La modernité nous éloigne-t-elle de la juste nature ?

[Materdolorosa]

Nos sociétés se sont considérablement développées au cours des millénaires. Nous sommes passés de systèmes tribaux à des structures plus complexes appelées États.
Un basculement majeur s'opère à la Renaissance, période à compter de laquelle nous faisons le choix d'une société de "connaissances" au sein de laquelle la science et la raison sont "rois".

Ainsi, nous nous dissocions progressivement de l'échelle communautaire et nous retrouvons face à des sociétés "alchimisées" dans lesquelles l'être humain semble mal s'exalter.
La science fait parfois de nous des apprentis sorciers, nous prête des questionnements et des egos qui ne sont pas à notre mesure.
Elle s'interpose entre les individus et les défait de la juste intuition qui devrait présider à tous les rapports.

Par exemple, en créant l'État Providence, nous avons succombé à une logique qui semble implacable par laquelle on automatise le devoir de solidarité envers son prochain.
C'est oublier que la Nature Humaine s'exalte dans un certain nombre de schémas fondamentaux comme le devoir d'assistance, l'utilité sociale, etc... Là est l'essence.
Il en résulte parfois un malaise social, l'Homme se sent inutile, deconnecté de sa profonde nature, castré d'un certain nombre de prérogatives indispensables à son accomplissement.

On peut penser au Lorem Ipsum de Cicéron qui indiquait qu'il ne faut point troquer le bonheur contre de menus plaisirs, de maigres voluptés.
Avons-nous succombé à la tentation de l'efficacité sans penser aux conséquences que cela pouvait engendrer ? Les singes qui ne sont pas devenus des Hommes l'ont-ils mieux compris que nous ?

Ne nous sommes-nous pas éloignés de la vérité, en pensant nous affranchir d'un certain nombre de contraintes ?
Notre Humanité a-t-elle vraiment évolué au cours des millénaires ? N'est-elle pas restée relativement égale à elle-même ?
Est-ce un déni de vérité qui préside à la création de ces sociétés labyrinthiques, finalement guère affranchies de la violence ?
L'évolution ressemblerait alors davantage à un mouvement de fuite, qu' à une véritable élévation.

On ne peut que constater combien l'individualisme et le repli provoquent souffrance et dissonance au sein de nos États.
En France de nos jours, le choc des cultures nous force à confronter notre raison à celle des autres. On aime à dire que notre civilisation est la meilleure, et que les autres sont sous-développées. En fait religieux, le débat lié à la communauté musulmane est particulièrement à la mode.
J'ai parfois le sentiment que ce qui s'exprime, c'est une forme de jalousie latente envers des communautés qui ne se sont pas perdues et ont su rester soudées là où nous, occidentaux pur jus, sommes confinés à un individualisme chimique, qui fait presque de nous des robots.
Ces communautés qu'on qualifie d'archaïques semblent mieux exalter leur nature que nous, être plus proches de "l'essence".

En ce qui concerne le monde du travail, ne constate-t-on pas aussi une forme desévolution ?
Le sentiment d'appartenance, d'utilité, la reconnaissance sociale semblent avoir disparu au profit d'un système au sein duquel nous sommes des valeurs, des unités interchangeables que la grande machine déplace au gré des besoins.

La modernité nous a-t-elle éloigné de la juste nature ? Fallait-il se refuser à cette volupté ?