



Lorsqu'on les interroge sur le sujet de l'habillement, les Témoins de Jéhovah refusent généralement l'idée que leur tenue vestimentaire est réglementée et leur sert de signe distinctif ; ils répondent qu'il n'est question que de décence, d'honneur accordé à Dieu, et de décision personnelle.
Donc, d'après leurs propres témoignages, les Témoins de Jéhovah n'ont pas de code vestimentaire uniforme.
A les en croire, chacun s'habille tout seul, comme un grand, en toute conscience ; certes, il suit les conseils équilibrés de la Parole de Dieu en la matière, il ne se fait pas remarquer par une tenue excentrique, provocante ou suggestive, il adapte sa tenue aux circonstances, mais jamais, au grand jamais, personne ne lui dicte la façon dont il doit s'habiller.
C'est ainsi, par exemple, que, à la quasi unanimité, les femmes TJ décident de ne pas porter de pantalon à la Salle du Royaume. C'est leur choix personnel éclairé : personne ne leur interdit un tel vêtement, à part elles-mêmes.
Sauf que cette brochure vient tout à coup ruiner ces affirmations. Quoi qu'ils en disent, les Témoins de Jéhovah doivent respecter un code vestimentaire strict, réglementé par leurs instances dirigeantes. Il est désormais écrit noir sur blanc, illustrations à l'appui.
En outre, cette brochure ne se contente pas de rappeler un code vestimentaire qui est pourtant censé ne pas exister. Elle en précise et les détails, et les occasions de le voir respecté par tous les fidèles.
Or, ce faisant, elle témoigne, contre elle même, que le code vestimentaire strict qu'elle prône ne fait pas l'unanimité chez les fidèles eux-mêmes.
En effet, cette brochure n'est certainement pas publiée pour dénoncer quelques malheureuses et épisodiques contraventions au code. On ne se met pas autant en frais pour rappeler à l'ordre de rares rebelles.
Si donc cette brochure est publiée, c'est pour tenter de s'opposer à un mouvement croissant, une tendance de fond constituée par le fait : en premier lieu, que nombre de Témoins de Jéhovah ne se pensent pas en pélerinage sacré lorsqu'ils visitent le Béthel, mais en touristes ; en second lieu, que les modes changent, et que des tenues perçues jadis comme trop désinvoltes ou indécentes sont considérées comme normales aujourd'hui ; en troisième lieu peut-être, que certains réalisent que "l'habit ne fait pas le moine", autrement dit que leur tenue n'est pas le signe distinctif des chrétiens.
Mais n'est-il pas paradoxal de reprendre sur leur tenue vestimentaire des personnes qui sont censées décider par elle-mêmes de la façon adéquate de s'habiller, et qui exercent cette liberté en adoptant une apparence ne heurtant plus aujourd'hui que les intégristes (ce que les Témoins de Jéhovah se défendent pourtant d'être) ?
D'une femme en pantalon, d'un homme sans cravate, que trouvez-vous le plus choquant : sa tenue, ou l'ostracisme dont il est l'objet, au seul motif qu'il ne serait pas vêtu convenablement ?
Les Témoins de Jéhovah se présentent comme des individus éclairés, non manipulés par de sombres gourous. En matière de tenue vestimentaire, comme en tout autre sujet, ils s'en tiennent, disent-ils, raisonnablement à la Bible et ne vont pas "au-delà de ce qui est écrit", rejetant les "commandements d'hommes".
Fidèles à cette image, nombre d'entre eux, en toute conscience, lorsqu'ils visitent le Béthel, adoptent la tenue qui leur semble convenir en la circonstance : pantalon pour les femmes, cravate laissée au vestiaire pour les hommes, vêtements bien de leur âge pour les plus jeunes.
A travers cette brochure, ils viennent d'être rappelés à l'ordre par leurs dirigeants. La balle est donc dans leur camp. A suivre...