On me dit qu’après des milliards d’essais pendant des milliards d’années, le hasard, la probabilité, pour que ce monde, parmi tant d’autres, apparaisse devient très élevée, et qu’il ne faut donc pas s’étonner que ce monde soit là, pas plus qu’il ne faut s’étonner qu’un dé tombe sur la face six, puisqu’il faut bien qu’il tombe sur une face. Je le comprends parfaitement.

Mais moi, je ne veux plus qu’on me parle de probabilité, parce que j’ai comme le sentiment qu’on veut me dérouter. Une probabilité, comme chacun sait, se calcule avant l’avènement de l’évènement, mais une fois qu’il est advenu. Or ce monde est bien là, alors basta de ces questions de hasard et de probabilité et considérons-le.

Toutes ces explications par hasard et probabilités qui sont données, je les aurais plus facilement admises si ce monde était… normal, je veux dire s’il était plongé dans l’obscurité. Or ce n’est pas le cas, il y a la lumière naturelle et, bizarrement aussi, les lumières de l’esprit apparues avec ce monde. Et ces lumières m’éblouissent, et c’est cette concomitance qui me met la puce à l’oreille et me gêne. Que va-t-on me dire encore ? Que cette concomitance du monde, de la lumière et des lumières, c’est encore de la probabilité ? C’est trop, vraiment ! Trop, c’est trop !

Mais supposons, supposons encore que c’est de la probabilité. Une fois cela supposé, se pose alors une autre question. Cette probabilité ou ce hasard, qui a réussi le double exploit de tout créer et de tout « concomiter », n’opère-t-elle pas justement comme un Dieu ? Oui, me dira-t-on, mais c’est juste le hasard, pas Dieu. Mais comment se fait-il que ce hasard soit éclairé et éclairant la Terre, les cieux et les esprits, comme un dieu ? Hasard encore ? D’accord ! Alors dernière question. Pourquoi ce hasard s’arrêterait-il en si bon chemin, qu’est-ce qui empêche alors ce hasard si prodigieux, aux pouvoirs super divins, de se muer en dieu, à ce dieu dont il a semé la graine dans notre esprit ? Au vu de ses états de service, il me semble en être tout à fait capable ! Si Dieu n’est pas à l’origine, il a un rendez-vous avec lui-même, il a tout l'air de se diriger droit vers sa propre rencontre.
