Gad a écrit :L'intuition ou le sentiment personnel entrent en jeu pour toutes les opinions et croyances. mais ces registres s'ils sont différents de la raison ne sont pas pour autant incompatibles: tout cela entre en action dans une reflexion et heureusement!
Qu'il y ait réflexion ne change pas grand chose au problème. Si tu bases ta reflexion sur des éléments qui ne sont pas rationnels, tu ne peux pas dire que ton raisonnement a été logique.
Je ne conteste en rien la possibilité qu'il y a d'avoir raison avec un tel raisonnement. Je dis seulement qu'en effet, si l'on en arrive avec autre chose que des arguments logiques, alors le raisonnement à l'origine de cette conclusion est illogique.
Leur incompatibilité tient du fait qu'ils ne peuvent être employés simultanément lors de l'analyse d'un argument donné. Une analyse se basant tantôt sur la foi, tantôt sur la logique est par définition une analyse qui n'est pas rationnelle, même si la conclusion est la bonne.
Gad a écrit :Non ce sont les dogmes des religions,certains rites ou pratiques qui peuvent s'opposer a la raison mais pas la foi en tant que telle. De nombreux athées font cette confusion. Et je maintiens que la foi peut aussi reposer sur la part de raison dont nous sommes dotés. Si je ne l'avais pas exercée je n'aurais pas la foi aujourd'hui. Seule la raison est insuffisante meme si elle est nécessaire.
Lorsque l'on fait appel à la foi, on ne fait pas appel à la raison. La foi n'est rien d'autre qu'un sentiment personnel, la subjectivité même, la propension d'une personne à croire ou ne pas croire en quelque chose. La foi ne se repose pas sur la raison. D'ailleurs j'en profite pour te dire que tu confond raison comme raisonnable et raison comme rationnel. Ces deux raisons ne sont pas les mêmes et vont parfois même jusqu'à s'opposer dans certains cas.
Du début à la fin, lorsque j'ai employé le mot raison, je pensais à rationnel. Et la foi, si elle peut parfois être raisonnable, n'est jamais rationnelle.
Gad a écrit :Affirmer une incompatibilité entre la foi et la raison (Kant) signifierait que toutes les personnes qui ont la foi (quelque soit l'objet) sont irrationnelles ou déraisonnables. Je ne partage pas cette vue qui n'est pas conforme...a la raison (lol)
C'est ici que la confusion est la plus grande. Une personne qui dans sa vie fait parfois preuve de manque de rationalisme n'en est pas pour autant quelqu'un d'irrationnel. Et comme à aucun moment je n'ai dit que la foi était déraisonnable (puisque jamais utilisé le mot raison dans ce sens là), cela clos le problème.
La foi est irrationnelle, il s'agit d'un "effort", d'un "acceptation" d'un état comme un fait sans en avoir de preuve logique. De ce fait, il y a en effet incompatibilité entre foi et raison et en effet, les gens qui ont la foi ont une attitude illogique et irrationnelle. Et ce n'est pas parce qu'ils adoptent cette attitude qu'ils sont des gens irrationnels et illogiques. Et ce n'est pas non plus parce que la foi est irrationnelle qu'elle est forcément mauvaise.
Les sentiments en général sont irrationnels. L'amour n'est pas rationnel, d'ailleurs on dit bien "Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas"
Blaise Pascal. Il en est de même pour la haine ou même l'intuition.
Gad a écrit :Je ne trouve rien a opposer a ce que tu dis ci dessus mais je me permets de réediter cela: raison et intuition sont differentes mais pas incompatibles elles sont agissantes dans tout individu ce sont les proportions qui changent....
Et je me permet de te contredire à nouveau: raison et intuition se succèdent, mais il n'est pas question de dosage ni de simultanéité. Les deux peuvent être utilisées dans une réflexion donnée, ce qui de fait rendra cette réflexion personnelle, subjective et non rationnelle.
Gad a écrit :Ma foi m'appartient et lorsque je l'exprime je le fais comme conviction et non comme certitude. Dans ce cas je n'impose rien a personne.Je peux te recommander le dernier "monde des religions" dans lequel des astro-physiciens (nobels) expriment des elements tres rationnels pour exprimer leur foi en une puissance superieure a la notre. (le sujet de ce numero special est science et religion et tu pourra y lire que de l'avis meme de ces scientifiques de renoms la frontiere n'est pas si tranchée qu'on le croit)

Et je doute que leur cheminement intellectuel et logique soit exempt de...raison.
Et pourtant par définition, il l'est. Les astro-physiciens ne sont pas des machines. Ils ont des convictions, des suppositions, certaines découvertes scientifiques font vaciller, confortent leurs pensées ou peuvent aussi leur être indifférent. Le fait est qu'utiliser un argument logique pour conforter une opinion ou la foi ne rend pas cette foi plus rationnelle. Il s'agit juste d'un élément à apporter en la faveur de cette option.
Le sentiment en lui-même qui est à l'origine de leur position et qui se trouve encouragé par certaines données n'est pas rationnel.
Donc non, leur cheminement intellectuel ne sera pas exempt de raison, mais il ne sera pas non plus entièrement rationnel, ce qui fait qu'il restera un cheminement personnel à propos duquel les gens en le lisant n'auront pas la même réaction.
Ce n'est pas parce que tel Nobel pense ceci que ceci est forcément une réflexion rationnelle. Il ne faut pas perdre de vue que même ces gens peuvent avoir des avis sur certains sujets, et même ces gens peuvent se tromper.
L'image est facile à se représenter en imaginant deux prix Nobel réfléchissant sur les mêmes bases issues de la science et pourtant ayant une conclusion différente. L'un n'a pas forcément plus raison (au sens raisonnable comme rationnel cette fois-ci) sur l'autre si les deux ont utilisé leur subjectivité.
Gad a écrit :Je t'invite a relire l'histoire de Sir Isaac Newton...ou celle de Gregor Mendel...cela pourra t'aider sur cette question.
Je les lirai, mais je suis certain de trouver dans leur raisonnement, un lien qui a été tissé non pas avec du fil de raison mais du fil subjectif, instinctif, où les deux scientifiques parlent alors de leur croyance personnelle qui se trouve alors confortée ou ébranlée.
Dire que l'on peut par la raison conclure à l'existence de Dieu suppose que cette existence serait prouvable. Or ce n'est pas le cas, il faut forcément croire un élément sur parole sur un point.
Je te rassure, ce type de raisonnement va aussi pour le fait de "croire l'inverse" (on ne peut selon moi conclure logiquement et rationnellement à son inexistence).
Gad a écrit :Il a des personnes intelligentes et douées d'erudition parmi les athées. Quand je dis que cela echappe a leur comprehension je parle d'un registre qui chez eux n'est pas utilisé et ce n'est pas la meme chose...Pas utilisé car nié....
L'hypothèse la plus recevable est surtout de penser qu'un argument est logique et rationnel alors qu'en fait il ne l'est pas et c'est pour ça que certains croyants pensent avoir la raison abondant dans leur sens alors que ce n'est pas le cas. Ce n'est pas tant le fait que les athées nient quelque chose, c'est pour beaucoup que certains croyants nient que leur raisonnement comporte à quelques endroit des arguments liés à leur propension naturelle à croire en quelque chose.
Ni plus, ni moins.
Gad a écrit :L'athéisme (surtout militant) n'est pas un savoir mais une posture philosophique basée sur un faisceau de croyances (eh oui).
Je n'ai jamais dit le contraire. Comme je l'ai dit dans mon discours que tu n'as pas du lire complètement attentivement, le fait de pencher d'un coté ou de l'autre de la balance (le fait de croire ou de ne pas croire) oblige forcément à user d'irrationalité à un moment ou à un autre (eh oui, je l'ai dit).
Donc j'abonde dans ton sens, et même mieux, j'ai été le premier à le dire (même si c'était dit autrement).
L'athéisme militant quand à lui est tout simplement une erreur, tout comme la croyance militante. Et cela, magique, justement parce que la croyance est une affair avant tout personnelle et n'est pas complètement rationnelle.
Gad a écrit :Et cette posture n'est basée que sur une négation souvent sommaire.
Souvent, mais pas tout le temps. Certains avoueront tout comme moi que leur propension liée à certains arguments eux logiques, est à la base de leur athéisme.
De même, certains croyants prétendent démontrer rationnellement l'existence de Dieu, il s'agit là aussi d'une prétention quelque peu audacieuse et maladroite.
Gad a écrit :De fait l'athée n'est pas moins intelligent que les autres il a juste un "manque".
C'est plutôt que les deux (croyant et athées) penchent plus d'un coté que de l'autre. Le seul truc que je reproche à nombre de gens des deux coté est leur incapacité à avouer qu'ils ne sont pas parvenu à cette conclusion que par la raison. C'est à cette catégorie de personne (des deux cotés) qu'il manque quelque chose. Les autres qui l'admettent (et il y en a des deux cotés), il ne leur manque pas cela.
Cette position que tu as adopté de ne pointer ce manque que chez les athées est quelque peu partiale. Pour ma part, j'admets que les deux ont leur lot à qui il manque une certaine introspection, et leur lot de gens qui admettent que la raison seule ne permet pas d'aboutir à une conclusion, quelle qu'elle soit.
Gad a écrit :Ce n'est pas ce que la psychologie enseigne...mais si tu est capable de me démontrer qu'un etre humain peut "separer" en lui-meme raison, intuition ou sentiments...ou encore opinions et croyances...Un registre exprimé par un individu ne signifie pas que les autres sont en mode "eteint"....
Je ne sais pas ce que tu as appris en psychologie, mais il est admis et à mon avis absolument vrai, que lorsque quelqu'un donne un avis, sa rationalité n'intervient pas, de même que lorsque l'on résout un problème de mathématique, il paraitrait idiot d'imaginer une personne écrivant "J'aime bien l'idée que ce triangle soit rectangle, il en a tout l'air à le regarder, donc je pense qu'il l'est." alors que dans ces situations, seule la raison compte.
Lorsque nous prenons des décisions, nous sommes partagés entre ce que nous voulons faire et ce que nous devons faire. Parfois, ces deux s'accordent et le choix est vite fait, mais parfois, on hésite. Et c'est tout simplement parce que plusieurs arguments logiques et émotions personnelles sont en jeu et rendent la décision difficile. C'est cela le conflit intérieur. Mais, et c'est mon cas, à chaque base de réflexion menant à une décision, il y a une part d'arguments rationnels et d'éléments intérieurs, et la réflexion peut être séquencée et organisée pour que l'on comprenne comment une décision donnée a été prise.
Certains n'y arrivent pas, mais je suis certain que la réflexion n'est pas un mélange simultané, c'est une suite, et il suffit généralement d'observer une personne dans son attitude au moment de son hésitation, pour imaginer que les pensées se succèdent et non se superposent. Donc, lorsqu'un certain registre est mis en application, l'autre est ignoré le temps que la situation s'inverse. Attention, je n'ai pas dit pour autant que tous les sentiments ne sont qu'une case les uns par rapport aux autres et que chaque pensée ne peut être composée de plusieurs sentiments. Seulement, la réflexion en elle-même oscille entre rationnel et personnel. Voila ce que j'avance comme hypothèse.
Si la psychologie dit l'inverse, je serais curieux d'en voir la démonstration. Je trouverais ça très intéressant.
Gad a écrit :Je partage. d'autant que je n'ai jamais dit qu'un argument avait les deux origines (coeur et raison)a la foi mais que les deux registres agissaient chez un individu concernant la foi en sa qualité d'approche dans la reflexion.
La foi étant un élément personnel, elle peut accompagner la réflexion mais rendra forcément cette dernière personnelle.
La foi n'est pas objective.
Oui, les deux registres agissent en un être, mais il faut se rendre à l'évidence. En ce qui concerne la croyance religieuse, il y a forcément une part de subjectivité (donc d'irrationnel).
Gad a écrit :La foi n'est pas deraisonnable seuls les dogmes des religions le sont et il te faut bien separer les deux.
Ce qu'il te faut séparer toi, c'est la notion de raisonable et de rationnel avec lesquels tu ne sembles pas familier.
D'ailleurs j'ai bien séparé foi et dogme dans mon raisonnement puisqu'à aucun moment, je ne parle des dogmes. Les dogmes en outre ne sont pas spécialement déraisonnables.
Mais ce qui est certain, c'est que la foi est irrationnelle. En ôtant la notion de dogme même, le simple fait de croire ou de ne pas croire en Dieu suppose obligatoirement une part d'irrationnel dans la réflexion, c'est cette part qui fait pencher de l'un ou de l'autre coté et qui détermine si l'on croit ou pas.
Gad a écrit :La foi n'a rien a voir non plus avec la superstition qui est un comportement dont la source est a chercher du coté des cultures...paiennes.

Les superstitions sont exactement à ranger dans le même registre que la foi. Et la notion de paganisme n'a rien à voir là-dedans (ce que tu dis est très partial et c'est franchement un coup de couteau inutile dans les croyances non monothéistes.
Les superstitions naissent de la croyance, pas forcément en Dieu certes mais en quelque chose. Elles naissent de la tendance d'une personne à croire que certaines chose peuvent être liées (exemple: passer sous une échelle et avoir de la malchance). Il s'agit d'une réflexion tout aussi irrationnelle que celle qui amène à la croyance ou la non croyance en Dieu et qui s'avère être la foi.