Confirmer la véracité des textes bibliques par des moyens scientifiques est devenu, depuis quelques années, un attractif pari pour certains chercheurs. Le Déluge ne décrit-il pas l'inondation catastrophique par les eaux de la Méditerranée de la région actuellement occupée par la mer Noire ? L'ouverture de la mer Rouge par Moïse peut-elle s'expliquer naturellement ? Retrouvera-t-on le temple de Salomon et, à l'instar du célèbre Indiana Jones, l'Arche d'alliance qu'il contenait ? Autant de sujets à l'étude aujourd'hui.
A ce petit jeu, une équipe de géologues israéliens vient de marquer un beau point dans le numéro de la revue Nature paru jeudi 11 septembre. Il fallait prouver qu'un des "monuments" les plus célèbres de Jérusalem, l'aqueduc souterrain reliant la source de Gihon au bassin de Siloé, avait bien été percé à l'époque du roi de Juda Ezéchias, qui régna de 716 à 688 avant Jésus-Christ.
QUERELLE DE PALÉOGRAPHES
L'Ancien Testament indique en effet comment Ezéchias, face à la menace du roi d'Assyrie Sennachérib qui assiégea Jérusalem en 701 av. J.-C., décida de "boucher les sources d'eau qui étaient hors de la ville", "fit l'étang et l'aqueduc, et amena les eaux dans la ville". Long de 530 mètres, le tunnel existe toujours mais aucun repère chronologique objectif n'atteste qu'il a bel et bien été creusé à l'époque d'Ezéchias.
La seule inscription qui y figure ne porte pas le nom du roi mais retrace simplement la fin des travaux d'excavation. En 1996, une querelle de paléographes s'est élevée au sujet de cette inscription. Les premiers assuraient qu'elle datait bien du VIIIe siècle avant notre ère. Les seconds réfutaient cette hypothèse et, d'après la forme des lettres, penchaient pour le IIe siècle avant Jésus-Christ.
Même si la première théorie avait la faveur de la majorité des spécialistes, manquait pour trancher une preuve issue des sciences dites dures. Un vide que l'étude publiée dans Nature vient combler. Certes, le tunnel depuis longtemps déblayé semblait dépourvu de tout indice archéologique. Mais les auteurs de l'article ont eu l'idée de prélever des petites carottes dans le revêtement qui assurait l'étanchéité du sol. Celui-ci était en général composé d'une superposition de plusieurs couches de plâtre.
Parmi les quinze trous qu'ils ont forés, les chercheurs ont eu la chance de trouver, dans la couche de plâtre la plus ancienne, un petit morceau de bois et un fragment de plante très bien conservés. Grâce à la datation au carbone 14, ils ont pu assurer que l'aqueduc avait été construit aux alentours de - 700. Ce qu'est venue confirmer l'analyse d'une stalactite se trouvant au plafond du tunnel de Siloé, dont l'âge estimé est supérieur à 2 300 ans. La gloire d'Ezéchias est sauve.
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texte citer sur internet source Pierre Barthélémy