Les bien étranges origines de la Saint-Valentin: la fête des Lupercales
Saint-Valentin serait issue des Lupercales (
Lupercalia), fête annuelle célébrée à Rome entre le 13 et le 15 Février (15 jours avant les calendes de Mars). Donc à l’origine à la fin de l’année, puisque avant l’instauration du calendrier julien, celle-ci débutait le 1er Mars.
A Rome, cette période était l’occasion de rituels d’expiation des fautes commises envers les dieux et de purification (februum – d’où le mot « Février ») :
on nettoyait les maisons de fond en comble et on aspergeait le sol de sel et de blé.
UNE CÉLÉBRATION AUX ORIGINES CONFUSES
Les historiens divergent quant à l’identité du dieu que l’on célébrait lors des Lupercales. La plupart pensent qu’il s’agissait en toute logique du
dieu Lupercus, que l’on assimile aussi au
dieu Faunus (équivalent du Dieu grec Pan.) Lupercus était le dieu de la fertilité, des bergers, et le protecteur des troupeaux. Mais d’autres avancent qu’il pourrait s’agir de
Mars, Junon, Lycaeus, Bacchus ou
Februus.
Étymologiquement, le mot se rapporte au latin lupus (« loup »).
Traditionnellement, on considérait que les lupercales avaient été instituées par
Romulus et
Remus, lors de la fondation de Rome (753 avant J.C.), en hommage à la louve dont la légende rapporte qu’elle les aurait recueillis et nourris alors qu’ils étaient encore enfants. En réalité, cette fête était vraisemblablement bien antérieure – peut-être une transposition d’une cérémonie grecque en l’honneur de
Pan Lycéen (du Grec
Lykaion, « loup »). Il est donc probable que le nom en soit directement dérivé, ou bien qu’il fasse référence à la sauvagerie du loup, animal redouté par les bergers. Tout cela, on le voit, demeure assez confus.

Romulus et Rémus
Son épicentre était la grotte du Lupercal sur le Palatin où, selon la légende, la fameuse louve avait allaité
Romulus et
Remus. En passant, la grotte en question aurait été découverte en 2007, au-dessous du palais d’
Auguste – bien que certains archéologues demeurent sceptiques, et ne voient dans la caverne mise au jour qu’un nymphée du palais impérial.
LE RITUEL DES LUPERCALES.
Les rites étaient dirigés par les luperques, institués soit par le Roi
Evandre, soit par
Romulus et
Remus. Ils étaient divisés en deux collèges sacerdotaux – les Quinctiliani et Fabiani, d’après les gens
Quinctilia et
Fabia, vieilles familles patriciennes romaines auxquelles appartenaient leurs membres. En 44 avant J.C., un troisième collège, les Julii, fut créé en l’honneur de
Jules César, avec
Marc Antoine à sa tête. A l’origine chasse gardée des patriciens, ce furent le plus souvent des chevaliers qui remplirent la fonction à l’époque impériale.
La fête en elle-même comportait trois temps forts : les sacrifices, la course des luperques et un grand banquet.
Tout débutait donc avec le sacrifice, peut-être par le
dialis flamen. Je dis « peut-être », car les sources sont contradictoires : bien qu’il soit cité comme officiant, les mêmes textes disent qu’il n’avait pas le droit d’être en contact avec les boucs et les chiens… Allez comprendre ! Bref, on immolait deux boucs et un chien dans la grotte du Lupercal. Deux jeunes luperques, vêtus uniquement d’un pagne en peau de bouc, étaient conduits jusqu’à l’autel, et le prêtre sacrificateur leur marquait le front avec le sang du sacrifice. Le couteau utilisé pour le rituel était essuyé avec de la laine trempée dans du lait, après quoi les jeunes gens étaient obligés de rire.
Deux jeunes hommes en train de flageller des femmes. À droite, une statue de Faunus Lupercus (Museo del Prado, Madrid)
On découpait ensuite des lanières dans la peau des boucs sacrifiés, et les luperques couraient à travers Rome, totalement nus, en riant et en éclusant du vin.
Cicéron s’en indigne d’ailleurs à propos de
Marc Antoine :
« Vous-mêmes, après les Lupercales, vous n’avez pu croire qu’Antoine fût consul. En effet, le jour où, sous les yeux du peuple romain, nu, dégouttant d’huile, abruti par l’ivresse, il harangua la multitude, et voulut poser le diadème sur la tête de son collègue; ce jour-là, il a renoncé non-seulement au consulat, mais à la liberté. » (Cicéron, « Les Philippiques », III – 5.)
« Caïus Acilius raconte qu’avant la fondation de Rome, Romulus et Remus égarèrent un jour quelques troupeaux : qu’après avoir fait leur prière au dieu Faune, ils se dépouillèrent de leurs habits pour pouvoir courir après ces bêtes sans être incommodés par la chaleur ; et que c’est pour cela que les luperques courent tout nus. » (Plutarque, « Vie De Romulus », XXVII.)
Après avoir fait le tour du Mont Palatin, ils parcouraient la ville en fouettant de leurs lanières tous ceux qu’ils rencontraient, et les femmes en particulier. Celles qui désiraient avoir un enfant se pressaient sur leur passage, car le rituel était sensé assurer la fertilité, prévenir la stérilité et soulager les douleurs de l’enfantement.
« On célébrait la fête des Lupercales, qui, selon plusieurs écrivains, fut anciennement une fête de bergers, et a beaucoup de rapport avec la fête des Lyciens en Arcadie. Ce jour-là, beaucoup de jeunes gens des premières maisons de Rome, et même des magistrats, courent nus par la ville, armés de bandes de cuir qui ont tout leur poil, et dont ils frappent, en s’amusant, toutes les personnes qu’ils rencontrent. De nombreuses femmes, même les plus distinguées par leur naissance, vont au-devant d’eux, et tendent la main à leurs coups, comme les enfants dans les écoles ; elles sont persuadées que c’est un moyen sûr pour les femmes grosses d’accoucher heureusement et, pour celles qui sont stériles, d’avoir des enfants. »(Plutarque, « Vie De César », LXI.)
Avant le banquet qui se tenait pour clore les festivités, on organisait une sorte de loterie amoureuse, placée sous les auspices de
Junon : les jeunes filles inscrivaient leur nom sur une tablette qu’elles déposaient dans une jarre, et chaque jeune garçon tirait au sort le nom de celle qui l’accompagnerait tout au long du repas.

Saint valentin prêchant en prison.
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