pauline.px a écrit :[...] Bref, à mon avis, nous voyons de façon très voisine l’activité scientifique, la démarche scientifique et le Corpus de tous les résultats scientifiques.
Peut-être... je ne pourrais me prononcer là-dessus.
pauline.px a écrit :Et pourtant nous n’en tirons pas les mêmes conséquences.
Si je suis très attentive au progrès scientifique jusqu’à présent je n’ai trouvé dans le Corpus de tous les résultats scientifiques que de bonnes raisons faire confiance en une religion révélée.
Mais au fond, je reconnais tout à fait que c’est une conséquence plus « esthétique » que « logique ».
J'apprécie que vous le reconnaissiez.
Mais je suis étonné toutefois. Vous invoquez allègrement le NOMA de Gould plus bas (j'y reviendrai) mais vous trouvez pourtant "de bonnes raisons",
dans la science, de faire confiance à une religion révélée. Cela sonne comme une contradiction à mes oreilles.
pauline.px a écrit :Quoi qu’il en soit, rien dans la Science ne vient infirmer à mes yeux l’appel que je crois avoir reçu.
Voilà d’ailleurs pourquoi je suis intervenue sur ce topique.
Disons qu'il n'existe aucune preuve (et quand on parle de preuve, c'est qu'on est dans le domaine scientifique, implicitement) qui démontre absolument l'inexistence de Dieu. C'est un non-sens d'ailleurs que de vouloir prouver l'inexistence de quelque chose. Sinon, je vous prierais de bien vouloir me démontrer l'inexistence de la théière de Russell, car j'y crois fermement.
Par ailleurs, s'il n'existe aucune preuve définitive à propos de Dieu lui-même, il y a tout de même certaines choses liées au sujet qui, d'une certaine façon, semblent être à côté de la plaque... Et pour ne prendre qu'un exemple facile: la question des miracles.
pauline.px a écrit :Forte de cette lecture de la Science, je m’attendrais de la part de celles et ceux qui n’ont reçu aucun appel plutôt à ce qu’ils refusent les aprioris, les préjugés, l’extension à l’absolu d’un savoir scientifique…
Bien sûr, tout adepte de la démarche scientifique, quand il l'emploie, refuse les aprioris, préjugés, etc. N'aviez-vous pas compris cela? Ou ai-je mal compris votre phrase?
pauline.px a écrit :Bref !
N’ayant pas l’impression de jeter un regard myope sur la Science, je m’attendrais plutôt à ce que la rigueur scientifique pousse certains soit à l’agnosticisme soit à l’indifférence religieuse soit à une conviction n’ayant totalement aucun rapport avec la Science mais avec la politique, l’esthétique, le pragmatisme, les rencontres, les expériences…
C'est le cas en réalité. Il y a eu un débat qui a pris pas mal d'ampleur sur ce forum, vis-à-vis de la position agnostique par rapport à la position athée. Personnellement, j'y vois désormais deux facettes d'une même position. Aucun athée dûment réfléchi ne proclamera purement et simplement l'inexistence absolue de Dieu. Et surtout pas au nom de la Science. C'est une question d'opinion, comme dans les domaines de la politique, de l'art, etc. Mais ce n'est pas parce que c'est une question d'opinion que toutes les opinions se valent. Ou qu'il n'est pas nécessaire d'avoir une argumentaire solide si on souhaite voir sa position prise au sérieux.
Je ne peux honnêtement pas prendre au sérieux la position croyante sur la question de Dieu, tout simplement parce que leur argumentaire ne tient pas la route, de A à Z.
pauline.px a écrit :Enfin, au sujet de votre <<<< La foi est tout simplement contraire à la démarche et rigueur scientifiques>>>>>
Je suis prête à être d’accord avec vous mais à présent la foi s’intéresse aux domaines où la Science par nature se tait. Les deux démarches seraient contradictoires, antagoniques, inconciliables si elles opéraient sur le même terrain, mais ce n’est plus le cas ou bien pas encore le cas.
Aujourd’hui, la Foi et la Science sont davantage complémentaires que concurrentes.
Le voici donc le fameux NOMA de Gould...
En fait, ce qui me dérange dans cette idée, c'est que j'ai du mal à comprendre qu'on puisse trouver un domaine d'expertise de la foi. Qu'il existe un champ d'application de la croyance. J'ai du mal à concevoir qu'il puisse exister des questions auxquelles seule la religion aurait une réponse.
Et même s'il existait un domaine à part pour la foi, je n'ose imaginer sa taille, surtout comparée à celle du champ d'investigation de la Science.
C'est en plus, souvent, un peu malhonnête intellectuellement pour des croyants d'invoquer le NOMA. Car, dès qu'il se présente un fait scientifique qui colle avec la religion, ne croyez pas que les tenants de la foi diront "et alors? cela n'a rien à voir avec la foi. Laissez la science de son côté et la foi du sien." Ils récupéreront rapidement ce genre de faits pour crédibiliser leur position.
Mais si le NOMA est populaire chez les croyants, c'est justement parce qu'il n'existe aucun fait scientifique qui va dans le sens de la religion, au contraire même.
Vous trouverez un avis plus détaillé dans "Pour en finir avec Dieu" de Richard Dawkins.
Ceci dit, si les gens emploient leur foi dans son domaine propre, et pas ailleurs (surtout en science), eh bien je n'ai aucun problème avec cela. Pour moi, c'est de la masturbation théologique, mais ce n'est qu'un avis personnel.
pauline.px a écrit :En définitive, je n’arrive pas du tout à vois le lien entre la Science et votre athéisme revendiqué.
Il n'y en a pas. Puis il ne faut pas confondre la science et la démarche scientifique. Je peux très bien appliquer la démarche scientifique dans un domaine non scientifique. Il n'est pas dit qu'elle donne des résultats pertinents à tous les coups, mais certains de ses outils sont précieux.
Et pour résumer rapidement ma position: je considère que la charge de la preuve revient à celui qui affirme. Et affirmations extraordinaires requièrent des preuves extraordinaires. Je n'ai rien vu, d'extraordinaire ou d'ordinaire, dans l'argumentation croyante, le plus souvent un tas d'inepties, de sophismes, tautologies et autres non-sens (surtout au sens de Wittgenstein). Rien de tout cela n'est convaincant à mes yeux. Si cela l'est pour vous, ou pour quelqu'un d'autre, grand bien leur fasse. Tant qu'ils n'essaient pas d'imposer cette conception à d'autres, ou de la faire passer comme logiquement, ou épistémologiquement, ou scientifiquement valide. Là, ils auront des bâtons dans les roues.
La foi individuelle ne m'a jamais posé problème, mais la religion est pour moi synonyme de fléau.