Oropher a écrit :Et le nombre incalculable de possibilités fait que l'on recourt à une notion particulière : le "hasard". Ce qu'il faut que les gens comprennent, c'est que tout est déterminé par quelque chose, mais que la méconnaissance ou l'ignorance de ce quelque chose rend toute explication impossible. Le hasard est donc l'incapacité à expliquer un processus menant à un résultat donné, et non pas un résultat ne découlant d'aucun processus particulier.
Je crois bien que c’est ça.
J’aimerais toutefois préciser et souligner certains aspects.
- quand on parle de hasard à propos d’évolution, on veut dire que l’évolution n’est pas conduite de main de maître, qu’elle ne suit pas un vecteur orienté, qu’elle rue dans tous les sens au hasard, au petit bonheur la chance, comme si elle était folle.
- La seconde remarque est que, paradoxalement, le hasard est déterministe et peut faire aussi des miracles…comme un Dieu. S’il n’était pas déterministe comment expliquer la loi des grands nombres. Tu lances un milliards de fois une pièce de monnaie et tu obtiens un nombre égal de faces et de piles. Tu refais l’expérience une autre fois en un autre lieu et le résultat est le même. Il est aussi magique et fait des miracles : tu lances et laisses tomber un grand nombre de fois une aiguille d’une certaine longueur sur un plancher fait de planches d’une certaine largeur, et miracle, le rapport entre le nombre de fois où l’aiguille tombe sur les planches et celui où elle tombe dans les interstices (les joints) donne Pi. Exactement comme s’il y avait une intelligence derrière.
Cela dit
Il n’en reste pas moins qu’il est difficile de concevoir que ce monde fût le fruit du hasard. Deux raisons sont à l’origine de cette incompréhension.
- d’abord parce que l’on s’imagine que ce monde est l’unique possible, qu’il est parfait et que par conséquent sa réalisation a été sciemment voulue. Or il n’en est rien. Ce monde n’est que l’un des milliards possibles. Parmi les milliards possibles, il fallait que l’un soit et c’est celui-ci et il est loin d’être le meilleur. Il ne faut pas plus s’en étonner que de recevoir une goutte de pluie sur la tête quand il pleut à verse.
-ensuite parce que nous sous-estimons la nature, la dévalorisons. Nous la connaissons mal. Or il est tout à fait possible, pour ne pas dire évident, qu’elle possède toutes les capacités que nous attribuons à Dieu, qu’elle soit « savante », puissante et créatrice. Et c’est bien ce qui semble être le plus vraisemblable. Rien n’autorise d’aller chercher un Dieu derrière les rideaux. Evidemment cette nature diffère un peu du Dieu que nous imaginons : elle est sans pitié, et c’est ce qui explique la mal. Elle n’a pas de préférence non plus pour l’homme. La première fois que j’avais vu mon âne crotter comme moi, j’ai compris que nous étions frères et égaux devant Dieu, devant la nature quoi ! Nous-mêmes ne sommes pas ce qu’il y a de mieux, nous sommes plutôt archaïques et très animaux. Nous marchons à l’herbe comme mon âne, même pas à l’énergie atomique

. Il faudrait donc peut-être mettre un bémol à nos prétentions.
-enfin une petite remarque concernant ceux qui disent entendre Dieu. Dieu existe peut-être, mais il faut juste ne pas oublier que nous sommes nous-mêmes nature et que la nature elle-même nous fait souvent voir et entendre beaucoup de choses, et qu’elle est capable de miracles encore plus grands. Ce n’est peut-être que la nature qui nous « parle » et que nous appelons « foi ». Il y a aussi ceux qui font état de certains phénomènes ou ressentis, comme se sentir en phase et en paix avec le cosmos, qu’ils interprètent comme la présence de Dieu. Or il n’y a rien d’étonnant, bien au contraire, de se sentir en osmose avec la nature quand on est soi-même nature. Ces expériences sont vraies et prouvent que tout est nature, et non le contraire.
