient contre lui étaient nombreux, il a écrit à Muawiyah b. Abi Sufyan en Syrie: ... ”Les Médinois sont devenus des incroyants ; ils ont abandonné l’obéissance et ont reniè leur serment d’allégeance. Aussi envoie-moi tous les soldats dont tu disposes en syrie sur tous tes chameaux qu’ils soient dociles ou entêtés.” Quand Muawiyah reçut la lettre, il fit trainer les choses car il ne voulait pas être ouvertement en désaccord avec les Compagnons du Messager de Dieu… (Tabari page 185).


Craignant pour sa vie Othman a consulté ses conseillers et les membres de sa famille et a dit : “Vous voyez ce que les dissidents ont fait. Quelle issue y a-t-il ?” Ils lui ont conseillé d’appeler Ali….”
Othman a appelé Ali et quand Ali est arrivé, il lui a dit : “Abu Hasan, tu vois ce que ces hommes ont fait et tu sais ce que j’ai fait. J’ai peur qu’ils me tuent. Eloigne-les de moi et je jure par Dieu que je leur offrirai réparation pour tout ce qu’ils détestent et que je leur rendrai justice contre moi ou n’importe qui même si mon propre sang doit être versé. ... Alors Ali est allé à la rencontre du peuple et a dit : “O peuple Vous avez demandé justice et maintenant elle vous est rendue ... Le peuple a répondu : “Nous acceptons.” (Tabari pages 187, 188)

... Othman a dit : “Obtiens d’eux un délai qui me donne le temps d’agir car je ne peux pas corriger les choses qu’ils réprouvent en un seul jour.” Ali répondit : “Il ne peut y avoir aucun délai pour ce qui concerne les affaires à Médine. Pour les affaires ailleurs, Tu as comme délai le temps nécessaire à tes ordres pour y parvenir.” Uthman a dit : “Très bien mais obtiens-moi un délai de trois jours pour ce qui concerne Médine.” Ali accepta. Ensuite il est sorti et les (les rebelles) en a informé. Il rédigea un accord entre le peuple et Othman qui lui donnait une période de grâce de trois jours pour réparer chaques injustices et déposer tous les gouverneurs qu’ils détestaient. (Tabari page 188).

Mais Othman commencait à se préparer à la guerre et rassemblait des armes. Il avait déjà formé une forte armée avec les esclaves acquis en tant que part d’un cinquième (du butin) qui revenait au Calife. Quand les trois jours furent passés alors qu’il n’avait rien fait pour changer quoi que ce soit de ce qui était haïssable au peuple ou pour destituer un gouverneur, ils se révoltèrent contre lui. (Tabari page 189).
Modifié en dernier par caius le 27 nov.07, 20:27, modifié 1 fois.

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 20:26

Message par caius »

LE RÔLE D’AICHA

Nous l’avons vu, après l’accession d’Othman au Califat les postes les plus juteux étaient tombés entre les mains du clan Omeyyade. Cela n’avait pas plu aux autres clans dont celui d’Aicha qui participa activement à l'excitation des mécontents, faisant campagne pour ses deux beaux-frères Talha et Zubayr.

Simon Ockley écrit dans "History of the Saracens": «'Âyechah, la veuve de Mohammad, était l'ennemi mortel de 'Othmân. Toutefois, il aurait certainement mieux valu à une personne qui prétendait être la femme d'un prophète inspiré de passer les jours de son veuvage dans la dévotion et les bonnes actions plutôt que dans la méchanceté et en infraction avec l'état. Mais elle était si engagée aux côtés de Talhah et du fils d'al-Zubayr, qu'elle voulait faire accéder au Califat, qu'aucune considération de vertu ou de décence ne pouvait la retenir de faire tout ce qui était en son pouvoir pour comploter en vue de la mort de 'Othmân».

Un autre historien Sunnite, al-Baladhuri, dans son histoire (Ansab al-Ashraf) raconte qu’alors que la situation devenait plus que critique, Othman envoya Marwan Ibn al-Hakam et Abdurrahman Ibn Attab Ibn Usayd essayer de persuader Aicha de cesser ses incitations au meurtre. Ils la trouvèrent en train de se préparer à quitter Médine, sous prétexte d’accomplir le pèlerinage à La Mecque. Le moins que l’on puisse dire est que l’entrevue ne fut pas cordiale :

" Nous vous prions de rester à Médine, et alors Allah pourra sauver cet homme (Othman) à travers vous ". Aicha a dit : " J'ai préparé mes moyens de transport et j'ai l'intention d'exécuter le pèlerinage. Par Dieu, je n'honorerai pas votre demande. Je voudrais qu'il (Othman) soit dans un de mes sacs afin que je puisse l’emporter. Je pourrais alors le jeter à la mer ".
Ansab al-Ashraf, par al-Baladhuri, partie I, v4, p75.

La mère des croyants était vraiment une femme charmante…

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 20:53

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EN RÉSUMÉ

A travers l’empire islamique, le mécontentement gronde contre Othman. Plusieurs factions s’allient et marchent sur Médine. Othman appelle ses gouverneurs à la rescousse mais aucun ne bronche. A plusieurs reprises Othman jure aux mécontents qu’il se repent de ses mauvaises actions, qu’il va s’amender et il promet tout ce que l’on veut, mais dés qu’ils se sont éloignés il donne des ordres en vue de les faire liquider dés leur retour. Mal lui en prend car ils interceptent son courrier et retournent fous furieux à Médine. Paniqué, Othman obtient un ultime délai de grâce pour réparer ses torts mais, loin de tenir parole, il prend des dispositions en vue de lever une armée et livrer bataille à ses opposants. Les rebelles ne lui en laisseront pas le temps...

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 21:00

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LA FIN

Muhammad b. Abi Bakr (fils d’Abu Bakr), entra avec treize hommes et se rua sur Othman. Il le saisit par la barbe et le secoua jusqu'à ce que j’entende ses dents s’entrechoquer. Muhammad b. Abi Bakr a dit : “Muawiyah ne t’a été d’aucun secours, ni Ibn Amir, ni tes lettres.” Othman a dit : “Lache ma barbe, fils de mon frère ! Lache ma barbe!” J’ai alors vu Ibn Abi Bakr faire signe de l’œil à l’un des rebelles. Il s’est approché de lui avec une flèche à grande pointe et l’en a frappé à la tête. Ils se sont rassemblés autour de lui et l’ont tué.” (Tabari pages 190, 191).

Muhammad b. Abi Bakr s’approcha et attrapa sa barbe, disant : “Tu t’es comporté envers nous comme Abu Bakr ne l’aurait jamais fait.” Puis il sortit et l’abandonna. Un autre homme entra en la présence d’Othman et l’étrangla et le gifla. Puis il sortit et s‘écria : “Par Allah, je n’avais jamais rien vu de plus doux que sa gorge. Par Allah, je l’ai étranglé jusquà ce que je voie son âme s’agiter dans son corps comme l’âme d’un djinn.” Puis il sortit. (Tabari page 205).

Un homme s’approcha d’Othman en face de qui le Coran était posé et a dit : “Le Livre de Dieu est entre toi et moi.” L’intrus le frappa de son épée ; Othman se protégea avec sa main et elle fut tranchée. Je ne sais pas si la main a été complètement tranchée ou coupée sans se détacher. Puis il a dit, “Oui, par Allah, c’est la première paume qui ait tenu le Coran.” (Tabari page 205).

Quant à Amr b. al-Hamiq, il sauta sur Uthman, s’assit sur sa poitrine – il lui restait un soufflé de vie – et le poignarda neuf fois. Amr a dit : “Je l’ai frappé trois fois pour Dieu et six fois pour la colère que j’avais contre lui en ma poitrine.” (Tabari page 220).

Dans le palais, ils (les rebelles) hurlaient, “Prenez le Trésor ! Personne ne doit se mettre sur votre chemin !” Les gardiens du Trésor – dans lequel il n’y avait que deux sacs – les entendirent et s’écrièrent : “Fuyons! Ces gens n’en ont qu’après les biens de ce monde” Ils s’enfuirent pendant que les rebelles s’emparaient du Trésor et le pillaient. (Tabari page 216).

caius

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Ecrit le 27 nov.07, 21:07

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QUESTIONS

Plus nous progressons dans l’histoire de l’Islam plus le tableau s’assombrit. La fascination de l’islam pour la violence commence à se retourner contre ses chefs.

En moins d’une génération la communauté islamique s’était transformée en une meute d’hyènes se dévorant mutuellement. La corruption s’est propagée du sommet à la base du Califat. L’islam s'est épanoui en somme.

Le sang des meilleurs des musulmans est allègrement répandu par d’autres musulmans ! Les pires ennemis de l’islam sont bien les musulmans ! Les plus proches compagnons de Mahomet, des hommes qui combattaient ensembles à ses côtés, en sont maintenant à s’entretuer!

Le fils d’un des plus proches compagnons de Mahomet massacre l’un des premiers convertis à l’islam – le calife Othman ! Et ce n’est pas le geste d’un homme isolé : plusieurs autres Compagnons de Mahomet se sont dressés contre leur ancien ami et l’ont littéralement mis en pièces. Le chef suprême de l’empire islamique (qui soit dit en passant ment comme un arracheur de dents) est injurié, giflé, roué de coups et finalement poignardé par ses agresseurs pendant qu’il lit le coran et, à part l’une de ses épouses, il n’y a personne pour tenter de le défendre ! Que s’est-il donc passé ? Ce n’était que cela les meilleurs des musulmans ?

Remettons ces faits en perspective... Que penseriez-vous du christianisme si les apôtres s’étaient entretués ?

Et la sourate 8:63 dans tout ça ? Il semble bien qu’Allah confonde l’unité et la fraternité avec la discorde et la haine !

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