2 Corinthiens, chapitre 3

L'apôtre fait un exposé de l’Évangile, en contraste avec la loi que les faux docteurs mêlaient avec l’Évangile. Cette « lettre de Christ » dressée par le ministère de l’apôtre n’était pas de celles qui s’écrivent avec de l’encre. Elle n’était pas non plus gravée sur des tables de pierre, comme la loi que Dieu avait donnée par le ministère de Moïse, mais « sur les tables de chair du cœur ». C’était une lettre vivante, écrite sur les tables vivantes du cœur, par l’Esprit du Dieu vivant. L’évangile était vraiment pour les Corinthiens « une odeur de vie pour la vie ». La nouvelle alliance — annoncée prophétiquement par Jérémie* —doit bien sûr être établie, dans un temps à venir, en faveur de la maison d’Israël et de Juda. Mais son fondement a déjà été posé, et l’évangile qui est prêché aujourd’hui est déjà d’un nouvel ordre. On y trouve les bénédictions promises dans le cadre de la nouvelle alliance, de même que des bénédictions qui la dépassent de beaucoup.
Paul n’avait point écrit son propre nom sur le coeur des Corinthiens, mais uniquement celui de Jésus. Combien de ministres de Christ, au lieu de suivre l’exemple de l’apôtre, ont, hélas pour triste fonction, d’écrire un nom d’homme, ou le nom de la secte à laquelle ils appartiennent, ou toute autre chose encore, sur le coeur des croyants ! Ils sont la lettre de recommandation de Christ, qui, par le moyen du ministère de l’apôtre, a été écrite sur les tables de chair du coeur par la puissance du Saint Esprit, comme la loi avait été gravée sur des tables de pierre par Dieu lui-même. La loi gravée sur des pierres était «un ministère de mort», car on ne pouvait vivre qu’en l’observant, et elle ne pouvait être ordonnée que sur ce principe. Une loi doit être gardée, mais l’homme étant déjà pécheur par nature et par sa volonté, ayant des convoitises que la loi défendait, cette loi ainsi ne pouvait être que la mort pour lui ; c’était un ministère de mort. C’était aussi «un ministère de condamnation», parce que l’autorité de Dieu intervenait pour donner à la loi la sanction de la condamnation contre toute âme qui la violerait. C’était un ministère de mort et de condamnation, parce que l’homme était pécheur. Mais là où il y avait l’Esprit, il y avait la liberté : on n’était plus sous le joug de la loi, de la crainte de la mort et de la condamnation. On était en Christ devant Dieu, en paix devant Lui, selon l’amour parfait et cette faveur qui est meilleure que la vie, et dont on jouissait comme elle luisait sur Christ, sans voile ; on était là selon la grâce qui règne par la justice.
La gloire de la face de Moïse jugeait les pensées et les intentions du coeur, causait la frayeur, en menaçant de mort et de condamnation le désobéissant et le pécheur. Qui pouvait se tenir dans la présence de Dieu ? Mais la gloire de la face de Jésus, d’un homme dans le ciel, est la preuve que tous les péchés de celui qui voit cette gloire sont effacés, car Celui qui est dans cette gloire, les a tous portés avant de monter en haut, et il a dû les ôter tous pour entrer dans cette gloire. Nous contemplons cette gloire par l’Esprit qui nous a été donné en vertu de ce que Christ y est entré. Christ ne dit pas comme Moïse :
- "Vous avez commis un grand péché. Je vais maintenant monter vers l'Éternel : j'obtiendrai peut-être le pardon de votre péché". (Exode 32:30).
Mais il a fait la propitiation, puis il est monté. C’est pourquoi nous contemplons cette gloire avec joie ; nous aimons à la voir, chaque rayon que nous en voyons briller est la preuve qu’aux yeux de Dieu nos péchés ne sont plus. Christ a été fait péché pour nous : il est dans la gloire. Nous trouvons donc ici la différence entre le ministère de la lettre, c’est-à-dire de la loi, et le ministère de l’Esprit. L’apôtre commence par montrer que le ministère de la loi est un ministère de mort. La loi promet, sans doute, la vie à celui qui lui obéira, mais un homme est-il capable d’obtenir la vie, même promise ? Ce qui lui rend la chose impossible, c’est le péché. Or le péché n’est pas autre chose que la propre volonté et la désobéissance de l’homme. Ainsi la loi, tout en promettant la vie, est un ministère de mort. Elle condamne celui qui ne l’a pas suivie et le convainc de péché. Tout homme sous la loi se trouve donc sous un ministère qui le tue en prononçant sur lui la sentence de mort. C’est le sujet du chapitre 7 aux Romains. La loi anéantissait, une fois pour toutes, chaque prétention de l’homme à se mettre en règle avec Dieu et à obtenir la vie de cette manière. Tel est le contenu même de l’Évangile, et c’est pourquoi l’apôtre y met une si grande importance. Il montre comment Dieu a pu concilier sa haine pour le péché (une justice qui doit condamner le péché) avec son amour pour le pécheur. La justice de Dieu est ainsi une justice justifiante et non pas une justice en condamnation. Cette conciliation de deux choses inconciliables ne s’est trouvée qu’à la croix de Christ qui donne la justice et la paix.
La loi était un ministère d’esclavage qui rendait l’homme incapable de s’approcher de Dieu ; la grâce nous introduit en Sa présence, et nous pouvons y contempler sans voile la personne du Seigneur Jésus qui est devenu justice de Dieu pour nous.
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* Jérémie 31.33
Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après ces jours-là, dit l'Éternel: Je mettrai ma loi au dedans d'eux, Je l'écrirai dans leur coeur; Et je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple.