(...) Dieu au secours d'Hippocrate

Science et religion ne sont plus considérées comme incompatibles. The Daily Telegraph, Londres, 26 mai 1999.
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Nickie

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(...) Dieu au secours d'Hippocrate

Ecrit le 30 mars04, 20:17

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Science et foi: Le renouveau des cultes de guérison, Dieu au secours d'Hippocrate (Le Journal du Jura/ CPDH)
info transmise par Robert


Autorités célestes
Médecine
Science et foi


Protestantes, catholiques, évangéliques... les communautés religieuses revisitent des rites ancestraux centrés sur la guérison du corps et de l'âme. Exploration d'un phénomène.

«La médecine soigne, mais Dieu guérit»...? Cinq siècles plus tard, la célèbre profession de foi d'Ambroise Paré ressurgit en termes singulièrement modernes, alors que les Eglises réformées ressuscitent, sous diverses formes et terminologies, les antiques cultes de guérison, longtemps bannis par le très cartésien protestantisme.

La notion de guérison divine est certes profondément ancrée dans le catholicisme, resté fidèle à l'onction d'huile pour les malades, l'un des sept sacrements. Les rituels ancestraux prennent des formes moins lisibles avec les exorcismes, le secret et autres initiations transmises dans l'ésotérisme de quelque grimoire du Jura; traditions habilement intégrées par les instances épiscopales qui, pour chaque diocèse, investissent officiellement un prêtre du pouvoir de délivrance.C'est néanmoins essentiellement en marge des Eglises officielles, au sein des communautés évangéliques notamment, que les cultes dits de guérison, célébrés sous des formes parfois très démonstratives, voire violentes, ont pris leur essor.

Rebaptisés «cultes de bénédiction» ou, plus joliment dans le canton de Vaud, «célébrations pour les fatigués et les chargés», les services religieux instaurés au sein des Eglises réformées helvétiques par le théologien bernois Walter Hollenweg, n'ont certes rien à voir avec les méthodes chocs à l'américaine où dans une ambiance d'hystérie collective des évangélistes aux allures christiques exhortent, généralement sous l'œil des caméras de télévision, des paralytiques à se lever...

Mais à défaut de guérison miraculeuse, les temples luthériens n'en font pas moins le plein de fidèles. Dans notre région où de tels cultes sont proposés depuis 1995 trois fois par année, pour le dernier rendez-vous en date en novembre 2003, la petite église de Villeret semblait presque trop exiguë pour accueillir les quelque 80 ouailles accourues de Bienne à Porrentruy, de Berne à La Neuveville... Pasteure à Nidau, Ursula Tissot, qui célèbre ces services depuis leurs débuts, insiste sur la sobriété du rituel: «Nulle démonstration spectaculaire, ni liturgie complexe. A l'issue d'un culte tout à fait classique, toute personne souhaitant une bénédiction individuelle peut prendre place sur l'une des chaises installées dans un coin de l'église à l'abri des regards. Un groupe de trois personnes - un pasteur et deux laïques - procèdent à l'imposition des mains accompagnée d'une prière de circonstance.»

En dépit du scepticisme persistant d'une partie du corps pastoral, ces cultes bénéficient de la reconnaissance officielle du Synode bernois. Genève va plus loin encore avec la création d'un ministère spécifique, «Renouveau et Guérison». Fait révélateur du phénomène, le pasteur genevois Christian van Heulen, en charge de ce portefeuille, constate que dans les cultes traditionnels l'imposition des mains est aussi de plus en plus souvent demandée... «Un geste symbolique qui affirme la présence de Dieu dans l'épreuve, qu'il s'agisse d'une altération de la santé ou de toute autre souffrance, telle que la peur d'une opération chirurgicale, un divorce...»

Auteur d'une enquête sur les cultes de guérison au sein de l'Eglise réformée, Pierre Léderrey, pour sa part, journaliste à l'agence de presse Protestinfo, estime que «la question de la souffrance est remise ainsi dans une perspective chrétienne à une époque où s'amorce une vision moins instrumentalisée de la médecine».

L'approche spirituelle de la maladie, si elle ne se substitue pas à la médecine, pose sans doute la question du sens de la souffrance - ou de son absence de sens? - dans nos sociétés occidentales profondément marquées par l'héritage culturel judéo-chrétien; dans une perspective biblique, la maladie étant le signe d'une altération de la relation à Dieu, signification première du mot «péché». Au-delà du débat théologique, le retour à des rites archaïques, qui suscitaient hier encore la plus grande méfiance du clergé protestant, renvoie à la dimension ethnologique de la souffrance, à sa signification anthropologique, à la symbolique de la maladie et à son mode d'expression propre à chaque époque.

Dieu et Hippocrate - croyances et sciences - ont de tout temps formé un couple étrange, où le premier pallie fort opportunément les défaillances du second, rappelant que l'homme demeure infiniment démuni face aux mystères du monde.
C. F.

«Lève-toi et marche», dit Jésus...
Pasteurs, prêtres et évangélistes témoignent de leur foi en la guérison divine. Entre le miraculeux et le rationnel.

Emule de la première heure des cultes avec imposition des mains, Ursula Tissot, pasteure de la Paroisse réformée romande de Nidau: «Nous sommes tous des paralysés de la vie, jetés «à terre» par les épreuves. La foi nous aide à nous relever, à sortir de notre isolement, même si la guérison ne relève pas forcément d'une remise en état physique. C'est très grave, très dangereux, de faire miroiter un hypothétique miracle.» Ancienne aumônière d'hôpital, Ursula Tissot avoue avoir assisté à des phénomènes troublants: «J'ai donné l'onction à une patiente qui avait très peur d'une intervention chirurgicale. Le lendemain de la bénédiction, les radiographies effectuées par le corps médical attestaient de la réduction complète de la fracture et l'opération n'était plus nécessaire... Ce genre de guérisons existe, mais c'est un cadeau supplémentaire, pas un dû...»

L'importance du symbole

Abbé de la paroisse catholique Sainte-Marie de Bienne, José Barò célébrera le 7 mars prochain un sacrement destiné aux malades. Le prêtre insiste lui aussi sur l'importance du symbole: «Dès le moment où on lie l'onction uniquement à des espoirs de guérison, on risque fort de tomber dans la matérialité du rite, qui relève alors de la simple magie»... Tels les pèlerinages de Lourdes? «Je ne suis pas certain que la majorité des pèlerins aille à Lourdes pour retrouver la santé, c'est avant tout un lieu privilégié pour parler avec Dieu. Je ne nie pas les guérisons miraculeuses, mais il est extrêmement dangereux de croire en Jésus-Christ à cause des miracles qu'il a accomplis.» Même circonspection en ce qui concerne les exorcismes pratiqués par des prêtres mandatés par l'évêque de chaque diocèse: «Ce genre de phénomènes peut survenir tout à fait exceptionnellement, mais il y a généralement d'autres explications. J'ai été appelé à intervenir dans une famille très superstitieuse, convaincue que le père, pris de delirium tremens, était possédé. Cet homme, souffrant d'alcoolisme, avait besoin d'un suivi psychiatrique, pas d'un exorciste.»

Un miracle comme pub du Royaume de Dieu

Très en vogue au sein des communautés évangéliques, les cultes de guérison ne sont toutefois pas pratiqués par toutes les Eglises libres. Ernest Geiser (photo ldd) qui exerce un double ministère au sein de la communauté mennonite de Tavannes et de l'Eglise évangélique des Ecluses de Bienne: «Nous privilégions les prières pour les malades dans un contexte plus intime, à domicile ou au chevet des personnes souffrantes. Chaque prodige est en quelque sorte une «réclame» du royaume de Dieu, mais une publicité partielle, limitée par la dimension temporelle de notre existence, puisque malgré la guérison, la mort reste inéluctable. D'où l'importance pour le pasteur d'éviter de lier le miracle à un résultat. Déjà affaibli par sa maladie, le patient risque alors de se sentir accablé encore davantage, coupable, pense-t-il, de n'avoir pas assez prié.»

J'ai vu des gens guérir...

Les cultes de guérison se multiplient par contre au sein de l'Eglise du Réveil, de sensibilité pentecôtiste. Jean-Paul Burkhard, pasteur de l'EER, président de l'Alliance évangélique romande de Bienne: «C'est un moment très intense, interactif, ponctué de chants, de glorifications de la personne de Dieu, parfois encore de cris de souffrance ou de remerciements. Mais nous ne provoquons en aucun cas ces démonstrations qui, dans leur excès, pourraient heurter la sensibilité d'une partie de l'assemblée... J'ai vu des gens guérir grâce à la prière, les grands professeurs de l'Hôpital de l'Ile n'y comprenaient rien... Toutefois, nous ne refusons en aucun cas l'apport de la médecine puisque Dieu intervient justement là où la science échoue.» Face aux risques de dérapages et aux espoirs déçus? «Il en va de la responsabilité du pasteur et de son conseil d'Eglise de ne pas outre-passer leur rôle de bergers.»

Catherine Favre


24/02/04

(Le Journal du Jura/ CPDH) ajouté le 2004-02-29

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