Si mon témoignage peut vous être d'un quelconque intérêt, je peux vous affirmer que ma foi ne m'empêche pas de goûter l'instant présent, avec toutes ses joies et ses malheurs.Crovax a écrit :
...puisqu'en poussant le raisonnement jusqu'au bout, on arriverait effectivement à la conclusion que nos actes ne seraient jamais que des étapes intermédiaires à la réalisation d'un objectif post-mortem.
Comment pourriez-vous jamais ressentir la plénitude du vivre au présent (le seul temps qu'il nous est donné de vivre) dans la mesure où vous considéreriez, dans ce même présent, l'idée selon laquelle ce n'est jamais maintenant que l'objectif final serait atteint?
Ce serait comme l'individu dont la vie ne consisterait qu'à compter, et qui aurait l'éspoir d'un jour pouvoir dire tous les nombres... il ne pourra jamais, bien entendu, tous les dire, mais arrivé à la fin de sa vie, il pourrait réaliser qu'il ne s'est pas donné une seule fois la chance de simplement contempler l'instant présent et de s'y complaire.
Maintenant, tout dépend sans doute des caractères, plus ou moins réservés ou introvertis, et puis, "il faut savoir raison garder", si j'ose dire.
Peut-être que certains croyants, de quelque religion, époque ou sensibilité qu'ils soient, ont pu se renfermer dans une sorte de "cocon religieux" et nier la valeur de cette existence présente. C'est, je suppose, les tendances que les chrétiens ont eu à l' "autoflagellation" , comme on dit vulgairement, c'est aussi je crois la tendance de certaine spiritualités qui visent une félicité sans plaisir ni aucun ressenti.
Tout cela pour dire que oui peut-etre, la foi peut vous dissuader de vivre "pleinement l'instant présent" (encore que ça resterait à définir objectivement), mais que ce ne saurait être une fatalité.
Prenons l'exemple des moines. Ils sont sans doute au "summum" de cette question. Ils vivent coupés du monde, plongés dans la prière et l'adoration. donc, pourrait-on penser, absolument en retrait de tout contact avec la réalité.
Je ne suis pas et n'ai jamais été moine, mais pour les avoir vus, écoutés, pour avoir discuté et mangé chez eux, je puis vous affirmer qu'au contraire, ils ont la totalité de l'instant présent à déguster pleinement tout au long de leur vie. Cet instant présent est rempli de chants et de méditation mais aussi de travaux, de relations humaines et de bonheurs sensoriels bien concrèts.
Ainsi en va-t-il, dans une mesure plus ou moins équivalente, pour chaque croyant.