Jean Moulin a écrit :Mais si, justement. Le contexte se rapporte à des choses ayant rapport à la nourriture, mais pas seulement. Donc, le doute est permis, même s’il est minime !
A quelles choses n'ayant pas rapport à la nourriture se rapporteraient donc l'expression "s'abstenir (...) du sang" d'Actes 15:29, selon vous ?
En outre, même s'il s'avérait qu'il était peut-être possible, avec une probabilité minime tout de même, d'appliquer le "s'abstenir (...) du sang" biblique aux transfusions sanguines modernes, comment expliquer que les Témoins de Jéhovah retiennent tous cette interprétation improbable ? S'il y a doute minime, il devrait aussi n'y avoir qu'une minorité pour extrapoler ainsi un interdit alimentaire au refus de transfusion.
Le texte parle de "s'abstenir (...) du sang". Le contexte montre à l'évidence qu'il est fait référence aux prescriptions alimentaires de la loi mosaïque. Estimer que l'on pourrait étendre cet interdit à une thérapeutique médicale moderne sans lien avec la consommation alimentaire du sang d'un animal mort directement visé par ce texte, tout cela sur la seule conviction que "le doute est permis, même s'il est minime", revient à reconnaître que le refus inébranlable de transfusion sanguine repose moins sur la volonté de se conformer au texte biblique que sur l'entêtement à suivre une extrapolation largement douteuse.
Car, de votre aveu même, cet interdit n'est pas distinctement présent dans le texte biblique, la formulation du passage d'Actes 15:29 laissant tout au plus un doute minime quant à une possible extrapolation de ce texte à autre chose qu'une prescription alimentaire.
En bref, ce n'est pas parce que la Bible interdirait clairement les transfusions de sang que les Témoins de Jéhovah s'y soumettraient fermement ; c'est parce que les Témoins de Jéhovah refusent les transfusions de sang et proclament en même temps qu'ils ne font qu'appliquer la Bible et uniquement la Bible dans toutes leurs décisions, qu'ils doivent se chercher des prétextes, des extrapolations improbables dans le texte biblique pour justifier leur position.
D'où leur difficulté extrême à répondre à cette simple question : comment parvient-on du texte d'Actes 15:28,29 rappelant un interdit alimentaire de la loi mosaïque sur la consommation du sang d'un animal mort, au refus d'une thérapeutique médicale moderne utilisant le sang d'un donneur humain bien vivant ?
(La réponse à cette question est évidente : on renverse le problème, on ne part pas du texte biblique pour arriver au refus de transfusion ; on part du refus de transfusion, et on recherche dans le texte biblique ce qui pourrait grosso modo y ressembler le plus : tiens, chouette, une formule générale : "s'abstenir (...) du sang" ; bien ça, parlant comme slogan... à condition évidemment de ne pas y regarder de trop près, et de ne pas remettre les choses dans l'ordre. Sauf que respecter la Bible, ce n'est pas essayer d'y trouver des justifications à tous nos actes, c'est partir d'elle et la laisser façonner notre vie en conséquence).
Jean Moulin a écrit :Non, pas plus raisonnable que d’être si peu méfiants vis à vis des transfusions sanguines aujourd’hui (ce que sont la plupart des gens) !
Une position extrême n'est pas vraie parce que la position extrême opposée ne l'est pas. D'ailleurs, la plupart des gens n'ont pas une confiance absolue dans la transfusion, qu'ils considéreraient comme le remède universel à tous leurs maux. Ce sont les Témoins de Jéhovah qui diabolisent la transfusion sanguine comme un mauvais usage du sang aux yeux de Dieu ; la plupart des gens n'y voient qu'un "mal nécessaire", rares étant ceux qui se font transfuser pour le plaisir. Quant aux professionnels de santé, je doute qu'ils l'utilisent à la légère : "tiens, Madame Untel est revenue pour la troisième fois ce mois-ci pour sa douleur au pied ; je crois qu'une petite transfusion s'impose." Il est fini, le temps de Molière, où les médecins préconisaient la saignée comme panacée.

Ne réponds pas à un homme stupide selon sa sottise, de peur que tu ne deviennes pareil à lui, toi aussi.
Réponds à un homme stupide selon sa sottise, de peur qu’il ne devienne un sage à ses yeux.
(Proverbes 26:4,5, TMN)