C'est effectivement défendable. Mes soupçons sont donc levés, s'il n'y avait encore à décrire en quoi consiste le concept, et en quoi il diffère de la réalité. Qu'il y ait une distinction ne me paraît pas insensé, mais soyons prudents.pauline.px a écrit :Bonjour Tguiot,
<<<< J’évite volontairement la majuscule, que vous aimez utiliser>>>>
Pour éviter tout soupçon de votre part, j’essaie de mettre une majuscule quand il s’agit de la Science en tant que Corpus de tous les discours explicatifs, vérifiables, prédictifs et réfutables, et j’ôte la majuscule pour parler de l’activité et de la production des scientifiques. On pourrait presque dire que je distingue le concept de la réalité qu’il pointe.
Je suis en train de lire "Sciences et pouvoirs" d'Isabelle Steingers. Je ne suis pas bien loin, mais je crois que ce livre vous intéressera. Je suis de mon côté plutôt sceptique sur ses propositions, mais il me semble que son point de vue vous irait bien. Simple suggestion...
Absolument! Et pour clarifier le propos de Wittgenstein (pas pour vous j'imagine, mais pour les autres lecteurs), il signifie simplement que la logique ne sert pas à évaluer si des propos sont "vrais", c'est-à-dire en adéquation avec la réalité, mais plutôt d'effectuer des inférences à partir de propos existants (qu'ils soient vrais ou faux), ou encore de vérifier qu'une inférence faite est bien correcte.pauline.px a écrit :<<<< Toutefois, il existe des outils puissants dont se sert la science, l'un d'entre eux étant particulièrement important : la logique.>>>>
N’oubliez pas que Wittgenstein affirmait que « <<<Toutes les propositions de logique disent cependant la même chose. À savoir rien.>>> »
D’où l’intérêt d’avoir une connaissance précise des prémisses, qu’on les appelle postulat, hypothèse, principe ou axiome, peu importe…
Pour reprendre le cas le plus simple lorsqu'on aborde les syllogismes à l'école:
1. Tous les hommes sont mortels
2. Socrate est un homme
3. Socrate est mortel.
La logique n'aura servi que pour poser 3, ou vérifier que 3 est correct en fonction de 1 et 2. Il faut un autre outil pour vérifier que 1 et 2 sont effectivement correct eux-mêmes. Il me semble que la science n'est pas indifférente à ce petit jeu-là...
Et c'est tout à votre honneur. Je crois que c'est le lot de quiconque fait preuve d'honnêteté intellectuelle et de curiosité.pauline.px a écrit :<<<<Que vous croyez quelque chose sur la façon dont je conçois le discours scientifique qui n'est tout simplement pas juste.>>>>
Sincèrement je crois être davantage motivée par mon incompréhension que par mes préjugés.
C'est très intéressant à savoir! C'est dingue comme le "zeitgeist" moral ou idéel peut changer rapidement.pauline.px a écrit :Quand je commencé mes études supérieures en 1970, personne n’aurait songé à parler de "croyants" ou d’"athées", les uns et les autres avaient complètement disparu de l’univers intellectuel aussi bien à l’Université que dans les Médias.
Ceux qui revendiquaient une étiquette se proclamaient "matérialistes" (sans aucune connotation avec la consommation) et le camp d’en-face était accablé sous l’injure "idéaliste". Les premiers ne voyaient dans l’Univers que l’expression des divers niveaux d’organisation de la matière/énergie (et/ou de ses équivalents), les autres était suspectés de croire en un dualisme matière/esprit. Le sceau de l’infamie s’abattait sur tout système de pensée au sein duquel le monde des idées semblait prendre une certaine autonomie voire une préséance à l’égard du monde matériel. La religion n’était même pas un objet d’étude potentiel, il était plus intéressant d’étudier la mode ou le sport.
C'est donc un effet de mode. Toutefois, il faut bien comprendre qu'il aura fallu attendre la résurgence des religions pour que le mot athée prenne son sens. Le mouvement athée (peu importe son nom à d'autres époques) surgit surtout d'une contre-attaque des mouvements religieux. Je trouverais absurde que des athées commencent à revendiquer leur voix si les religieux n'emmerdent personne...pauline.px a écrit :D’où ma première et totale incompréhension vis-à-vis de l’usage du mot "athée". Quand je suis matérialiste, seuls les croyants peuvent me considérer comme athée, et cela me fait doucement rigoler.
Dans le premier cas, je crains que ce ne soit qu'une illusion. Je n'ai jamais entendu parler de ou lu d'articles sur le sujet, pas plus que sur les forums scientifiques, ni nulle part à vrai dire qui ait un lien avec la science. La seule petite chose qui parle effectivement de ça, c'est le topic de vicomte, celui-ci d'ailleurs, qui ne se veut même pas scientifique, mais logique. Donc, là, vous prêtez des intentions et des actions là où il n'y a rien.pauline.px a écrit :La deuxième incompréhension s’éveille aux efforts notables que consentent les "athées" pour démontrer scientifiquement que D-ieu n’existe pas (comment démontrer l’inexistence de ce qui n’a que comme seule caractéristique celle de ne pas exister ?) et que les croyants sont affligés d’une infection (c’est quand même fort d’oser encore aujourd’hui psychiatriser ceux qui pensent autrement).
Pour l'idée de l'infection, elle est soutenue en premier lieu, je crois, par Richard Dawkins, et personnellement, je la trouve plutôt pertinente (sans compter que c'est assez humoristique). Mais attention, il n'y a pas de dénigrement vis-à-vis des croyants eux-mêmes. Personne n'est responsable d'attraper la grippe... eh bien c'est un peu pareil avec la religion.
Faut quand même reconnaître que lorsque quelqu'un prétend avoir un ami imaginaire avec qui il parle, on le traite de fou, légitimement... sauf si on précise que c'est Dieu. C'est un peu malhonnête, quand même.
Pour citer Robert Pirsig: "When one person suffers from a delusion, it is called insanity. When many people suffer from a delusion, it is called Religion"