LA FAMILLE ROYALE DE L’ISLAM

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Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
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Abdel_du_Un

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Ecrit le 28 nov.07, 03:54

Message par Abdel_du_Un »

[quote="caius"]EPILOGUE

La Bataille du Chameau était finie mais d’autres tueries attendaient Ali...

Jarir Abdallah vint auprès d’Ali et lui raconta ce que Muawiyah faisait et que les Syriens s’étaient mis d’accord avec lui pour combattre Ali. Il lui dit qu’ils pleuraient Othman et disaient qu’Ali l’avait tué et protégeait les meurtriers d’Othman et qu’ils ne s’arrêteraient pas avant qu’il les ait tués ou qu’ils l’aient tué. (Tabari page 197).


EN RESUME

Une fois Othman assassiné, les chefs de l’islam, (Tous nétaient pas)les dévoués compagnons de Mahomet, (dont l'âme a ét élévé au cieux depuis plus d'un de 25 ans)s’empressèrent de se servir de sa mort comme prétexte pour conquérir le pouvoir ou régler de vieux comptes. Ces (gens que moi caius je crois être les ) meilleurs des musulmans, la famille royale de l’islam, (certains parmi eux se) se mentent (car ils se sont senti trompé), se dénigrent (car ils se sont senti humilié), se trahissent (car ils se sont senti tyranniser)et finalement s’entretuent (car ils ne trouvent pas d'autre issue "rationnelle"à cette crise).

encore une fois ils ne s'agit pas des meilleurs des musulmans, mais seulement des plus dignes de mérites du vivant du prophète Sept jours avant de mourir, le Prophète (saws) alla visiter les Chahids de la bataille de Ohod. En revenant, il eut les larmes aux yeux. Ses compagnons lui demandèrent : « Qu'est-ce qui te fait pleurer Ô Messager d'Allah ? » alors il répondit : « Mes frères me manquent… ». Etonnés, les compagnons lui demandèrent : « Ne sommes-nous pas tes frères, Ô Messager d'Allah ? » Alors il dit : « Non, vous, vous êtes mes compagnons. Quant à mes frères, ce sont les peuples qui viendront après moi et qui croiront en moi. »




Le jour de la bataille du chameau, Ali fut le plus fort et assura son emprise sur une partie de l’empire islamique. Deux des plus éminents, des plus anciens et des plus aimés compagnons de Mahomet, Talha et Zubayr, avaient été tués. Tout comme Othman, ils étaient tombés sous les coups d’autres musulmans. En un seul jour, au moins 10.000 et peut être même 20.000 musulmans périrent au nom d’Allah pour satisfaire la soif de pouvoir d’une poignée d’hommes.

(parmi ses soit disant musulmans , une infime l'était vraiment: pour cela il eût fallu qu'il fasse la prière assidûment:

adossé contre le mur de la kaaba, Ali eu une vision, et on lui dit: parmi les pèlerins que tu vois 60 le sont vraiment)


.
DISCUSSION

Les chefs musulmans se souciaient bien peu que leur ambition et leur rancune personnelles puissent coûter la vie à des milliers de leurs coreligionnaires.
Ils se fichaient totalement qu’Othman soit mort assassiné, tous avaient intérêt à sa disparition.
Comme les autres, Ali voulait le pouvoir.
Leurs alliances n’étaient basées que sur l’intérêt personnel (uniquement sur l'intérêt personnel?,vous êtes le seul à le croire) et non sur une quelconque éthique.



Considérons les fruits de l’Islam. Le sang des musulmans avait coulé à flots dans le désert et les responsables de cette horreur étaient les chefs de la communauté islamique : la famille et les plus proches collaborateurs de Mahomet. Au lieu diriger les musulmans avec sagesse, ils les avaient sacrifiés sans hésitation sur l’autel de leur orgueil. La “Mère des Croyants” elle-même avait envoyé ses « enfants » à la mort.

Ibn ABBAS, "l’interprète du Coran ", le docte de la communauté, le cousin du Prophète, le parfait modèle de piété reproche à Ali de ne pas avoir suivi son conseil de s’éloigner de Médine avant qu’Othman se fasse zigouiller. On n’est pas plus machiavélique et cynique, non ?

La “famille Royale” avait-elle jamais cru un seul instant aux vantardises de Mahomet sur l’unité des croyants ? Ils connaissaient le Coran et Mahomet mieux que personne sur cette terre et pourtant... Les bergers égorgeaient leur propre troupeau.

Deux des hommes à qui Mahomet avait garanti le paradis venaient d’être tués par un autre de ces supers musulmans et bien d’autres “compagnons” de moindre importance étaient morts à leurs côtés.

Si l’islam avait réellement apporté une quelconque élévation morale à ces bêtes féroces, ces meilleurs des musulmans, les compagnons de « l’Envoyé d’Allah » dont aucun musulman n’égalera jamais les mérites, alors comment expliquer leur comportement ?

Par ailleurs vous semblez ignorer ce verset:
Al-An'am - 6.65. Dis : “Il est capable, Lui, de susciter contre vous, d'en haut, ou de dessous vos pieds , un châtiment, ou de vous confondre dans le sectarisme. Et Il vous fait goûter l'ardeur [au combat] les uns aux autres.” Regarde comment Nous exposons Nos versets. Peut-être comprendront-ils ?

ou celui-là qui le suit:

6.67. Chaque prophétie arrive en son temps et en son lieu, Et bientôt vous le saurez.”


Pere Castor

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Ecrit le 28 nov.07, 07:11

Message par Pere Castor »

spin a écrit :Heu, pourquoi "il faut vous décider" ? Ils pouvaient être tous dans leur tort. Et Mohammed lui-même a sa part de responsabilité si le Coran n'a pas pu être fixé sans drames épouvantables. S'il s'était donné la peine d'apprendre à écrire et avait lui-même fait le boulot, on n'en serait pas là (parce que la haine entre sunnites et chi'ites, qui en est la conséquence, persiste quatorze siècles après).

à+

personnellement il y a encore 5 ans je ne savais meme pas que j'étais sunnite ,ce pseudo-conflit est alimenté par l'arabie saoudite ,moi je crois que 90 % des musulmans s'en foutent .

caius

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Ecrit le 28 nov.07, 19:52

Message par caius »

CINQUIEME PARTIE : ALI ET MU'AWIYAH

Jean 13:34, 35
" Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres."

Le Coran — 8:63 Al Anfal (Le Butin)
Il a uni leurs coeurs (par la foi). Aurais-tu dépensé tout ce qui est sur terre, tu n'aurais pu unir leurs coeurs; mais c'est Allah qui les a unis, car Il est Puissant et Sage ..


LE CONTEXTE

Nous sommes en l’an 35 de l’hégire (722). Le Chapitre un de l’histoire de la “fitnah” (rébellion) islamique était clos et le chapitre deux commençait. Le long conflit qui avait opposé Mahomet à Abu Sufyan resurgissait. Les premiers rôles y seraient tenus par Ali, le beau-fils de Mahomet, et Mu'awiyah, le fils d’Abu Sufyan.

Ali était enfin calife à la place du calife. Depuis la disparition de Mahomet, la vie d’Ali n’avait été qu’une suite d’humiliations. A la mort de Mahomet, Ali avait cru qu’on lui offrirait le Califat sur un plateau d’argent mais avait été évincé par Abu Bakr et son complice Omar. Il avait réclamé sa part d’héritage de Mahomet à Abu Bakr mais ce dernier se l’était approprié. Plus tard Omar avait accédé aux exigences d’Ali, bafouant les dernières volontés de Mahomet qui avait demandé que ses richesses ne soient pas divisées entre les membres de sa famille. Ali se considérait plus capable sur le plan islamique que les autres soi-disant Califes “bien guidés” mais il avait encore été évincé par Omar et Othman. Et n’avait pu enfin devenir calife que par le meurtre d’Othman. Instantanément d’autres musulmans de premier plan se soulevèrent contre lui. Ali avait mis hors de combat les partisans d’Aicha mais un nouvel adversaire encore plus redoutable se dressait maintenant entre le gendre du prophète et le pouvoir suprême : Mu'awiyah le puissant gouverneur de la Syrie. Mu'awiyah qui était lui-même le fils de l’un des plus grand ennemi de Mahomet, Abu Sufyan. L’ironie de la situation n’avait pas échappé à Ali.

Mu'awiyah n’était pas un novice. Son père était un vieux renard et il avait bien fait la leçon à ses fils. Contraint le couteau littéralement sur la gorge de se convertir à l’islam, Abu Sufyan s’était souvenu du vieil adage: “Si tu ne peux pas les battre, joins-toi à eux” et était devenu musulman. Cela lui avait valu de nombreuses faveurs de la part de Mahomet et il avait consolidé sa position politique et celle de ses enfants. Quand Abu Bakr s’était fait désigner Calife, Sufyan avait prophétisé que ce coup d’état serait un jour la cause d’un bain de sang.

Mu'awiyah avait su s’entourer de gens capables. Son commandant en chef, Amr al-As, avait conquis l’Egypte et était devenu le premier gouverneur (wali) d’une région (l’Égypte) de l’histoire de l’Islam. Amr était lui-même l’un des proches Compagnons de Mahomet. C’était un chef et un stratège né. Ali ne l’impressionnait pas du tout.

caius

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Ecrit le 28 nov.07, 20:03

Message par caius »

LE CONFLIT DÉBUTE

Après la bataille du Chameau, Ali installa sa capitale à Koufa qui était géographiquement au centre de l’empire musulman et d’où il pourrait plus facilement parer une éventuelle attaque venant de Syrie. Jamais plus La Mecque ni Médine ne seraient le siège du pouvoir. Il entreprit ensuite ses préparatifs de guerre. Pendant ce temps, Mu'awiyah, apprenant les mouvements d’Ali, demandait conseil à Amr....

Amr a dit : “Puisque tu as appris qu’Ali s’est mis en route, commence tes préparatifs et assure-toi que tu l’affronteras avec tes vues et tes stratégies.” Mu'awiyah a répondu : “Dans ce cas, Oh Abu Abdallah, prépare les hommes !”

Amr commença à les préparer et à déprécier la force d’Ali et de ses partisans, disant : “Les gens de l’Irak se sont divisés, ils ont sapé leur propre force et émoussé leur lame. De plus, ceux de Bassorah sont opposés à Ali qui leur a fait du tort et leur a apporté la mort. Leurs chefs et ceux de Koufa se sont entretués à la Bataille du Chameau et Ali ne s’appuie que sur quelques bandes peu nombreuses dont ceux qui ont tué votre calife. Craignez Allah si vous abandonnez votre droit de réclamer vengeance et permettez que le sang d’Othman reste impuni.” (Tabari).



Tandis qu’Amr chauffait les troupes, astucieusement Mu'awiyah enrôlait les opposants à Ali....

“Il écrivit à tous ceux qu’il pensait effrayés par Ali ou qui avaient dit du mal de lui et à tous ceux qui considéraient que le sang dOthman répandu était un sujet grave et il leur demanda de l’aide contre lui” (page 3)

Alors que les troupes d’Ali progressaient vers la Syrie, certaines des cités par lesquelles ils passaient refusèrent de l’aider. Il fallut menacer de mort les habitants de ces villes pour qu’ils ravitaillent l’armée.

Les armées entrèrent en contact en mai 657 à Siffîn près de l’Euphrate où le gros des forces de Mu'awiyah avait installé son campement.

«Etant donné que Çiffîn commandait, jusqu'à une longue distance, le seul accès à l'eau de l'Euphrate, Mu'âwiyeh avait placé Abul-Awr, l'un de ses Généraux, à la tête de dix mille combattants, à cet endroit, afin de fermer cet accès aux troupes de 'Alî. Pas très longtemps après l'occupation par l'armée rebelle de cette position avantageuse, 'Alî arriva au même endroit et fit camper son année à proximité. Ses hommes découvrirent rapidement que la source prévue de leur approvisionnement en eau leur était interdite d'accès.

'Alî envoya alors une délégation à Mu'âwiyeh pour lui demander de renoncer à un avantage inadmissible entre gens liés par des liens de parenté, même lorsqu'ils se trouvaient en état d'hostilités, lui assurant que s'il avait eu lui-même cet accès sous son contrôle, il l'aurait mis à la disposition des deux armées sur un pied d'égalité. Mu'âwiyeh fit connaître immédiatement le contenu du message à ses courtisans dont la plupart dirent qu'étant donné que les meurtriers de 'Othmân avait coupé tous les approvisionnements en eau du palais de 'Othmân, ce ne serait que justice, s'ils subissaient maintenant le même traitement.

'Amr Ibn al-'Âç était toutefois d'un avis différent, déclarant que 'Alî, de toute façon ne laisserait pas mourir de soif son armée alors qu'il avait derrière lui les légions de guerriers de l'Irak et devant lui l'eau de l'Euphrate, et ajoutant, pour conclure, qu'en fin de compte, on n'était pas là pour se battre pour une outre d'eau, mais pour le Califat. Cependant le premier avis l'emporta et la délégation fut renvoyée avec le message suivant: "Mu'âwiyeh était résolu à ne pas renoncer à ce qu'il considérait comme étant la garantie de la future victoire".

Cette interdiction d'accès à l'eau vexa beaucoup 'Alî et le laissa perplexe quant à la mesure à entreprendre, et ce jusqu'à ce que la privation d'eau devint insupportable et que Mâlik al-Achtar et Ach'ath, fils de Qays le prièrent de les autoriser à ouvrir la voie d'accès à l'eau par la force. Cette autorisation ayant été donnée et une proclamation dans ce sens ayant été faite dans le camp, dix mille hommes se rassemblèrent en moins d'une heure derrière l'étendard de Mâlik al-Achtar, et dix mille autres autour de la tente d'al-Ach'ath.

Disposant leurs troupes respectives dans un ordre convenable, les deux commandants conduisirent leurs deux armées en direction du lit de l'Euphrate et, après avoir averti vainement Abul-Awr de la nécessité de dégager la rive du fleuve, Mâlik, à la tête de la cavalerie, et Ach'ath à la tête de l'infanterie, se refermèrent sur l'ennemi. Pendant l'action qui suivit, Mâlik était presque exténué par la soif et l'effort, lorsqu'un soldat qui se trouvait à côté de lui, le pria d'accepter de lui une gorgée d'eau. Mais le généreux guerrier refusa de s'abreuver avant d'avoir soulagé les souffrances de ses hommes. En même temps, étant attaqué par l'ennemi, il tua sept de ses plus courageux soldats. Mais la soif épuisante de Mâlik et de ses troupes devint à la longue insupportable. Aussi ordonna-t-il à tous ceux qui portaient des outres à eau de le suivre à travers les rangs de l'ennemi et de ne le quitter qu'une fois qu'ils auraient rempli leurs récipients. Perçant la ligne de l'adversaire, Mâlik se dirigea directement vers le fleuve, où ceux qui le suivaient s'approvisionnèrent en eau.

Dans le lit de l'Euphrate une bataille fit rage, et Abul-Awr, constatant que ses troupes fuyaient devant l'attaque irrésistible de leurs assaillants, et ayant perdu sa position, dépêcha un messager à Mu'âwiyeh, lequel envoya immédiatement à son secours 'Amr Ibn al-'Âç avec trois mille cavaliers. L'arrivée de ce général semble cependant avoir rendu la victoire de Mâlik plus proche. En effet, dès que ce dernier eut appris l'approche de 'Amr, il se couvrit de son bouclier et poussa son cheval vers lui avec une impétuosité irrésistible. 'Amr ne put esquiver la fureur de son adversaire qu'en se retirant vers les rangs des Syriens. Mais beaucoup de ceux-ci furent soumis à l'épée et un grand nombre d'entre eux furent jeté dans le fleuve, alors que le reste fuyait pour chercher refuge dans le camp de Mu'âwiyeh.

Les troupes de 'Alî ayant réussi à déloger l'ennemi, s'installèrent tranquillement dans cette ville d'eau et dans ses environs. Avalant amèrement les reproches de 'Amr, Mu'âwiyeh se trouvait à présent réduit à solliciter l'indulgence de son adversaire à qui il avait tout récemment refusé la sienne propre. Mais 'Alî, avec sa générosité de coeur et la magnanimité inhérentes à son caractère, garantit volontiers à ses troupes l'accès à l'Euphrate. A partir de ce moment-là les combattants des deux armées purent aller et venir au fleuve avec une confiance et une liberté égales».
("History of the Saracens" de S. Ockley, p. 312)

A la suite de cette première victoire, Ali estima qu’il était en position favorable pour entamer le dialogue. Il appela Mu'awiyah à l’obéissance due au successeur du Prophète et à l’unité de l’Islam. Mu'awiyah répondit que si Ali châtiait les meurtriers d’Othman il lui ferait allégeance. Les échauffourées et la guerre des mots continuèrent donc.


Tabari rapporte un intéressant dialogue entre Mu'awiyah et les messagers d’Ali. Cette discussion démontre que les dirigeants musulmans n’étaient pas dupes des vrais enjeux du conflit :

“ Mu'awiyah, je comprends ta réponse à Ibn Mihasn, et, par Dieu, nous savons très bien ce que tu veux obtenir. Le seul moyen que tu as pu trouver pour égarer le peuple, pervertir leurs désirs, et obtenir son obéissance c’est de dire : “Votre Imam a été injustement tué et nous voulons venger son sang !” Une populace stupide à répondu à ton appel mais nous savons que tu as traîné pour aider Othman et que tu souhaitais sa mort de sorte que tu pourrais obtenir cette position que tu convoites maintenant.


Les combats continuaient donc sous la forme d’escarmouches car Ali souhaitait éviter une répétition du massacre de la Bataille du Chameau. Les accrochages étaient plus ou moins féroces d’un jour à l’autre mais dans l’ensemble aucun affrontement grande ampleur n’avait encore eu lieu. Ali croyait encore possible une soumission de Mu'awiyah.

Sur ce, le mois de mouharram (premier mois du calendrier musulman - son nom dérive du terme arabe haram, signifiant à la fois sacré et interdit) commença, Alî déclara qu'il voulait que l'on cesse les combats pendant le mois sacré. Durant ce mois de trêve, les deux armées se firent donc face, sans combats de grandes ampleurs. Ali en profita pour de nouveau tenter en vain d’obtenir l’allégeance de Mu'awiyah...

Mu'awiyah répondit : “On dirait que tu es venu juste pour menacer et non pour obtenir un accord. Tu ne pourrais pas te fourvoyer davantage Adi (le messager d’Ali). Je suis le fils de Harb, (Harb signifie guerre — le nom de son grand-père), par Dieu, Tu es un de ceux qui criaient contre Othman, un de ceux qui l’ont tué et j’espère que tu seras un de ceux que Dieu tuera pour cela. Comme tu te trompes, Adi Hatim ! — Tu as recours à la force quand tu ne peux pas réussir par la persuasion » (page 22).


Le dialogue se poursuivit sans succès pendant la trêve. Tabari rapporte une déclaration d’Ali très révélatrice de ce qu’il pensait de ses prédécesseurs et du meurtre d’Othman...

“Le peuple a désigné Abu Bakr calife et Abu Bakr a désigné Omar pour lui succéder et ces deux là se sont bien comportés et ont dirigé la communauté avec justice. Nous étions offensés de leur autorité sur nous, la famille du Messager de Dieu, mais nous leur avons pardonné. Ensuite Othman a régné et a fait des choses que le peuple trouvait répréhensible, de sorte qu’ils sont venus à lui et l’ont tué. Après ils sont venus à moi qui ne me mêlait pas de leurs affaires et ils m’ont demandé d’accepter le serment d’allégeance....Mais ensuite j’ai été atterré de découvrir la dissension de ces deux-là (Talha et al-Zubayr) qui m’avaient fait le serment d’allégeance, (NB :Ali se garde bien de préciser que c’était sous la contrainte) et l’opposition de Mu'awiyah à qui Dieu n’a donné ni préséance dans l’acceptation de la religion ni des aïeux ayant eu une bonne conduite envers l’Islam. Il est l’un de ceux à qui le Prophète à fait grâce et le fils de l’un d’eux, un membre de ce parti qui a persisté dans l’hostilité à Dieu, à Son Prophète, et aux Musulmans, lui et son père, jusqu’à ce qu’ils entrent à reculons dans l’Islam.


On voit à quel point l’orgueil d’Ali avait été blessé de son éviction du califat et quelle désinvolture envers le meurtre d’Othman ! En plus, en leur reprochant leur serment d’allégeance violé, Ali a le culot de se poser en victime de Talha et al-Zubayr alors qu’il sait parfaitement qu’il leur avait été extorqué. Enfin, il énonçait clairement que le combat entre Abu Sufyan et Mahomet reprenait à travers Ali et Mu'awiyah.

Abdel_du_Un

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Ecrit le 28 nov.07, 22:08

Message par Abdel_du_Un »

caius a écrit :CINQUIEME PARTIE : ALI ET MU'AWIYAH

Jean 13:34, 35
" Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres."

Mathieu
10.34
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée.
10.35
Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère;
10.36
et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison.




Le Coran — 8:63 Al Anfal (Le Butin)
Il a uni leurs coeurs (par la foi). Aurais-tu dépensé tout ce qui est sur terre, tu n'aurais pu unir leurs coeurs; mais c'est Allah qui les a unis, car Il est Puissant et Sage ..


Al-An'am - 6.65. Dis : “Il est capable, Lui, de susciter contre vous, d'en haut, ou de dessous vos pieds , un châtiment, ou de vous confondre dans le sectarisme. Et Il vous fait goûter l'ardeur [au combat] les uns aux autres.” Regarde comment Nous exposons Nos versets. Peut-être comprendront-ils ?


ou celui-là qui le suit:

6.67. Chaque prophétie arrive en son temps et en son lieu, Et bientôt vous le saurez.”








LE CONTEXTE

Nous sommes en l’an 35 de l’hégire (722). Le Chapitre un de l’histoire de la “fitnah” (rébellion) islamique était clos et le chapitre deux commençait. Le long conflit qui avait opposé Mahomet à Abu Sufyan resurgissait. Les premiers rôles y seraient tenus par Ali, le beau-fils de Mahomet, et Mu'awiyah, le fils d’Abu Sufyan.

Ali était enfin calife à la place du calife. Depuis la disparition de Mahomet, la vie d’Ali n’avait été qu’une suite d’humiliations. A la mort de Mahomet, Ali avait cru qu’on lui offrirait le Califat sur un plateau d’argent mais avait été évincé par Abu Bakr et son complice Omar. Il avait réclamé sa part d’héritage de Mahomet à Abu Bakr mais ce dernier se l’était approprié. Plus tard Omar avait accédé aux exigences d’Ali, bafouant les dernières volontés de Mahomet qui avait demandé que ses richesses ne soient pas divisées entre les membres de sa famille. Ali se considérait plus capable sur le plan islamique que les autres soi-disant Califes “bien guidés” mais il avait encore été évincé par Omar et Othman. Et n’avait pu enfin devenir calife que par le meurtre d’Othman. Instantanément d’autres musulmans de premier plan se soulevèrent contre lui. Ali avait mis hors de combat les partisans d’Aicha mais un nouvel adversaire encore plus redoutable se dressait maintenant entre le gendre du prophète et le pouvoir suprême : Mu'awiyah le puissant gouverneur de la Syrie. Mu'awiyah qui était lui-même le fils de l’un des plus grand ennemi de Mahomet, Abu Sufyan. L’ironie de la situation n’avait pas échappé à Ali.

Mu'awiyah n’était pas un novice. Son père était un vieux renard et il avait bien fait la leçon à ses fils.
Contraint le couteau littéralement sur la gorge de se convertir à l’islam, Abu Sufyan s’était souvenu du vieil adage: “Si tu ne peux pas les battre, joins-toi à eux” et était devenu musulman. Cela lui avait valu de nombreuses faveurs de la part de Mahomet et il avait consolidé sa position politique et celle de ses enfants. Quand Abu Bakr s’était fait désigner Calife, Sufyan avait prophétisé que ce coup d’état serait un jour la cause d’un bain de sang.

Mu'awiyah avait su s’entourer de gens capables. Son commandant en chef, Amr al-As, avait conquis l’Egypte et était devenu le premier gouverneur (wali) d’une région (l’Égypte) de l’histoire de l’Islam. Amr était lui-même l’un des proches Compagnons de Mahomet. C’était un chef et un stratège né. Ali ne l’impressionnait pas du tout.

Abdel_du_Un

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Message par Abdel_du_Un »

caius a écrit :LE CONFLIT DÉBUTE

Après la bataille du Chameau, Ali installa sa capitale à Koufa qui était géographiquement au centre de l’empire musulman et d’où il pourrait plus facilement parer une éventuelle attaque venant de Syrie. Jamais plus La Mecque ni Médine ne seraient le siège du pouvoir. Il entreprit ensuite ses préparatifs de guerre. Pendant ce temps, Mu'awiyah, apprenant les mouvements d’Ali, demandait conseil à Amr....

Amr a dit : “Puisque tu as appris qu’Ali s’est mis en route, commence tes préparatifs et assure-toi que tu l’affronteras avec tes vues et tes stratégies.” Mu'awiyah a répondu : “Dans ce cas, Oh Abu Abdallah, prépare les hommes !”

Amr commença à les préparer et à déprécier la force d’Ali et de ses partisans, disant : “Les gens de l’Irak se sont divisés, ils ont sapé leur propre force et émoussé leur lame. De plus, ceux de Bassorah sont opposés à Ali qui leur a fait du tort et leur a apporté la mort. Leurs chefs et ceux de Koufa se sont entretués à la Bataille du Chameau et Ali ne s’appuie que sur quelques bandes peu nombreuses dont ceux qui ont tué votre calife. Craignez Allah si vous abandonnez votre droit de réclamer vengeance et permettez que le sang d’Othman reste impuni.” (Tabari).



Tandis qu’Amr chauffait les troupes, astucieusement Mu'awiyah enrôlait les opposants à Ali....

“Il écrivit à tous ceux qu’il pensait effrayés par Ali ou qui avaient dit du mal de lui et à tous ceux qui considéraient que le sang dOthman répandu était un sujet grave et il leur demanda de l’aide contre lui” (page 3)

Alors que les troupes d’Ali progressaient vers la Syrie, certaines des cités par lesquelles ils passaient refusèrent de l’aider. Il fallut menacer de mort les habitants de ces villes pour qu’ils ravitaillent l’armée.

Les armées entrèrent en contact en mai 657 à Siffîn près de l’Euphrate où le gros des forces de Mu'awiyah avait installé son campement.

«Etant donné que Çiffîn commandait, jusqu'à une longue distance, le seul accès à l'eau de l'Euphrate, Mu'âwiyeh avait placé Abul-Awr, l'un de ses Généraux, à la tête de dix mille combattants, à cet endroit, afin de fermer cet accès aux troupes de 'Alî. Pas très longtemps après l'occupation par l'armée rebelle de cette position avantageuse, 'Alî arriva au même endroit et fit camper son année à proximité. Ses hommes découvrirent rapidement que la source prévue de leur approvisionnement en eau leur était interdite d'accès.

'Alî envoya alors une délégation à Mu'âwiyeh pour lui demander de renoncer à un avantage inadmissible entre gens liés par des liens de parenté, même lorsqu'ils se trouvaient en état d'hostilités, lui assurant que s'il avait eu lui-même cet accès sous son contrôle, il l'aurait mis à la disposition des deux armées sur un pied d'égalité. Mu'âwiyeh fit connaître immédiatement le contenu du message à ses courtisans dont la plupart dirent qu'étant donné que les meurtriers de 'Othmân avait coupé tous les approvisionnements en eau du palais de 'Othmân, ce ne serait que justice, s'ils subissaient maintenant le même traitement.

'Amr Ibn al-'Âç était toutefois d'un avis différent, déclarant que 'Alî, de toute façon ne laisserait pas mourir de soif son armée alors qu'il avait derrière lui les légions de guerriers de l'Irak et devant lui l'eau de l'Euphrate, et ajoutant, pour conclure, qu'en fin de compte, on n'était pas là pour se battre pour une outre d'eau, mais pour le Califat. Cependant le premier avis l'emporta et la délégation fut renvoyée avec le message suivant: "Mu'âwiyeh était résolu à ne pas renoncer à ce qu'il considérait comme étant la garantie de la future victoire".

Cette interdiction d'accès à l'eau vexa beaucoup 'Alî et le laissa perplexe quant à la mesure à entreprendre, et ce jusqu'à ce que la privation d'eau devint insupportable et que Mâlik al-Achtar et Ach'ath, fils de Qays le prièrent de les autoriser à ouvrir la voie d'accès à l'eau par la force. Cette autorisation ayant été donnée et une proclamation dans ce sens ayant été faite dans le camp, dix mille hommes se rassemblèrent en moins d'une heure derrière l'étendard de Mâlik al-Achtar, et dix mille autres autour de la tente d'al-Ach'ath.

Disposant leurs troupes respectives dans un ordre convenable, les deux commandants conduisirent leurs deux armées en direction du lit de l'Euphrate et, après avoir averti vainement Abul-Awr de la nécessité de dégager la rive du fleuve, Mâlik, à la tête de la cavalerie, et Ach'ath à la tête de l'infanterie, se refermèrent sur l'ennemi. Pendant l'action qui suivit, Mâlik était presque exténué par la soif et l'effort, lorsqu'un soldat qui se trouvait à côté de lui, le pria d'accepter de lui une gorgée d'eau. Mais le généreux guerrier refusa de s'abreuver avant d'avoir soulagé les souffrances de ses hommes. En même temps, étant attaqué par l'ennemi, il tua sept de ses plus courageux soldats. Mais la soif épuisante de Mâlik et de ses troupes devint à la longue insupportable. Aussi ordonna-t-il à tous ceux qui portaient des outres à eau de le suivre à travers les rangs de l'ennemi et de ne le quitter qu'une fois qu'ils auraient rempli leurs récipients. Perçant la ligne de l'adversaire, Mâlik se dirigea directement vers le fleuve, où ceux qui le suivaient s'approvisionnèrent en eau.

Dans le lit de l'Euphrate une bataille fit rage, et Abul-Awr, constatant que ses troupes fuyaient devant l'attaque irrésistible de leurs assaillants, et ayant perdu sa position, dépêcha un messager à Mu'âwiyeh, lequel envoya immédiatement à son secours 'Amr Ibn al-'Âç avec trois mille cavaliers. L'arrivée de ce général semble cependant avoir rendu la victoire de Mâlik plus proche. En effet, dès que ce dernier eut appris l'approche de 'Amr, il se couvrit de son bouclier et poussa son cheval vers lui avec une impétuosité irrésistible. 'Amr ne put esquiver la fureur de son adversaire qu'en se retirant vers les rangs des Syriens. Mais beaucoup de ceux-ci furent soumis à l'épée et un grand nombre d'entre eux furent jeté dans le fleuve, alors que le reste fuyait pour chercher refuge dans le camp de Mu'âwiyeh.

Les troupes de 'Alî ayant réussi à déloger l'ennemi, s'installèrent tranquillement dans cette ville d'eau et dans ses environs. Avalant amèrement les reproches de 'Amr, Mu'âwiyeh se trouvait à présent réduit à solliciter l'indulgence de son adversaire à qui il avait tout récemment refusé la sienne propre. Mais 'Alî, avec sa générosité de coeur et la magnanimité inhérentes à son caractère, garantit volontiers à ses troupes l'accès à l'Euphrate. A partir de ce moment-là les combattants des deux armées purent aller et venir au fleuve avec une confiance et une liberté égales».
("History of the Saracens" de S. Ockley, p. 312)

A la suite de cette première victoire, Ali estima qu’il était en position favorable pour entamer le dialogue. Il appela Mu'awiyah à l’obéissance due au successeur du Prophète et à l’unité de l’Islam. Mu'awiyah répondit que si Ali châtiait les meurtriers d’Othman il lui ferait allégeance. Les échauffourées et la guerre des mots continuèrent donc.


Tabari rapporte un intéressant dialogue entre Mu'awiyah et les messagers d’Ali. Cette discussion démontre que les dirigeants musulmans n’étaient pas dupes des vrais enjeux du conflit :

“ Mu'awiyah, je comprends ta réponse à Ibn Mihasn, et, par Dieu, nous savons très bien ce que tu veux obtenir. Le seul moyen que tu as pu trouver pour égarer le peuple, pervertir leurs désirs, et obtenir son obéissance c’est de dire : “Votre Imam a été injustement tué et nous voulons venger son sang !” Une populace stupide à répondu à ton appel mais nous savons que tu as traîné pour aider Othman et que tu souhaitais sa mort de sorte que tu pourrais obtenir cette position que tu convoites maintenant.


Les combats continuaient donc sous la forme d’escarmouches car Ali souhaitait éviter une répétition du massacre de la Bataille du Chameau. Les accrochages étaient plus ou moins féroces d’un jour à l’autre mais dans l’ensemble aucun affrontement grande ampleur n’avait encore eu lieu. Ali croyait encore possible une soumission de Mu'awiyah.

Sur ce, le mois de mouharram (premier mois du calendrier musulman - son nom dérive du terme arabe haram, signifiant à la fois sacré et interdit) commença, Alî déclara qu'il voulait que l'on cesse les combats pendant le mois sacré. Durant ce mois de trêve, les deux armées se firent donc face, sans combats de grandes ampleurs. Ali en profita pour de nouveau tenter en vain d’obtenir l’allégeance de Mu'awiyah...

Mu'awiyah répondit : “On dirait que tu es venu juste pour menacer et non pour obtenir un accord. Tu ne pourrais pas te fourvoyer davantage Adi (le messager d’Ali). Je suis le fils de Harb, (Harb signifie guerre — le nom de son grand-père), par Dieu, Tu es un de ceux qui criaient contre Othman, un de ceux qui l’ont tué et j’espère que tu seras un de ceux que Dieu tuera pour cela. Comme tu te trompes, Adi Hatim ! — Tu as recours à la force quand tu ne peux pas réussir par la persuasion » (page 22).


Le dialogue se poursuivit sans succès pendant la trêve. Tabari rapporte une déclaration d’Ali très révélatrice de ce qu’il pensait de ses prédécesseurs et du meurtre d’Othman...

“Le peuple a désigné Abu Bakr calife et Abu Bakr a désigné Omar pour lui succéder et ces deux là se sont bien comportés et ont dirigé la communauté avec justice. Nous étions offensés de leur autorité sur nous, la famille du Messager de Dieu, mais nous leur avons pardonné. Ensuite Othman a régné et a fait des choses que le peuple trouvait répréhensible, de sorte qu’ils sont venus à lui et l’ont tué. Après ils sont venus à moi qui ne me mêlait pas de leurs affaires et ils m’ont demandé d’accepter le serment d’allégeance....Mais ensuite j’ai été atterré de découvrir la dissension de ces deux-là (Talha et al-Zubayr) qui m’avaient fait le serment d’allégeance, (NB :Ali se garde bien de préciser que c’était sous la contrainte) et l’opposition de Mu'awiyah à qui Dieu n’a donné ni préséance dans l’acceptation de la religion ni des aïeux ayant eu une bonne conduite envers l’Islam. Il est l’un de ceux à qui le Prophète à fait grâce et le fils de l’un d’eux, un membre de ce parti qui a persisté dans l’hostilité à Dieu, à Son Prophète, et aux Musulmans, lui et son père, jusqu’à ce qu’ils entrent à reculons dans l’Islam.


On voit à quel point l’orgueil d’Ali avait été blessé de son éviction du califat et quelle désinvolture envers le meurtre d’Othman ! En plus, en leur reprochant leur serment d’allégeance violé, Ali a le culot de se poser en victime de Talha et al-Zubayr alors qu’il sait parfaitement qu’il leur avait été extorqué. Enfin, il énonçait clairement que le combat entre Abu Sufyan et Mahomet reprenait à travers Ali et Mu'awiyah.



La Bataille d'Al-Jamal (du Chameau)

Le lendemain matin, tôt, le vendredi 16 Jamâdî II de l'an 36 H. (Nov., 656 ap. J. -C.), 'Âyechah entra dans le champ de bataille, assise dans une litière sur son grand chameau, al-'Askar. Elle fit l'inspection de ses troupes, qu'elle animait par sa présence et par sa voix. Dans l'histoire, cette bataille fut appelée "La Bataille du Chameau", en raison de la présence de la bête étrange sur laquelle était montée 'Âyechah, et ce, bien qu'elle fût livrée à Khoraybah, près de Basrah.

L'armée de 'Alî faisait face à l'ennemi en ordre de bataille, mais le Calife avait ordonné à ses combattants de ne charger que si l'ennemi les attaquait le premier. En outre, il leur donna l'ordre strict de ne jamais achever un blessé, de ne jamais poursuivre un fuyard, de ne pas s'emparer de butin et de ne jamais violer une maison. Et alors qu'une pluie de flèches lancées par l'ennemi tombait sur les troupes de 'Alî, celui-ci ordonna à ses soldats de ne pas rpondre au tir et d'attendre.

«Jusqu'au dernier moment 'Alî fit preuve d'une répugnance implacable à l'effusion du sang de Musulmans, et juste avant la bataille il s'efforçait encore d'obtenir l'allégeance de l'adversaire par un appel solennel au Coran. Une personne, nommée Muslim, s'avança alors immédiatement, levant un exemplaire du Coran dans sa main droite. Muslim se mit à fustiger l'ennemi pour l'amener à renoncer à ses desseins injustifiés. Mais la main qui portait le Livre Sacré fut coupée par un soldat de l'armée ennemie. Il porta alors le Coran dans sa main gauche, mais celle-ci fut à son tour coupée par un autre cimeterre. L'homme ne fut pas pour autant découragé, et il serra le Coran contre sa poitrine avec ses bras mutilés, continuant ses exhortations jusqu'à ce qu'il fût achevé par les sabres de l'ennemi. Son corps fut par la suite récupéré par ses amis et des prières furent faites sur lui par 'Alî lui-même. Le Calife ramassa ensuite une poignée de sable, la lança en direction des insurgés, invoquant contre eux la vengeance de Dieu. En même temps, l'impétuosité des hommes de 'Alî ne pouvait être retenue plus longtemps. Tirant leurs sabres et pointant leurs lances, ils se lancèrent vaillamment dans le combat qui fut livré de tous côtés avec une férocité et une animosité extraordinaires». ("Mohammadan History" de M. Price, cité par S. Ockley, op. cit., p. 308).

Le Sort de Talhah

Alors que la bataille faisait rage et que la victoire commençait à pencher du côté de 'Alî, Marwân Ibn al-Hakm (le Secrétaire Particulier du précédent Calife, 'Othmân), l'un des officiers de l'armée de 'Âyechah, remarqua que Talhah incitait ses troupes à se battre vaillamment.(128) «Voyez ce traître! dit-il à son serviteur. Tout récemment encore, il était l'un des assassins du vieux Calife. Et le voilà qui prétend être le vengeur de son sang. Quelle plaisanterie!» Ce disant, il tira dans un accès de haine et de furie une flèche qui perça sa jambe droite et la traversa pour toucher son cheval qui se cabra et jeta le cavalier par terre.

En ce moment d'angoisse, Talhah s'écria: «Ô mon Dieu! Venge 'Othmân sur moi selon Ta Volonté», avant d'appeler au secours. Constatant que ses chaussures ruisselaient de sang, il demanda à l'un de ses hommes de le ramasser, de le faire monter sur son cheval, derrière lui, et de le convoyer à Basrah. Et sentant sa fin proche, il appela l'un des hommes de 'Alî qui se trouvait là par hasard: «Donne-moi ta main, dit le mourant repentant, afin que j'y pose la mienne en guise de renouvellement de mon serment d'allégeance à 'Alî». Talhah rendit son dernier soupir en prononçant ces mots de repentir.

Lorsque 'Alî entendit le récit de sa mort, son cur généreux fut touché, et il dit: «Allâh ne voulait pas l'appeler au Ciel avant d'effacer sa première violation de serment par ce dernier serment de fidélité». Le fils de Talhah, Mohammad, fut lui aussi tué dans cette bataille.

Le Sort de Zubayr

Les remords et la componction avaient envahi le cur de Zubayr après avoir écouté le rappel par 'Alî de la prédiction du Prophète. Il ne fait pas de doute qu'il avait participé à la bataille sur l'instance de 'Âyechah et de son fils et à contre-coeur. Par la suite, il avait vu 'Ammâr Ibn Yâcir,(129) le vénérable et vieux Compagnon du Prophète, connu pour sa probité et son intégrité, être un Général dans l'armée de 'Alî. Il s'était rappelé alors avoir entendu de la bouche du Prophète que 'Ammâr serait toujours du côté des partisans de la justice et du bon droit et qu'il tomberait sous les sabres de mauvais rebelles. Tout avait semblé donc être de mauvais augure pour participer à cette bataille. Aussi se retira-t-il du champ de bataille et prit-il le chemin de la Mecque tout seul.

Lorsqu'il arriva à la vallée traversée par le ruisseau de Saba, où Ahnaf Ibn Qays avait campé avec une horde d'Arabes dans l'attente de l'issue du combat, il fut reconnu de loin par Ahnaf. «Personne ne peut-il m'apporter des nouvelles de Zubayr?» dit-il à l'adresse de ses hommes. L'un de ceux-ci, 'Amr Ibn Jarmuz, comprit l'insinuation et se mit en route. Zubayr voyant cet homme s'approcher, le soupçonna de mauvaises intentions à son égard. Aussi lui ordonna-t-il de rester à distance. Mais après avoir échangé quelques paroles, ils devinrent amis et tous deux descendirent de leurs chevaux pour faire la Prière, étant donné qu'il en était l'heure. Lorsque Zubayr se prosterna en accomplissant sa Prière, 'Amr saisit l'occasion et coupa sa tête avec son cimeterre.

Il apporta sa tête à 'Alî qui pleura à la vue de cette tête. Car il s'agissait de la tête de quelqu'un qui avait été son ami. Se tournant vers l'homme qui lui avait apporté ce cadeau macabre, il s'écria, indigné: «Va-t-en maudit. Apporte tes nouvelles à Ibn Safiyah en enfer». Cette malédiction inattendue enragea le misérable qui s'attendait plutôt à une récompense, et il proféra une bordée d'injures à l'adresse de 'Alî. Puis, dans un accès de désespoir, il dégaina son sabre et l'enfonça dans son propre coeur.


L'un reviens sur à serment d'allégeance et reconnaît implicitement son erreur, l'autre était tout simplement l'ami de Ali!

caius

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Ecrit le 29 nov.07, 02:15

Message par caius »

Abdel_du_Un a écrit :
Il apporta sa tête à 'Alî qui pleura à la vue de cette tête. Car il s'agissait de la tête de quelqu'un qui avait été son ami. Se tournant vers l'homme qui lui avait apporté ce cadeau macabre, il s'écria, indigné: «Va-t-en maudit. Apporte tes nouvelles à Ibn Safiyah en enfer». Cette malédiction inattendue enragea le misérable qui s'attendait plutôt à une récompense, et il proféra une bordée d'injures à l'adresse de 'Alî. Puis, dans un accès de désespoir, il dégaina son sabre et l'enfonça dans son propre coeur.


L'un reviens sur à serment d'allégeance et reconnaît implicitement son erreur, l'autre était tout simplement l'ami de Ali!
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C'est beau comme une crèche mais ils n'en étaient pas moins morts !
Sans compter que Ali venait de faire une victime de plus avec ses hypocrites reproches !

:D

caius

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Ecrit le 29 nov.07, 02:18

Message par caius »

LA FIN DE LA TREVE

Le mois de mouharram s’acheva et les combats reprirent. La bataille de Siffin consista en une série de d’engagements quotidiens : quelques bataillons s’affrontaient sans que l’ensemble des deux armées se jette dans la mêlée. L’ampleur des combats allait cependant toujours croissant.

Ammar, l’un des généraux d’Ali, lança une diatribe enflammée contre Mu'awiyah...

Gens d’Irak, voyez-vous celui qui était l’ennemi de Dieu et de Son Messager et les a combattus, celui qui opprimait les Musulmans et soutenait les polythéistes ? Mais quand Il a vu que Dieu affermissait sa religion et accordait la victoire à Son Messager, il est allé trouver le Prophète et a accepté l’Islam, par peur et non par conviction, nous semble-t-il. Puis Dieu a rappelé à Lui son Messager et, par Dieu, cet homme a continué à être connu pour son hostilité envers les Musulmans et son soutien aux malfaisants. Aussi soyez fermes contre lui et combattez-le car il éteindra la lumière de Dieu et aidera Ses ennemis.” (Tabari pages 31 et 32).

Le discours d’Ammar n’était qu’à demi vrai. Abu Sufyan ne s’était pas converti de son plein gré. On s’en souvient, en présence de Mahomet, Al Abbas lui avait crié : deviens musulman ou ta tête va tomber ! Sufyan n’avait pas la vocation du martyre et, comme tant d’autres depuis lors, il s’était converti pour sauver sa vie. Notons au passage que Mahomet approuvait les conversions forcées et qu’elles sont toujours approuvées de nos jours par la communauté musulmane. De son vivant même, Mahomet avait corrompu sa propre foi pour consolider son pouvoir. Les combines de Mahomet se retournaient contre sa famille !

La bataille durait depuis plusieurs jours.

Ubaydallah bin Umar bin al-Khattab — le fils d’Omar le second Calife “bien guidé” — s’était donc rangé du côté de Mu'awiyah et commandait l’une des ailes de l’armée ....

Les Syriens battirent en retraite mais ils ne mirent pas longtemps à attaquer de nouveau et Ubaydallah b. Umar disait : “Hommes de Syrie ! Les hommes de ce clan de l’Iraq sont les assassins d’Othman b. Affan et les partisans d’Ali Abi Talib. Si vous vainquez cette tribu, vous aurez votre revanche pour Othman et Ali b. Abi Talib et ceux de l’Iraq seront détruits...” (page 61).

Les choses ne tournèrent pourtant pas comme le fils d’Omar l’avait espéré. Un des soldats d’Ali raconte....

Nous avons enfourché nos chevaux et sommes entrés dans le combat. En peu de temps Dhu al-Kala était abattu et Ubaydallah b. Umar tué... (page 62).

Ainsi, les fils d’Abu Bakr et d’Omar, les deux compères qui s’étaient si bien entendus pour s’emparer du pouvoir, s’étaient rangés dans deux camps totalement opposés. Même les fils des Califes soi-disant “Bien Guidés” de l’Islam s’entretuaient !


Un dialogue entre un jeune guerrier et Hashim b. Utbah (un des lieutenants d’Ali) illustre parfaitement des membres de la « base » du parti d’Ali quant au meurtre d’Othman....

Hashim lui a dit : “Qu’est-ce que tu as à voir avec Ibn Affan ? (Othman). Ce sont les compagnons de Muhammad et les fils de ses compagnons et le courroux du peuple qui l’ont tué quand il a introduit des innovations et s’est opposé à l’autorité du Livre. Ce sont des gens de religion et plus dignes de gérer les intérêts du peuple que toi et tes compagnons. Je ne pense pas que les intérêts de cette communauté et de cette religion aient été négligés un seul instant. (page 71).

Il devenait évident qu’Ali ne punirait jamais les assassins d’Othman ... au contraire , on les justifiait dans son camps.

caius

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Ecrit le 29 nov.07, 02:50

Message par caius »

LA FIN DE LA BATAILLE DE SIFFIN

Ali dit à ses hommes : « préparez-vous à combattre demain ». Un assaut général qui dura deux jours vit l'armée de Mu`âwîya reculer. Les combats furent d'une intensité jamais vue jusqu'alors. À la fin de cette attaque, on comptait 40.000 tués dans les deux camps sans compter ceux qui succombèrent à leurs blessures dans les jours suivants. La situation devenait critique pour Mu'awiyah. Amr, le général de Mu'awiyah, lui proposa une ruse......

Quand Amr b. al-As vit que la position des Iraquiens s’était renforcée, il craignit que cela n’entraîne la destruction et il a dit à Mu'awiyah : “Et si je te proposais quelque chose qui ne pourrait qu’accroître notre unité et leur division?” “D’accord,” a dit Mu'awiyah. Amr a dit : “Nous lèverons les masahifs (pages du Coran) et dirons : “leur contenu doit décider de notre dispute.” Même si certains d’entre eux refusent de l’accepter tu verras que certains diront : “En effet, oui, nous devons accepter,” et la division s’installera entre eux. Si, d’un autre côté, ils disent : “Oui, en effet, nous acceptons,” alors nous nous serons sortis de ce combat et de cette guerre jusqu’à un moment mieux choisi ou une meilleure occasion.” Aussi, ils levèrent les masahifs sur leurs lances et dirent : “C’est le Livre de Dieu qui est entre nous et vous. Qui protègera les frontières des districts des Syriens s’ils périssent tous et qui protègera celles des Iraquiens s’ils périssent tous ?” Quand les hommes (d’Ali) virent que les masahif avaient été levés, ils dirent : “Nous répondons au Livre de Dieu et nous nous tournons repentants vers lui.” (page 78).

La ruse d’Amr avait marché au-delà de ses espèrances ! Les hommes d’Ali s’étaient divisés et exigeaient qu’il négocie. Ali enrageait....

Ali a dit : “Serviteurs de Dieu, continuez à combattre vos ennemis car la vérité et la justice sont de votre côté. Mu'awiyah, Amr, Abi Muayt, Habib Maslamah, Ibn Abi Sarh (Abdllah bin Sad Abi Sarh, un des scribes de Mahomet qui, avec sa permission, avait en plusieurs occasions modifié des versets du Coran. S’étant rendu compte que si le coran venait de Dieu, il ne devait pas être changé sur la suggestion d’un scribe comme lui, il avait apostasié et était retourné chez lui à La Mecque. Inutile de dire que, quand il eut conquis La Mecque, Mahomet ordonna sa mise à mort mais il fut sauvé par Othman qui obtint avec beaucoup de difficultés son pardon) et al-Dahhak sont des hommes sans religion ni Coran. Je les connais mieux que vous car je les ai côtoyés aussi bien enfants qu’adultes et ils étaient les pires des enfants et les pires des hommes. Ils ne les ont pas exaltés (les masahif – les pages du coran) et ils ne les exaltent pas et ils ne savent pas ce qu’ils contiennent. Ils ne les ont levés vers vous que pour vous tromper, vous abuser et vous rouler. Ils lui ont répondu : “Si nous sommes appelés au Livre de Dieu nous sommes obligés de répondre.” Ali leur a dit : “Mais c'est pour les amener au Coran que je les ai combattus si longuement car ils ont désobéis aux commandements de Dieu, ils ont oublié leurs engagements envers Lui et rejeté Son Livre.” (page 79).

Le dialogue tourna court : ou bien Ali négociait ou bien ils se battraient contre lui aux côtés de Mu'awiyah. Ali leur répondit de ne pas oublier cette terrible faute car ils ne tarderaient pas à s’en repentir.

Alors qu’Ali était sur le point d’écraser ses adversaires, la situation s’était retournée en un instant et il se retrouvait maintenant coincé par la ruse de Amr et de Mu'awiyah !

Dans le camp d’Ali la dispute devenait de plus en plus violente et il réalisa qu’il devait rapidement lacher du lest s’il voulait conserver ses chances de victoire. Il donna donc son accord à l’arbitrage, espérant encore une issue favorable.....

“Nous avons accepté de faire du Coran l’arbitre entre nous et eux.” (page 81).

Mais la situation continua à empirer pour Ali....

Nos hommes ont dit : “Nous sommes satisfaits et nous acceptons.” Les Syriens ont dit : “Nous avons choisi Amr b. al-As et al-Ashath” et ceux qui sont par la suite devenus les Khawarij ont dit : “Nous choisissons Abu Musa al-Ashari.” Ali dit : “Vous me désobéissez depuis le début de cette affaire ; ne me désobéissez pas maintenant. Je ne pense pas que je devrais donner cette mission à Abu Musa.” Mais al-Ashath, Zayd b. Husayn al-Tai et Misar b. Fadaki insistèrent : “Nous ne voyons personne qui soit plus acceptable : Ce contre quoi il nous avait mis en garde, nous sommes tombés dedans.” Ali a dit : “Je ne le trouve pas digne de confiance. Il a rompu avec moi et a incité des gens à m’abandonner. Puis il s’est enfui jusqu'à ce qu’il y a quelques mois, je lui garantisse sa sécurité. (Nb :Abu Musa qui était gouverneur de Koufa lors de l’assassinat d’Othman, avait, au grand déplaisir d’Ali, appelé les musulmans à rester « neutres » lors de la bataille du chameau) Mais voici Ibn Abbas; nous allons lui donner les pleins pouvoirs pour cette affaire. Ils ont répondu : “Pour nous, entre toi ou Ibn Abbas cela ne ferait aucune différence... Ali a dit : “Refusez-vous d’accepter quelqu’un d’autre qu’Abu Musa?” Et les hommes ont répondu : “Oui.” Ali a dit : “Alors faites ce que vous voulez.” (pages 82 & 83).

Quelle amertume, quelle rancœur dans les dernières paroles d’Ali ! Le sol s’ouvrait sous ses pieds à l’instant même où il touchait au but. Ses ennemis s’étaient servis du Coran contre lui. Ses fidèles partisans avaient sauté à pieds joints dans le piège et refusaient de lui obéir. Et par-dessus le marché, ils exigeaient qu’Abu Musa Al-Ach'ari, un incapable à la loyauté douteuse mais renommé pour sa piété, soit leur arbitre. Quant à l’objet de l’arbitrage il consistait entre autres à savoir si, durant son règne, Uthman avait pris des décisions conformes à l’islam ou pas. Si c’était le cas, alors son élimination serait illégitime ( et donc ipso facto la désignation d’Ali en tant que calife) et Mu'awiyah pourrait venger son cousin. Naturellement Mu'awiyah avait désigné Amr comme arbitre. La rage au cœur Ali voyait venir le désastre mais ne pouvait rien faire.

Suprême humiliation, son titre de “Commandeur des Croyants” fut même effacé du document préliminaire des négociations...

Ils écrivirent : Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.. Voici ce que Ali le Commandeur des Croyants a agréé.” Mais Amr a objecté : “Ecrivez juste son nom et celui de son père, il est votre commandeur mais pas le nôtre.” Al-Ahnaf a dit à Ali, “N’efface pas le titre de Commandeur des Croyants car je crains que si tu l’effaces cette charge ne te revienne jamais... (mais....) ....il fut effacé.” (page 84).

Abdel_du_Un

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Ecrit le 29 nov.07, 02:55

Message par Abdel_du_Un »

caius a écrit :LE CONTEXTE

Mahomet vient de mourir sans avoir désigné de successeur. Les musulmans vont devoir déterminer eux-mêmes qui va maintenant devenir leur chef suprême (Caliphe). Il n’y a pas d’accord unanime au départ.

Nous avons déjà saluer ce choix démocratique

Tabari, Livre des prophètes et des rois I 349.

Pendant ce temps, les autres musulmans s'assemblaient pour délibérer. Le corps du prophète n'était pas encore lavé, que déjà la dissension s'élevait à Médine.
Un homme entra dans la mosquée et dit :
- Les Ansars[/color] (NDLR : habitants de Médine devenus musulmans (par oppositions aux Mohajirs (immigrés), les Mecquois qui avaient accompagné Mahomet quand il s’était exilé) - à la mort de Mahomet les Mohajirs devaient être quelques centaines tout au plus)

se sont réunis et prêtent serment à Sad ibn Obada (chef d’un des clans de Médine).

d'autres sources disent qu'ils étaient pour Ali:
Dans "Ta'rîkh al-Kâmel" d'Ibn al-Athîr, il est dit que `Omar et d'autres promirent loyauté à Abû Bakr, mais que tous les Ançar (les Partisans médinois) ou certains d'entre eux déclarèrent : «Nous ne prêterons de serment d'allégeance à personne d'autre que `Ali».

autrement dit ces sont les artisans de'Ali qui voulaient évincer abou Bker et Omar de ces droits , dans ces conditions on ne peut leur reprocher de l'avoir fait pour Ali:

Nous avons déjà dépasser le débat en disant que tous étaient justifiés: Un chef devait être élu le plus vite possible, ce qui avait été fait:

Par ailleurs, il était normal qu'Ali ne cherche pas à devenir selon d'autre sources:

Selon "Usud al-Ghâbah", `Ali évoqua à ce moment-là ce que le Prophète lui avait dit un jour : «O `Ali ! Tu es comme la Ka`bah vers laquelle tout le monde doit se diriger, alors qu'elle, elle ne va vers personne (c.-à-d. qu'elle reste à sa place). Ainsi, si les gens venaient vers toi pour te prêter serment d'allégeance, accepte leur démarche. Ne vas donc pas vers eux, mais attends jusqu'à ce qu'ils viennent vers toi»

Cela va dans le sens de ce que je disais : à savoir le pouvoir ne doit être transmis (le but évidant du prophète étant d'éviter d'instituer la dynastie:
Enfin, le prophète* connaissait une partie du destin des compagnons:
il vit en songe que Abou baker règnerait 2 ans, Omar 10 ans, que otman mourait martyr...



Abu Bakr se leva, et, prenant Omar par la main, il sortit avec lui. Ali et Abbas restèrent auprès du lit du prophète, et prirent les dispositions pour le laver, l'ensevelir et l'enterrer. Abu Obayda ibn al Jerrah, vint au devant d’Abu Bakr et d’Omar qui se dirigeaient vers le lieu où étaient rassemblés les ansars et leur dit :
-Retournez, car les ansar sont réunis dans la Saqifah (lieu de reunion) des Banu Sayda et proclament Sad ibn Obada, sans se soucier de ce que le prophète est mort et de ce qu'il n'est pas encore enterré. Mais vous, qui êtes les proches du prophète, des muhajirs, retournez et procédez à l'ensevelissement; ensuite établissez l'un des vôtres comme votre chef, car les Ansars ne voudront plus se soumettre à vous. Abu Bakr répliqua :
-Par Allah, je ne m'en retournerai pas que je ne les aie vus et entendus !
Il prit Abu Obayda par la main, et se rendit avec lui et Omar au lieu où étaient réunis les ansar.[/color]

Omar, Anu Bakr et d’autres Muhajirs se ruent donc à la Saqifah pour empêcher les ansars de proclamer calife Sad Ibn Ubada :

Ibn Hisham, « Conduite de l'envoyé d'Allah » 1015 :
'Omar raconta : Nous sommes allés les trouver, dans la cour des Banu Saida. Au milieu d'eux, il y avait un homme emmailloté. En réponse à mes questions, on me dit que c'était Sad ibn Ubada et qu'il était malade. Nous nous sommes assis et leur porte-parole a prononcé la shahadah et a loué Allah comme il se doit et a dit:
- Nous sommes les auxiliaires d'Allah et l'escadron de l'islam. Vous, Muhajirs, vous êtes de notre famille et une partie de votre peuple qui s'est établi ici.
Omar a dit:
- Oui, ils ont esayé de nous couper de notre origine et nous ont ôté notre autorité.
(...)
Abu Bakr a dit:
- Du calme, Omar.
(... )


Habilement Abu Bakr et Omar divisent les Ansars. En effet, les deux grandes tribus de Yathrib (Médine), les Aws et les Khazrej s’étaient à plusieurs reprises livrées à des guerres fratricides. Un Calife issu de l’une des deux tribus pourrait bien persécuter l’autre… les Ansars se résignent donc à ce que le Calife soit choisi parmi les émigrés.

Il dit :
- Tout le bien que vous avez dit sur vous-mêmes est mérité. Mais les Arabes ne reconnaissent l'autorité que dans ce clan des Quraysh, qui sont les meilleurs des Arabes dans ce pays et par le sang. Je vous offre donc d'un de ces deux hommes: acceptez celui que vous voulez .(...)
L'altercation devenait de plus en plus violente et une rupture complète était à craindre, et j'ai dit :
- Lève la main, Abu Bakr.
Il l'a fait et je lui ai rendu hommage.
Les Muhajir me suivirent et les Ansar aussi.
En faisant cela, ils ont piétiné Sad et quelqu'un a dit qu'ils l'avaient tué.
J'ai dit:
- Allah l'a tué.


Quelle pataqués ! Nous lisons donc que jamais Abou Bakr ne fut pas désigné calife par l’ensemble des musulmans mais seulement par une poignée de musulmans présents à la saqifa (cour,vestibule) du clan des Banu Saida en l’absence de la majorité des chefs

Nous avons déjà répondu à cette objection

Comment faire voter l'ensemble des musulmans à une époque si reculé

et surtout d’Ali, le principal candidat, qui n’était même pas au courant de ce qui ce tramait à ce moment là. Le moins que l’on puisse dire est quAbu Bakr et Omar n’ont pas été très corrects à l’égard des autres Califes potentiels !

Abu Bakr et Omar n’ont pas de temps à perdre, il faut mettre Ali, le rival le plus dangereux, devant le fait accompli et à tout prix le forcer à faire allégeance !


« Ibn Hamid nous a raconté, selon ce que Jarir a raconté, selon Moughira, selon ibn Koleib qui a dit : Omar fils de Khatab vint au domicile d’Ali où Thalat, Zobeir et d’autres hommes parmi les immigrés s’était réfugiés et les menaça en ces termes « Je jure de brûler la maison si vous ne sortez pas faire acte d’allégeance » Zobeir sortit après avoir tiré son épée de son fourreau, mais il trébucha et l’épée tomba de sa main, ils sautèrent sur lui et l'immobilisèrent».
Tabari volume 2 page 233.


Incroyable n’est-ce-pas ? Et pourtant la menace d’Omar de bouter le feux à la Maison d’Ali et Fatima est confirmée par d’autres historiens musulmans comme Yarkoubi et Balazuri. Détail piquant, dans la version de Yarkoubi on lit même que, pour calmer cet énergumène d’Omar, Fatima doit menacer de retirer son voile :

« Fatima menaça les assaillants en ces termes « par Dieu si vous ne sortez pas de chez moi j’enlève mon hijab ( Littéralement Fatima dit « Sortez de chez moi ou je découvre ma chevelure !) »
« L’histoire » par Yarkoubi » tome 2 page 126

Et encore :

« Abou Bakr envoya Omar à la demeure de Fatima afin de contraindre Ali à faire acte d’allégeance. Omar arriva devant la demeure de Fatima et il avait dans sa main une mèche de feu, il rencontra Fatima sur le pas de la porte cette dernière lui dit « O fils de Kattab es-tu venu mettre le feu à ma maison ?» Ce dernier lui répondit « oui ».
Balazuri page 586.


Les récits varient sur ce qui s’est passé ensuite : selon certains bon gré mal gré Ali aurait prêté allégeance pour une durée de deux à six mois, selon d’autres Ali aurait refusé tout en promettant de se tenir tranquille.

Quoi qu’il en ait été Abu Bakr et Omar estiment désormais ne plus rien avoir à craindre d’Ali :

« Le lendemain matin, Omar conduisit Abou Bakr à la mosquée en lui disant « il y a encore beaucoup de personnes qui n’ont pas prêté serment, il faut que tous aient accompli cet acte ». Le peuple s’assembla dans la mosquée, Abou Bakr s’assit dans la chaire et Omar se tenant au-dessous de la chaire »

Tabari, Livre des prophètes et des rois



Ainsi tout aurait pu se dénouer sans haine mais dieu a voulu éprouver les croyants, parcequ'ils avaient oublier une partie des recommandations qu'il leur avait faites

quand au règne d'amour et d'abnégation du christ, c'est trop vite dit...
(plus facile à dire qu'à faire), judas volaiot déjà dans la caisse d'aumône du Maître...

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Ecrit le 29 nov.07, 03:11

Message par Abdel_du_Un »

caius a écrit : C'est beau comme une crèche mais ils n'en étaient pas moins morts !
Sans compter que Ali venait de faire une victime de plus avec ses hypocrites reproches !

:D

Ali venait de faire une victime de plus avec ses hypocrites reproches?
il le tue en le maudissant, il serait responsable de sa mort?

Mais depuis quand est-il permis de tuer quelqu'un pendant qu'il prie:
de plus il l'a trompé, enfin il aurait pu facilement le faire prisionnier puisque le meutrier était accompagné par plusieurs hommes, enfinil venait de se faire amis: il suffisait au moins de s'enquérir de ces ententions:

en quoi les reproches d'Ali étaient-elles hypocrites ou meutrières?


j'ai donné cet éxemple sur Le Sort de Zubayr et Talha juste pour montrer que vous tenter de dicréditer les compagnons du prophètes, en montrant leur hypothétiques erreurs , mais même là vous vous tromper!

vous marcher dans un brouillard épais!

caius

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Ecrit le 29 nov.07, 03:23

Message par caius »

LES NEGOCIATIONS



Sur le chemin de Koufa où il retournait pour attendre le résultat des pourparlers, Ali eut l’occasion de demander leur opinion sur la situation à diverses personnes. Ses partisans étaient très divisés. Un des hommes de sa suite rapporte les commentaires de la population...

“Ils disent : “Ali avait un puissant parti pour le soutenir et il l’a divisé, il avait une solide forteresse et il l’a rasée. Combien de temps faudra-t-il pour reconstruire ce qu’il a détruit et recoller ce qu’il a disjoint ?””... (page 95).


Autres commentaires de ses partisans...

“ Par Dieu, Ali n’a rien fait. Il est parti et maintenant il revient les mains vides.”... Ils sont partis pour Siffin avec Ali, plein d’amour fraternel et d’amitié et ils sont revenus plein de discorde et d’inimitié. ». (page 98).

Dans tous les territoires soumis à Ali, on se prononçait pour ou contre les négociations. Des mots, on en venait vite aux coups et de sérieuses rixes se produisaient. Ces commentaires avaient-ils fait de l’effet sur ceux qui l’avaient contraint à négocier avec Mu'awiyah ? Quoi qu’il en soit avant même d’arriver à Koufa, une bonne partie d’entre eux avaient changé d’avis ! Ces gens qui sont passés à l’histoire sous le nom de Khawarijites estimaient maintenant qu’Ali avait fait une erreur en envoyant un négociateur et qu’il devait immédiatement reprendre le combat contre Mu'awiyah !

Ali leur rappela que c’était eux qui l’avaient forcé à négocier et que, maintenant qu’il avait donné sa parole, il laisserait les négociations suivrent leur cours. Cette réponse les mit en colère et ils rétorquèrent qu’Ali rivalisait maintenant en impiété avec les Syriens ! De nouveau, Ali leur rappela que c’est eux qui avaient fait pression pour qu’il nomme un négociateur mais ils répondirent :

“Tu as dit vrai et il en a été comme tu l’as dit mais c’était de l’incroyance de notre part et nous sommes retournés à Dieu en nous en repentant. Repens-toi comme nous l’avons fait et nous te ferons le serment d’allégeance, sinon nous nous opposerons à toi.” (page 103).


Les reproches des Kharijites tenaient essentiellement en trois points :

- Ali avait « prit des hommes pour arbitres en ce qui concerne le dîn » : ce qui est désigné ici comme dîn est la question du pouvoir. ‘Alî avait donc remis en cause sa fonction de chef de la communauté en acceptant un arbitrage entre lui et son adversaire.

- « Alî a tué, mais n’a pas pris de butin » : allusion à la bataille du Chameau. Certains Kharijites n’avaient manifestement pas digéré de ne pas avoir pu piller les biens des partisans d’Aicha. Quoi qu’il en soit, ils en concluaient que si Alî n’avait pas respecté les règles de la guerre, c’est qu’il n’était pas certain d’être dans son droit.

- « Il a effacé son titre de amîr al-mu’minîn et a écrit son nom » : allusion au traité de Siffîn. Alî s’était rendu aux objections de ses adversaires qui ne reconnaissent pas son titre.

Finalement le premier schisme de l’islam fut consommé : les Kharijites, entre 4.000 et 12.000 hommes, se regroupèrent à un endroit appelé haroûrâ , déclarant qu’ils ne reconnaissaient ni Ali ni Mu'awiyah comme calife, que tout musulman était digne du califat même un esclave ou un noir (sic !) et que l’obéissance était due uniquement à Allah.

Pendant ce temps, comme Ali le redoutait, la stupidité d’Abu Moussa allait faire tourner au désastre la médiation :

Amr, manipulant habilement le décidément peu subtil Abu Musa, lui fit d’abord admettre qu’Othman avait été injustement assassiné et, qu’en tant que chef des Omeyyades, Mu'awiyah avait le droit de chercher à punir les assassins. De là, ce fut un jeu d’enfant de faire admettre à Abu Musa que les Syriens n’accepteraient jamais Ali ni les Irakiens Mu'awiyah et que la seule solution pour mettre fin au conflit était de d’écarter ces deux là du Califat en vue de permettre aux musulmans de désigner un nouveau Calife.

Naturellement Amr, riant dans sa barbe de tant de naïveté, salua la sagesse salomonienne d’Abu Musa et lui laissa l’honneur de proclamer leur accord.

Dès qu’Abu musa eut annoncé qu’ils s’étaient mis d’accord pour n’accorder le califat ni à Ali ni à Mu'awiyah et que le peuple choisirait le nouveau calife, Amr prit aussitôt la parole pour crier que les musulmans étaient témoins qu'Ali, l'ex-calife, était destitué par son propre représentant et que lui, Amr, considérait Ali comme indigne d’être calife mais qu’à son avis Mu'awiyah en était digne et qu’il lui faisait allégeance.

A ce signal, les hommes de Muawiyah proclamèrent aussitôt Mu'awiyah calife.

Comprenant enfin qu’Amr l’avait roulé, Abu Moussa se mit à l’insulter à coup de citations du coran (7:175 et 62:5) :

“Que fais-tu ? Que Dieu te confonde ! Tu as agi perfidement et injustement. «Tu es semblable au chien: il grogne quand tu l'attaques, il grogne quand tu le laisses tranquille»..” Et 'Amr lui répliqua : “Et toi, tu es "comme l'âne chargé de livres et qui n'en est pas plus avancé"” (pages 109, 110).


Dès que la nouvelle lui parvint, Ali implora Allah de maudire Mu'awiyah et ses partisans. Quand il l’apprit Mu'awiyah en fit autant....

Ali se leva en supplication et dit: “Oh Dieu, jette une malédiction sur Mu’awiyah, Amr, Abu al-Awar al-Sulami, Habib b. Maslamah, Abd al-Rahman, b. Khalid, al-Dahhak b. Qays, et al-Walid b. Uqbah. Mu'awiyah l’apprit et fit lui-aussi des supplications, il maudit Ali, Ibn Abbas, al-Ashtar, al-Hasan et al-Husayn (les fils d’Ali et de Fatimah). (page 110).


Les pieux Commandeurs des croyants, ombres de dieu sur terre, lancaient donc des rituels de malédiction comme de vulgaires sorciers vaudous. Ces despotes suivaient les traces de Mahomet qui priait parfois des jours entiers d’affilée pour que la malédiction d’Allah s’abatte sur ses adversaires.


En tout cas, le grand vainqueur était Mu'awiyah. Alors qu’il avait commencé les hostilités en position d’infériorité, il rentrait en Syrie renforcé et avec le titre de calife tandis que le camp d’ali était en pleine guerre civile :

En effet, à haroûrâ les rangs des khâridjites avaient continué à grossir. Ibn Abbas avait bien tenté de les raisonner mais ses discours n’en avaient ramenés qu’une minorité dans le camp d’Ali. Apprenant l’issue de l’arbitrage, les khâridjites estimèrent que le moment de passer à l’action était venu ; ils annoncèrent que tout musulman ne partageant pas leur avis était un apostat. Bien décidés à restaurer la pureté de l’islam (déjà) et à se tailler un royaume, ils se mirent en marche pillant, torturant et massacrant tout sur leur chemin.

Ils exerçaient leurs ravages au beau milieu du territoire d’Ali: Ali n’avait pas le choix, il lui faudrait d’abord les liquider avant de pouvoir s’occuper de Mu'awiyah. Il leur livra finalement bataille en un lieu appelé Nahrawan et les écrasa. Cette bataille est connue sous le nom de “Bataille du Canal.”


Les Khawarijites enfin vaincus, Ali pensait pouvoir enfin retourner l’ensemble de ses forces contre l’infâme usurpateur Mu'awiyah et en finir une bonne fois pour toutes avec ses ennemis. Il donna donc l’ordre de marcher sur la Syrie mais...

Quand Ali en eut fini avec les gens de Nahrawan (les Khawarijites), il loua Dieu et l’exalta et ensuite il dit à ses hommes : “Dieu vous a favorisé et fortifié dans votre victoire, aussi tournez-vous immédiatement contre vos ennemis.” Ils ont répondu : “Commandeur des Croyants nos flèches sont épuisées, nos épées sont émoussées, les pointes de nos épieux sont tombées et la plupart d’entre eux sont en pièces. Retournons dans nos villes de garnison et faisons les meilleurs préparatifs possibles. Peut-être le Commandeur des Croyants ajoutera-t-il à notre équipement celui de ceux d’entre nous qui sont morts car cela nous renforcerait pour affronter l’ennemi.” .... Mais ils ne sont ni allés faire ce qu’il a dit ni se préparer. (page 135, 136).

Ce pauvre Ali! Une fois de plus l’occasion d’en finir lui passait sous le nez. Ali eut beau traiter de lâches et de femmelettes ces hommes qui l’avaient suivis dans de si terribles combats fratricides, il n’y eut rien à faire. Ils étaient fatigués et ne croyaient plus en l’étoile d’un homme qui s’était toujours laissé mené par les évènements et semblait incapable de prendre la moindre initiative sans susciter d’âpres dissensions. Ils en avaient assez de répandre leur sang pour la vaine gloriole d’Ali.

Ce jour là Ali perdit définitivement l’initiative contre Mu'awiyah. Pendant le peu de temps qui lui restait à vivre, il devrait assister impuissant à l’écroulement de son empire.

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Ecrit le 29 nov.07, 04:19

Message par Abdel_du_Un »

caius a écrit :LA FIN DE LA TREVE

Le mois de mouharram s’acheva et les combats reprirent. La bataille de Siffin consista en une série de d’engagements quotidiens : quelques bataillons s’affrontaient sans que l’ensemble des deux armées se jette dans la mêlée. L’ampleur des combats allait cependant toujours croissant.

Ammar, l’un des généraux d’Ali, lança une diatribe enflammée contre Mu'awiyah...

Gens d’Irak, voyez-vous celui qui était l’ennemi de Dieu et de Son Messager et les a combattus, celui qui opprimait les Musulmans et soutenait les polythéistes ? Mais quand Il a vu que Dieu affermissait sa religion et accordait la victoire à Son Messager, il est allé trouver le Prophète et a accepté l’Islam, par peur et non par conviction, nous semble-t-il. Puis Dieu a rappelé à Lui son Messager et, par Dieu, cet homme a continué à être connu pour son hostilité envers les Musulmans et son soutien aux malfaisants. Aussi soyez fermes contre lui et combattez-le car il éteindra la lumière de Dieu et aidera Ses ennemis.” (Tabari pages 31 et 32).

Le discours d’Ammar n’était qu’à demi vrai. Abu Sufyan ne s’était pas converti de son plein gré. On s’en souvient, en présence de Mahomet, Al Abbas lui avait crié : deviens musulman ou ta tête va tomber ! Sufyan n’avait pas la vocation du martyre et, comme tant d’autres depuis lors, il s’était converti pour sauver sa vie. Notons au passage que Mahomet approuvait les conversions forcées et qu’elles sont toujours approuvées de nos jours par la communauté musulmane. De son vivant même, Mahomet avait corrompu sa propre foi pour consolider son pouvoir. Les combines de Mahomet se retournaient contre sa famille

Pas du tout! vous n'en firez donc pas avec vos énormités?

il est interdit de verser le sang du croyant: celui qui le fait devra en rendre compte devant Dieu et dieu sera couroucé contre lui:

(49) Abdullah Ibn mas’oud rapporta que le prophète dit : « le jour de la résurrection) un homme viendra en tenant la main d’un autre et dira : Pourquoi l’as-tu tué ? Il répondra : Je l’ai tué pour que la gloire soit pour Toi. Allah dira : Elle est certes à Moi. Et viendra cet homme en tenant la main d’un autre et dira : Celui-ci m’a tué. Allah dira : Pourquoi l’as-tu tué ? Il répondra : je l’ai tué pour que la gloire soit pour tel. Allah dira : Elle n’est pas à tel, et il sera coupable »[An- Nasaï]


Pour échapper à la mort lors d'une altercation certains polythéiste avit donc recours à l'attestation de foi:il n'y a de divinité que le vrai et seul Dieu, (Mohamed *est son messager)

Mais à part l'enceinte sacrée de la Mekke, ce n'est pas le polythéisme qui est le facteur qui déclenche une bataille!
il ne s'agit pas de guerre de conversion!






!






La bataille durait depuis plusieurs jours.

Ubaydallah bin Umar bin al-Khattab — le fils d’Omar le second Calife “bien guidé” — s’était donc rangé du côté de Mu'awiyah et commandait l’une des ailes de l’armée ....

Les Syriens battirent en retraite mais ils ne mirent pas longtemps à attaquer de nouveau et Ubaydallah b. Umar disait : “Hommes de Syrie ! Les hommes de ce clan de l’Iraq sont les assassins d’Othman b. Affan et les partisans d’Ali Abi Talib. Si vous vainquez cette tribu, vous aurez votre revanche pour Othman et Ali b. Abi Talib et ceux de l’Iraq seront détruits...” (page 61).

Les choses ne tournèrent pourtant pas comme le fils d’Omar l’avait espéré. Un des soldats d’Ali raconte....

Nous avons enfourché nos chevaux et sommes entrés dans le combat. En peu de temps Dhu al-Kala était abattu et Ubaydallah b. Umar tué... (page 62).

Ainsi, les fils d’Abu Bakr et d’Omar, les deux compères qui s’étaient si bien entendus pour s’emparer du pouvoir, s’étaient rangés dans deux camps totalement opposés. Même les fils des Califes soi-disant “Bien Guidés”

(le mot Rachid signifie "sincère, droit, intègre" et non bien guidé:)


de l’Islam s’entretuaient !

et oui le califat s'arrête théoriquement avec Othman qui a perdu le sceau de la prophétie dans un puit




Un dialogue entre un jeune guerrier et Hashim b. Utbah (un des lieutenants d’Ali) illustre parfaitement des membres de la « base » du parti d’Ali quant au meurtre d’Othman....

Hashim lui a dit : “Qu’est-ce que tu as à voir avec Ibn Affan ? (Othman). Ce sont les compagnons de Muhammad et les fils de ses compagnons et le courroux du peuple qui l’ont tué quand il a introduit des innovations et s’est opposé à l’autorité du Livre. Ce sont des gens de religion et plus dignes de gérer les intérêts du peuple que toi et tes compagnons. Je ne pense pas que les intérêts de cette communauté et de cette religion aient été négligés un seul instant. (page 71).

Il devenait évident qu’Ali ne punirait jamais les assassins d’Othman ... au contraire , on les justifiait dans son camps.


Bon j'avais ce que j'avais à dire et puisque le califat est maintenant terminé , tout ce que vous pourrez dire maintenant s'avèrera secondaire voire insignifiant

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Ecrit le 29 nov.07, 05:07

Message par caius »

Abdel_du_Un a écrit :


Bon j'avais ce que j'avais à dire et puisque le califat est maintenant terminé , tout ce que vous pourrez dire maintenant s'avèrera secondaire voire insignifiant
Je vais donc terminer l'histoire d'Ali.

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Ecrit le 29 nov.07, 05:10

Message par caius »

LE FILS D’ABU BAKR : L’ASSASSIN D’OTHMAN

Mu'awiyah choisit de prendre son temps pour en finir avec Ali. Plutôt que de l’attaquer de front, il lui rognerait petit à petit les griffes. Pour commencer, il le priverait de sa plus riche province. On se rappelle que beaucoup de musulmans reprochaient à Ali de ne pas avoir puni les meurtriers d’Othman et qu’au contraire, il avait même nommé Muhammad b. Abi Bakr gouverneur de l’Egypte. C’était, on s’en souvient, le fils d’Abu Bakr, le tout premier calife “bien guidé”, le meilleur ami de Mahomet. Or, Muhammad b. Abi Bakr était à la tête de ceux qui avaient massacré Othman (les premiers récits mentionnent tous qu’il était dans la résidence d’Othman la nuit du meurtre et qu’il a porté la main sur le vieil homme. Les récits plus tardifs taisent pudiquement son rôle et à ce jour les musulmans se déchirent toujours quant à sa participation à l’assassinat).

Mais la roue avait tourné pour Muhammad b. Abi Bakr. Mu'awiyah envoya une expédition conquérir l’Egypte. Les troupes de Muhammad se débandèrent et il fut capturé. On le traîna devant Mu'awiyah...

Mu'awiyah lui a dit : “Je te frappe uniquement pour venger Othman.” Muhammad lui a demandé : Qu’as-tu à voir avec Othman? Il agissait injustement et rejetait l’autorité du Coran, Et Dieu a dit : “Ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, ceux-là sont des injustes.” Nous l’avons retenu contre lui et nous l’avons tué, mais vous lui donnez du mérite, vous et vos pareils. Dieu nous a absout — si Dieu le veut — de son péché, mais vous partagez son crime et l’énormité de son péché, et quiconque vous suit est pareil.
Mu'awiyah se fâcha, il le fit avancer et le tua. Ensuite, il le fit placer dans le cadavre d’un âne qu’il fit brûler. (page 158)
.

Notons que, face à la mort, Muhammad bin Abu Bakr a bien reconnu avoir assassiné Othman.

Abu Sufyan n’avait-il pas prédit que le sang serait un jour versé à cause de la désignation illégitime d’Abu Bakr comme Calife ? Le fils d’Abu Sufyan venait d’exécuter le fils d’Abu Bakr !

Quand il sut qu’il avait perdu l’Egypte, Ali resta prostré. Une fois de plus il n’avait rien pu faire. Ses partisans se retournaient contre lui ou l’ignoraient, les plus vaillants de ses hommes étaient tombés au combat ou avaient été assassinés, une fois de Mu'awiyah l’avait battu. Au désespoir, Ali écrivit à Ibn Abbas....

“Maintenant l’Egypte a été conquise et Muhammad b. Abi Bakr a été martyrisé. ... Dés le début je me suis levé parmi eux et je leur ai ordonné de lui porter secours avant que la calamité survienne. Je les ai appelés en secret et en public, encore et encore. Certains sont venus en rechignant, certains ont fait des excuses mensongères et certains sont restés où ils étaient. Je supplie Dieu de me donner une solution et une échappatoire à ces gens et qu’Il me délivre vite d’eux. Par Dieu, si je n’étais pas si désireux de mourir pour la cause de Dieu je ne resterais pas un jour de plus parmi eux....” (page 164).

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