Ces Actes n’ont jamais existé que dans l’imagination des Pères.
Vous prenez un témoignage qui, évidemment, n'est pas très probant pour quelqu'un de votre trempe: A mon sens, il n'est pas exactement "profane", même s'il était censé l'être à l'époque. Vous remarquerez que le site dans lequel vous l'avez repris le classe comme un "document chrétien".
Dans une démonstration sur l'historicité de Jésus, il ne saurait prendre la même place que de vrais écrits "profanes", c'est à dire totalement dégagés de conviction religieuse.
Ce document existait peut-être (je ne vois pas l'utilité d'en inventer un dans le genre de traîté que Justin fait ici), mais il s'agissait bien probablement d'un faux, d'un de ces "apocryphes", si on veut, qui devaient déjà pulluler à travers le monde chrétien. ça ne fait pas de la plaidoierie de Justin une supercherie.
En revanche, je ne saisis pas trop l'intérêt de citer ce verset là, et je sais qu'on le cite souvent.
A mon avis, la valeur du livre de Justin, c'est le livre dans son intégralité : son témoignage de foi, une foi riche et imprégnée d'une profonde spiritualité,une spiritualité qui se serait formée assez tôt après les faits dont il est question...
Idem. Aucune trace de cette histoire ailleurs que dans Tertullien.
Ce passage provient encore de documents dits chrétiens, toujours dans le site d'où vous le reprenez. Donc il ne s'agit pas non plus d'un document "profane" à proprement parler.
Vous "fusillez" comme vous dites, le témoignage en une phrase lapidaire, en faisant de l'extrait d'un énorme sermon de plaidoierie le pillier d'une démonstration historique.
C'est un peu court. Oui sans doute, ce passage s'inspire très probablement d'une rumeur, d'une déformation de la réalité, et ne saurait nous faire croire avec certitude d'un quelconque intérêt de Tibère envers la question de Jésus.
Mais il faut garder en tête que les écrits de Tertullien datent des environs de 200 et tout comme Justin sont le fruit d'une spiritualité, d'une idéologie toute particulière, mais surtout profondément structurée, et ce, avant les décisions du concile de Nicée et les oeuvres du fameux Eusèbe, si décrié par les mythistes. Et le fait que la pensée chrétienne était polymorphe tout à travers le bassin méditerranéen, à cette époque, n'y change rien. La religion de Tertullien n'est pas le délire d'un seul homme mais la conséquence d'un évènement religieux d'une certaine ampleur, qui s'est vraisemblablement déclanché près de 150 ans -seulement!- avant ces oeuvres.
Il ne peut pas y avoir d’éclipse à Pâques car cette fête a lieu à la pleine lune.
Votre argument m'étonne. Le fait relaté dans l'évangile n'est pas du tout une éclipse, mais un phénomène surnaturel. C'est aussi à cette "explication" que s'oppose le dénommé Jules l'Africain. On pourrait ironiser que du coup, ...vous êtes d'accord avec ce dernier.
Mais si vous me le permettez, ce témoignage a peu d'intérêt pour le chrétien, aujourd'hui. D'une part, comme vous auriez pu l'avancer vous même, c'est une "citation de 3eme génération", si j'ose dire. La source première est totalement perdue, et, noyée dans la ferveur religieuse de l'époque, sa citation manque peut-être d'objectivité.
Mais surtout, toutes les manifestations extraordinaires entourant le moment de la mort de Jésus dans les évangiles ne sont guère considérés aujourd'hui comme des faits réels. Il ne faudrait pas penser que tous les chrétiens prennent le moindre verset de chaque évangile comme un fait pouvant s'inscrire dans l'Histoire.
C’est le faux le plus célèbre. Mais cette référence à Josèphe n’apparaît qu’au IVè siècle sous la plume d’Eusèbe de Césarée. Si Josèphe avait parlé de Jésus, bien des Pères s’y seraient référés dès le IIème siècle.
Bien sûr ce texte porte à débat et doit être traîté avec beaucoup de précautions.Mais fidèle à votre style et à votre idée fixe, vous faites preuve de bien peu de nuances.Vous le connaissez sans doute, mais j'invite le lecteur, qui se sentirait intéressé par l'affaire, à suivre ce lien :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Testimonium_Flavianum
On peut y lire dans un certain détail les différentes positions tenues sur ce texte et qui ne manquent pas, chacune, d'arguments à méditer.
Certes, l'absence de référence à ce passage chez les auteurs antérieurs à Eusèbe de Césarée (encore lui!) est marquante.
Mais d'une part vous omettez la référence faite par Origène, donc un siècle avant, à l'autre passage parlant de Jésus. Il fait débat lui aussi, mais laisse entendre cependant une communauté chrétienne dès cette époque. Il y a , (on peut le souligner quand même) matière à douter de l'interpolation de ce passage.(CF
http://www.ebior.org/Vie-de-Jesus/Josephe.htm)...
D'autre part, vous dites que bien des Pères de l'Eglise se seraient référés à ce passage s'il avait existé avant les manipulations d'Eusèbe et autre "trafiquants de vérités", si j'ose traduire ainsi votre pensée. Mais je ne suis pas d'accord avec vous:
Tout d'abord, vous constaterez avec moi que les documents cités par les Pères de l'Eglise pour défendre leur Foi ne les utilisent que rarement pour prouver l'existence de Jésus, mais sa messianité, ou bien le martyr des premiers "chrétiens". Origène disait lui-même que Josèphe ne croyait pas au Christ (ce qui semble témoigner en effet en faveur d'une retouche au moins partielle du texte) : quel intérêt représentait ce passage? On pourrait considérer normal qu'Eusèbe, lui, le cite dans son récit "historique".
JC n’a jamais été roi. Ce passage fait allusion à Antigone II Mattathias.
Pardonnez-moi; là je ne comprends pas votre argument. La lettre émane à l'évidence d'un amateur de la sagesse qui n'y connaît pas grand chose au christianisme. C'est vrai, "roi sage" est une dénomination bien vague et l'intérêt du témoignage en est fortement diminué mais Jésus était censé avoir été crucifié sous l'étiquette "roi des juifs"; il était considéré comme messie donc héritier de la prééminence de la fonction royale. L'amalgame chez un étranger de l'époque, sur ce point, est tout à fait plausible.
Par ailleurs, bien que vous disposiez peut-être de sources plus complètes, je ne vois pas en quoi la mort d'Antigone Mattathias peut être considérée comme celle d'un roi exécuté par les Juifs.N'a-t-il pas été décapité par les Romains? (CF
http://fr.wikipedia.org/wiki/Antigone_II)
Le passage ne porte pas « christus » mais « chrestos » qui est un nom d’esclave que l’on trouve sur des centaines de tombes.
Mais même en lisant « christos », cela veut dire « messie ». Or tous les Juifs attendaient le Messie. Donc cela ne prouve pas l’existence d’un messie Jésus.
Eh bien vous m'avez appris quelquechose.
Je suis tombé sur cet article :
http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_ori ... etiens.asp , qui fait état, cependant, d'un glissement de sens du mot "christiani", de "messianisants" sous Claude, à "chrétiens" sous Néron...
Ceci par contre est un faux manifeste : Suétone rapporte les faits en les classant par importance. Il ne peut donc avoir mis cela entre deux mesures sur les plats cuisinés et les courses de chars :
Oui, ce passage est un peu étrange, mais en quoi est-ce manifestement un faux? Si Suétone ne pouvait avoir écrit ce "détail" sur les supplices des chrétiens, entre la cuisine et les courses de chars, pourquoi un tricheur chrétien le ferait? ça n'a pas de sens non plus.
C’est donc un faux. Et pour que le terme de « chrétien » ne puisse désigner que les adeptes de Jésus à l’exception de tous les autres messies, il faut attendre la fin de l’agitation messianique juive, c'est-à-dire après l’écrasement de Bar Kochba par Hadrien en 138.
Vous omettez le fait que dans le même chapitre de Suétone, celui-ci parle des "christiani" en tant que "race adonnée à une superstition nouvelle et coupable". Il ne s'agit, semble-t-il, plus tout à fait des mêmes "christiani". Ils ont une superstition qui est "nouvelle" à l'époque de Néron. reportez-vous au ien que je vous ai indiqué à ce sujet, il est, me semble-t-il, assez éclairant.
Même remarque pour le mot « chrétien ». De plus, ces Annales apparaissent à la fin du Moyen Age. Même l’historien ecclésiastique Eusèbe de Césarée n’a jamais entendu parler de cette persécution massive de chrétiens sous Néron.
Je ne suis pas parvenu à me rendre compte si la personnalité étrange de Néron, un incendie criminel ou non, une rumeur, auraient -ou non- amené peut-être à la falsification des textes de Tacite. J'ai cru comprendre que cet incendie était répertorié ici et là, par dion Cassius, Pline l'ancien, le fameux Suétone...
Enfin, en ce qui concerne une "répression massive de chrétiens sous Néron", sans toutefois mentionner un incendie, Eusèbe y consacre tout de même le chapitre 25 de son histoire ecclésiastique.
Cette correspondance de Pline et de Trajan apparaît également à la fin du Moyen Age. Tertullien affirme l’existence de cette lettre mais ne sait pas où Pline a été gouverneur et ne dit pas comment il a eu accès à la correspondance impériale. Eusèbe de Césarée ne sait rien de plus que Tertullien. Il ne dit pas que Pline a été gouverneur de Bithynie alors que si Pline avait persécuté des chrétiens dans le coin, les églises locales en auraient gardé la tradition. Et dans ce cas, Eusèbe, présent au concile de Nicée en Bithynie, en aurait entendu parler.
De plus, l’évêque Sidoine Apollinaire écrit au Vème siècle que Pline a publié neuf livres de correspondance. Il n’a jamais entendu parler de ce Xème volume.
Peut-ëtre...Nous arrivons ici à un débat, à mon sens très compliqué, avec des arguments étriqués, pour défendre ou attaquer un texte qui ne prouve pas grand chose de toute façon, à part des choses qui sont de toutes façons bien probables : au début du IIe siècle se répandait une nouvelle secte dite chrétienne, mêlée de près ou de loin à des troubles populaires dans l'empire, et les romains se devaient de statuer à leur égard. Bon. quoi de neuf?
quoi qu'il en soit, le débat semble ne pas s'arrêter à ce que vous aavancez. Je lis ceci sur wikipédia :
"Cette correspondance était longtemps considérée être un faux médiéval : Sidoine Apollinaire (430-486) dit expressément dans sa correspondance que Pline a publié neuf volumes de lettres (celle de Pline et de Trajan étant censé être le dixième livre de ce recueil). Cependant des études plus récentes laissent peu de doute au sujet de l'authenticité de cette correspondance (cf. les commentaires de Marcel Durby dans l'édition Les Belles Lettres)"
(
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trajan )
Ce texte prouve l’existence de chrétiens à la fin du second siècle et non l’existence de JC au premier siècle.
Même remarque que pour Lucien de Samosate.
Tout à fait d'accord. A ceci près que si Jésus n'avait pas existé, ne pensez-vous pas que la rumeur s'en fût répandue bien vite, non seulement chez ses détracteurs, mais dans l'ensemble des lieux cités par les Evangiles(en premier lieu, Jérusalem)? Et des hommes comme Lucien de S. et Celse n'en auraient rien dit? Etrange.