Il y a des touts mais pas un grand Tout qui engloberait tout.

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J'm'interroge

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Il y a des touts mais pas un grand Tout qui engloberait tout.

Ecrit le 10 févr.25, 11:08

Message par J'm'interroge »

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Markus Gabriel, un philosophe allemand contemporain, est connu pour sa défense d'une position qu'il appelle le "nouveau réalisme". Sa pensée aborde directement les questions de totalité, de réalité et de pluralité, et elle résonne avec l'idée en titre de ce topic. Voici comment il développe ces thèmes :


1. Le rejet du "grand Tout"

Markus Gabriel critique l'idée d'un "grand Tout" ou d'une réalité unique et englobante. Dans son livre Pourquoi le monde n'existe pas (2013), il affirme que le monde en tant que totalité unifiée n'existe pas. Selon lui, l'idée d'un "monde" qui contiendrait tout ce qui existe est une illusion métaphysique. Il soutient que la réalité est composée d'une multitude de domaines (ou "champs de sens") qui ne peuvent pas être réduits à une seule totalité.


2. La multiplicité des "champs de sens" :

Gabriel propose que la réalité est structurée en une pluralité de "champs de sens" (Sinnfelder). Chaque champ de sens est un domaine de réalité qui a ses propres règles, ses propres objets et ses propres logiques. Par exemple :

- Le champ de la physique décrit des objets matériels.

- Le champ de l'art explore des œuvres esthétiques.

- Le champ de la morale traite des valeurs et des normes.

Ces champs ne sont pas réductibles les uns aux autres, et aucun d'entre eux ne peut prétendre englober toute la réalité. Ainsi, il n'y a pas de "grand Tout" qui unifierait tous ces champs.


3. La réalité comme ouverture :

Pour Gabriel, la réalité est fondamentalement ouverte et indéterminée en ce qu'elle ne peut pas être capturée dans un système unique ou une théorie totale. Cette idée s'oppose aux visions métaphysiques traditionnelles qui cherchent à expliquer la réalité en termes d'un principe unique (comme Dieu, la Matière, l'Esprit, etc.). Au lieu de cela, Gabriel insiste sur la pluralité irréductible des réalités.


4. L'inexistence du monde :

L'une des thèses centrales de Gabriel est que "le monde n'existe pas". Cela ne signifie pas que rien n'existe, mais plutôt que l'idée d'un "monde" comme totalité unifiée est une construction conceptuelle vide. Ce qu'on appelle habituellement "le monde" est en fait une collection de réalités partielles et hétérogènes qui ne forment pas un tout cohérent.


5. Implications philosophiques :

- Épistémologie : Gabriel rejette l'idée d'une connaissance totale ou absolue. La connaissance est toujours située dans un champ de sens particulier et ne peut pas prétendre à l'universalité.

- Métaphysique : Il propose une métaphysique "modeste" qui reconnaît la pluralité des réalités sans chercher à les unifier.

- Éthique : Cette perspective encourage une attitude de respect envers la diversité des perspectives et des domaines de réalité.


6. Lien avec le titre du topic :

L'idée qu'il y a des "touts" mais pas de "grand Tout" est très proche de la pensée de Gabriel. Il insiste sur le fait que les "touts" (les champs de sens) existent et sont réels, mais qu'ils ne s'intègrent pas dans une totalité supérieure. La réalité est une mosaïque de domaines multiples et irréductibles, sans unité ultime.


Conclusion :

En résumé, Markus Gabriel développe une philosophie qui rejette l'idée d'un "grand Tout" tout en affirmant la réalité des multiples "touts" qui composent notre expérience. Sa pensée offre un cadre pour penser la pluralité et la fragmentation du réel sans tomber dans le relativisme absolu.


.......................


Markus Gabriel développe le concept de "domaines d'objets" (ou "champs de sens", Sinnfelder) comme une pierre angulaire de sa philosophie du nouveau réalisme. Ce concept est central pour comprendre sa vision de la réalité et sa critique des approches métaphysiques traditionnelles.

Voici une explication détaillée de ce concept et de sa pertinence :


1. Qu'est-ce qu'un domaine d'objets ?

Un domaine d'objets est un champ de réalité spécifique, caractérisé par ses propres règles, ses propres objets et ses propres logiques. Chaque domaine est une sorte de "monde" en soi, mais il ne prétend pas englober toute la réalité. Par exemple :

- Le domaine de la physique traite des objets matériels et des lois naturelles.

- Le domaine de l'art concerne les œuvres esthétiques et leur interprétation.

- Le domaine de la morale s'intéresse aux valeurs, aux normes et aux actions humaines.

- Le domaine de la mathématique explore les structures abstraites et les relations logiques.

Chacun de ces domaines est autonome : les objets et les règles d'un domaine ne sont pas réductibles à ceux d'un autre domaine.


2. La pluralité irréductible des domaines :

Gabriel insiste sur le fait que ces domaines sont multiples et irréductibles. Cela signifie qu'on ne peut pas réduire un domaine à un autre, ni les unifier dans une totalité supérieure. Par exemple :

- On ne peut pas expliquer une œuvre d'art uniquement en termes de physique (par exemple, en analysant les pigments de peinture).

- On ne peut pas réduire une décision morale à une équation mathématique.

Cette pluralité montre que la réalité est fragmentée et qu'elle ne peut pas être capturée dans un système unique ou une théorie totale.


3. L'inexistence du "monde" comme totalité :

Gabriel utilise le concept de domaines d'objets pour soutenir sa thèse selon laquelle "le monde n'existe pas". Cela ne signifie pas que rien n'existe, mais plutôt que l'idée d'un "monde" comme totalité unifiée est une illusion. Ce qu'on appelle habituellement "le monde" est en fait une collection de domaines multiples et hétérogènes qui ne forment pas un tout cohérent.


4. La pertinence du concept :


a) Épistémologique :

Le concept de domaines d'objets permet de penser la connaissance de manière modeste et contextuelle. Chaque domaine a ses propres critères de vérité et ses propres méthodes d'investigation. Par exemple :

- La vérité en mathématiques est différente de la vérité en histoire.

- Les méthodes de la biologie ne sont pas applicables à la littérature.

Cela évite les prétentions à une connaissance totale ou absolue, tout en reconnaissant la validité des connaissances produites dans chaque domaine.


b) Métaphysique :

Ce concept offre une alternative aux visions métaphysiques traditionnelles qui cherchent à unifier la réalité sous un seul principe (comme Dieu, la Matière, l'Esprit, etc.). Au lieu de cela, Gabriel propose une métaphysique pluraliste qui reconnaît la diversité et l'autonomie des domaines de réalité.


c) Éthique et politique :

La reconnaissance de la pluralité des domaines encourage une attitude de respect envers les différences et les spécificités. Par exemple :

- En politique, cela peut conduire à valoriser la diversité des cultures et des perspectives.

- En éthique, cela peut aider à éviter les dogmatismes en reconnaissant que les valeurs morales sont situées dans des contextes spécifiques.


d) Contre le réductionnisme :

Le concept de domaines d'objets s'oppose au réductionnisme, c'est-à-dire à la tendance à réduire toute réalité à un seul type d'explication (par exemple, tout expliquer par la physique ou par l'économie). Gabriel montre que chaque domaine a sa propre légitimité et que les explications réductionnistes manquent la richesse et la complexité du réel.


5. Exemples concrets :

- Science vs. Art : Une théorie scientifique et une œuvre d'art appartiennent à des domaines différents. On ne peut pas juger une peinture avec les critères de la physique, ni évaluer une théorie scientifique avec les critères de l'esthétique.

- Morale vs. Biologie : Une décision morale ne peut pas être réduite à des processus biologiques, même si ceux-ci jouent un rôle dans le comportement humain.

- Histoire vs. Mathématiques : Les événements historiques ne peuvent pas être expliqués par des équations mathématiques, même si les mathématiques peuvent être utilisées pour analyser des données historiques.


Conclusion :

Le concept de domaines d'objets est pertinent parce qu'il offre un cadre pour penser la réalité dans toute sa complexité et sa diversité, sans chercher à la réduire à une totalité illusoire. Il permet de reconnaître la légitimité des différents domaines de connaissance et d'expérience, tout en évitant les pièges du réductionnisme et du dogmatisme. En ce sens, il est à la fois une critique des visions métaphysiques traditionnelles et une invitation à penser de manière ouverte et pluraliste.


.......................


Voici une définition que j'ai trouvé intéressante et originale :


"L'univers c'est le domaine d'objets* des sciences de la nature expérimentalement déductibles."
(Markus Gabriel)

* Note : Domaine d'objets : Ensemble contenant une catégorie déterminée d'objets, selon des règles établies qui relient ces objets entre eux.
(Du même auteur.)

Il ne s'agit pas d'un ensemble tout englobant. Un tel ensemble d'ailleurs, n'existe pas.


Remarque : le concept de 'domaines d'objets' dont il donne la définition également, est particulièrement intéressant aussi, car il permet de regrouper en d'autres 'domaines d'objets', des objets qui ne sont pas des objets du 'domaine d'objet' "univers" comme il le définit.

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- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
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J'm'interroge

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Re: Il y a des touts mais pas un grand Tout qui engloberait tout.

Ecrit le 13 févr.25, 06:20

Message par J'm'interroge »

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Le paradoxe de l'ensemble de tous les ensembles :


On peut très bien formuler ce paradoxe en un langage purement formel :

Exemple 1 (Formulation mathématique ensembliste) :

𝐸 = {𝑥 ∣ 𝑥 ∉ 𝑥}
𝐸 ∈ 𝐸 ⟺ 𝐸 ∉ 𝐸


Exemple 2 (Formulation logique classique) :

∀ 𝑥 (𝑃 (𝑥) ⟺ ¬ 𝑥 (𝑥))
𝑃 (𝐸) ⟺ ¬ 𝐸 (𝐸)


où 𝑃(𝑥) est la propriété 𝑥 ∉ 𝑥 ou ¬ 𝑥 (𝑥), ce qui donne le même paradoxe.
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