Je ne vois pas du tout les choses ainsi. Premièrement, je dois avouer que le bien et le mal ne sont pour moi que des concepts creux, dans l'élaboration desquels je ne vois que l'emprise de l'ego. L'invention de ces concepts ne tient qu'au fait que l'Homme projette ce même ego sur son environnement : soit il souffre et il dit que c'est "mal", soit il est heureux, et il dit que c'est "bien". Cepdendant, je crois tout comme vous que l'Homme ne peut que tendre vers ce qu'il apelle "son bien", mais qui bien entendu varie d'un individu à l'autre.Sofian a écrit :Merci pour cette question honnête profonde et sans agressivité.
Faîtes-vous toujours le bien que vous voudriez, et le mal que vous voudriez ne pas faire, ne le faîtes-vous pas ?
Certains dans l'histoire ont donné LEUR idée du bien : "Nous sommes la race pure ! " Au nom de ce bien, la plus grande atrocité fut commise. Il est connu que nombre des bourreaux CROYAIENT BIEN FAIRE...
Les racines du mal sont si profondes qu'elles sont comparables à des particularités génétiques: on ne peut les déraciner soi-même. Sinon, ça se saurait !
On mettait dans les camps de la mort des femmes enceintes vivantes dans des fours crématoires et leurs ventres éclataient à cause de la chaleur...
Que faisaient les bourreaux ? Ils riaient .
Le problême du mal et de l'accès potentiel qu'il a à chacun de nous, à divers degrés, n'est pas un problême de convenances et de "bonne volonté". L'absurdité de sa violence dépasse les catégories de la raison pour rejoindre celles du "mystère". Le fait est que tous sommes corruptibles. D'où nous vient cette complicté, volontaire ou non, à l'égard du mal ?
Et si l'on peut individuellement éviter TEL mal, nous ne pouvons nous délivrer d'être toujours possiblement TENTE par lui, tentés d'y recourir.
Cette réalité objective que des personnes qui peuvent être par ailleurs bons pères de famille, travailleurs consciencieux, ect, sont capables dans certaines circonstances se comporter en monstres ignobles nécessite une réfléxion véritablement approfondie sur l'homme et les réalités sous-jacentes qui font de lui ce qu'il est.
A priori, tous nous aspirons au "bien" (le définir ici serait bien long, d'autant que chaque personne en a des conceptions particulières) or, allumez votre télé...
C'est au nom du bien qu'il y eut l'inquisition ET hiroshima, qu'il y a Ben Laden ET Saddam Hussein, Les croisades ET Staline. Donner une définition du bien et du mal n'est pas une chose aisée, et se délivrer soi-même de cette affinité avec le mal, c'est comme vouloir remettre dans sa coquille un oeuf au plat.
Voilà pourquoi je pense que les hommes ne peuvent pas s'en tirer seuls.
Ce ne sont pas seulement les textes sacrés qui le démontrent, mais aussi l'Histoire qui peut être regardée à la fois comme l'histoire du mal donné et du mal subi...
Les religions ayant une prétention universelle se sont emparées de ces deux concepts et en ont fait deux absolus, représentés par "Dieu" et "Satan", et cela fait d'ailleurs rêver les hommes d'Etat, puisque cela est bien utile pour pulvériser les sensibilités propres à chacun ; la masse, se sentant alors mûe par des intérêts communs qui les relie par delà toutes les barrières que l'on pourrait s'imaginer, devient alors facilement manipulable. Cela est également mis en évidence à maintes reprises par l'Histoire, et il me semble qu'aucun croyant raisonnable ne pourrait nier l'instrumentalisation politique, à des fins belligérantes, dont sa religion a fait l'objet.
Selon les interpretations qui ont été faites des textes dits sacrés, on a même bien souvent totalement dénaturé l'idée de "sens commun" lorsqu'il devient alors par exemple possible de tuer un autre être humain (avec la bénédiction de Dieu!), pour des raisons souvent absurdes (sorcellerie, hérésie etc...). Ce ne sont plus eux-même qui agissent ; ils ont délégué leur faculté de penser entre les mains des autorités religieuses, qui pouvaient alors les modeler à leur façon.
La solution à ce que vous appelez "le mal" n'est donc pas pour moi vraissemblablement dans la religion, mais plutôt dans une saine prise de conscience des pensées qui me meuvent, de façon à m'éloigner de la tyrannie des mots, qui me tiennent prisonnier de mon ego. En effet, toutes les souffrances viennent d'un conflit (que ce soit avec un pair ou avec moi-même), lui même issu d'une mise en opposition ; mais les opposés n'existent que par le langage (donnez moi l'opposé d'une chaise? d'un arbre?), et donc par l'ego.